Après des semaines d'atermoiements, l'homme d'affaires septuagénaire tient ainsi une de ses promesses de campagne au nom de la défense des emplois américains. Donald Trump s'était engagé à abandonner un accord multilatéral scellé fin 2015 dans la capitale française et voulu par son prédécesseur Barack Obama, et visant à limiter la hausse de la température moyenne mondiale.
"Afin de remplir mon devoir solennel de protection de l'Amérique et de ses citoyens, les Etats-Unis se retireront de l'accord de Paris sur le climat", a annoncé Donald Trump depuis la roseraie de la Maison Blanche, sous les applaudissements. Il a martelé qu'il ne "voulait rien qui puisse se mettre en travers" de son action pour redresser l'économie de la première puissance mondiale. Mais le président républicain a aussi assuré que son pays était prêt à négocier un nouvel accord climat.
Barack Obama aussitôt jugé dans un communiqué que son successeur "rejetait l'avenir". M. Trump a toutefois hésité pendant de longues semaines et de nombreuses voix, sur la scène internationale (Chine et UE en tête), dans le monde des affaires et au sein même de son administration, l'ont appelé à revoir sa position, rappelant ces derniers jours l'urgence d'agir face au réchauffement en cours. Cet accord est "essentiel", avait martelé jeudi la chancelière allemande Angela Merkel depuis Berlin, à quelques heures de l'annonce de M. Trump.
Les Etats-Unis sont le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre, derrière la Chine. La portée de cette décision va aller bien au-delà de la question climatique; elle donne une indication sur la place que les Etats-Unis version Donald Trump entendent occuper sur la scène internationale dans les années à venir. Pour Mitt Romney, candidat républicain à la Maison Blanche en 2012, c'est "la place de l'Amérique comme leader mondial" qui est aussi en jeu.
Dans une tribune publiée mercredi dans le Wall Street Journal, deux des principaux conseillers du président, le général H.R. McMaster et Gary Cohn assuraient, en référence au slogan de campagne de l'exubérant homme d'affaires, que "L'Amérique d'abord" ne voulait pas dire "L'Amérique seule".
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Un retrait de l'accord de Paris place cependant les Etats-Unis dans une position inconfortable sur la scène internationale. Avant l'allocution présidentielle, la Chine et l'Union européenne étaient montées au créneau pour défendre l'accord qui vise à contenir la hausse de la température moyenne mondiale "bien en deçà" de 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle.
Depuis Berlin, où il a rencontré la chancelière allemande Angela Merkel, le chef du gouvernement chinois Li Keqiang a assuré que son pays tiendrait ses engagements. "Mais bien sûr, nous espérons aussi le faire avec la coopération des autres", a-t-il pris soin d'ajouter.
Pékin a été, avec l'administration américaine de Barack Obama, l'un des principaux artisans de cet accord sans précédent. Les responsables de l'Union européenne ont adopté un ton moins diplomatique. Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait jugé un retrait inacceptable. "Je suis un partisan de la relation transatlantique mais (...) dans un texte de loi et dans les accords internationaux, tout ne relève pas des informations bidons", a-t-il lancé dans une allusion aux accusations récurrentes de Donald Trump contre les "fake news".
La question a profondément divisé le sommet du G7 qui vient de s'achever en Italie, tous ses participants, à l'exception du président américain, ayant réaffirmé leur engagement envers ce texte. L'objectif des Etats-Unis, fixé par l'administration Obama, est une réduction de 26% à 28% de leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2025 par rapport à 2005.
Le président démocrate, qui avait fait du climat l'une des priorités de ses deux mandats, mettait régulièrement en avant la "course contre la montre" dans laquelle la communauté internationale est engagée pour tenter de limiter les effets les plus dévastateurs des bouleversements climatiques en cours.
La position même de Donald Trump sur le changement climatique, qu'il a par le passé qualifié de "canular", reste entourée du plus grand flou. Le président de la première puissance mondiale croit-il à l'impact des activités humaines sur le réchauffement en cours, sujet qui fait l'objet d'un très large consensus scientifique ? "Je ne peux le dire, je ne lui ai pas demandé", avait répondu cette semaine son porte-parole sans sourciller.