Terrorisme. Les Parisiens se forment à se rendre utiles en cas d’attaque

Le360

Marielle Tyranowicz vacille sur ses hauts talons. Elle s'entraîne à tirer hors de danger un ami blessé, avant d'apprendre à arrêter une hémorragie. Encore traumatisés par les attentats meurtriers de novembre, les Parisiens se préparent à de possibles nouvelles attaques.

Le 25/01/2016 à 09h43

Pour cette avocate de 30 ans, le prochain attentat dans la capitale française, ce n'est qu'une question de temps. Un avis très partagé depuis que des jihadistes ont visé le 13 novembre des lieux de vie nocturne parisiens, faisant 130 morts et des centaines de blessés.

"Ca va arriver de plus en plus. Que ce soit des attentats de masse ou des gens qui vont individuellement attaquer ou commettre des fusillades...", déclare-t-elle à l'AFP, expliquant ainsi sa décision de suivre une formation spéciale aux premiers secours.

En novembre, la sidération avait paralysé nombre de Parisiens, les laissant démunis face aux situations d'urgence. Depuis, nombre d'entre eux ont décidé d'apprendre à se rendre utiles.

Certains ont choisi de s'entraîner à faire des massages cardiaques à des mannequins, tandis que 400 ingénieurs, experts informatiques et graphistes ont participé à un "hackaton", un concours d'idées pour trouver des solutions innovantes dans la gestion de crise.

Parmi les idées exprimées: une messagerie vocale pour laquelle le bruit ambiant, le niveau de stress dans la voix et d'autres indicateurs permettraient aux secours de classer les appels par ordre de priorité.

Mais aussi un système de SMS automatiques pour ne pas bloquer de standardistes au téléphone, des moyens pour lutter contre la propagation de fausses rumeurs pendant un attentat.

Des minutes cruciales

Ce "hackaton" a été imaginé par l'homme d'affaires et designer web Jean-François Pillou. "Des start-ups révolutionnent des industries, pourquoi pas la lutte contre le terrorisme?", s'est-il demandé dans un post, partagé plus de 100.000 fois sur Facebook la semaine suivant les attentats.

"C'est une première mondiale, c'est la première fois que les pouvoirs publics, et surtout la police, acceptent de demander au grand public de l'aide... Pour certains, c'est accepter qu'ils ne connaissent pas toutes les solutions", indique-t-il à l'AFP.

Dans la caserne parisienne où Marielle Tyranowicz suit son apprentissage aux premiers secours, les pompiers espèrent former, dans une première étape, 8.000 personnes à des simples gestes qui peuvent sauver des vies.

Le cours s'ouvre avec une vidéo au scénario devenu familier: des hommes armés ont tiré sur la terrasse d'un café. Des victimes sont à terre, s'agitant dans leur propre sang, au milieu de tables et de chaises.

Une femme passe de victime en victime, estimant ce qu'elle peut faire: l'une est dégagée de sous une table, une autre est morte - on ne peut plus rien pour elle -, une autre encore a besoin d'un garrot.

L'idée est d'enseigner aux passants les compétences nécessaires pour apporter leur aide dans les minutes cruciales qui précèdent l'arrivée des secours.

"Si vous ne faites rien, la personne va mourir. Si vous faites quelque chose, même mal, vous lui laissez encore une chance", affirme le général Philippe Boutinaud, à l'origine de la formation.

Les stagiaires apprennent rapidement à compresser une blessure, mais aussi que "dans une situation où les victimes sont nombreuses, comme lors d'un attentat", où d'autres blessés peuvent avoir besoin d'assistance, il est préférable de poser un garrot pour stopper l'hémorragie.

"Utilisez ce que vous avez sous la main, une écharpe, un bout de tissu", explique l'instructeur, Guillaume Meriotte. "Et cela s'applique même pour vous, si vous avez pris une balle ou un coup de couteau."

Pour la maire de Paris, Anne Hidalgo, ces cours comme le "hackaton" montrent une "très large volonté des Parisiens à s'engager" dans leur communauté. "Notre société est toujours là, debout, et elle ne se laissera pas atteindre par des terroristes."

Le 25/01/2016 à 09h43