Syrie: le nouveau pouvoir annonce un accord avec les groupes armés pour leur dissolution

Le nouveau dirigeant syrien Ahmad al-Charaa lors de sa rencontre avec les chefs des différents groupes armés à Damas, le 24 décembre 2024.

Les nouvelles autorités syriennes ont annoncé la conclusion d’un accord avec les groupes armés pour leur dissolution et leur future intégration au ministère de la Défense. Cet accord ne concerne cependant pas les puissantes Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, qui contrôlent de vastes territoires dans le nord-est du pays.

Le 25/12/2024 à 07h57

«Une réunion des chefs des groupes» armés avec le nouveau dirigeant de la Syrie Ahmad al-Sharaa «a abouti à un accord sur la dissolution de tous les groupes et leur intégration sous la tutelle du ministère de la Défense», ont indiqué les nouvelles autorités sur leur compte Telegram.

L’annonce intervient plus de deux semaines après la prise du pouvoir le 8 décembre par une coalition armée conduite par le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS). Des photos publiées par l’agence officielle Sana et le compte Telegram des autorités montrent Ahmad al-Sharaa entouré des chefs de plusieurs factions armées, pour la plupart des groupes islamistes.

Ce dernier avait affirmé dimanche qu’il ne «permettrait absolument pas que des armes échappent au contrôle de l’État», précisant que cette décision s’appliquerait également aux «factions présentes dans la zone des FDS». Les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes et appuyées par les États-Unis, contrôlent de vastes territoires dans le nord-est du pays.

«Discussions» directes?

Interrogé par l’AFP, leur porte-parole, Farhad Chami, a affirmé que «la question de l’adhésion des FDS à l’armée syrienne doit être discutée directement» entre leur commandement et Damas, «loin de la domination des puissances régionales et de leur tutelle sur la décision syrienne». La Turquie, très proche des nouvelles autorités en place à Damas, considère les FDS comme une extension de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, kurde turc).

«Les FDS pourraient être le noyau de l’armée syrienne et ce serait un facteur de force pour toute la Syrie», a ajouté Farhad Chami, assurant que ses forces «préfèrent le dialogue avec Damas pour résoudre toutes les questions» en suspens.

Combats près de Manbij

Le chef militaire de HTS, Mourhaf Abou Qasra, connu sous son nom de guerre d’Abou Hassan al-Hamwi, avait déclaré à l’AFP la semaine dernière que «la prochaine étape» après la prise du pouvoir serait la dissolution des factions armées, à commencer par la sienne, pour les fondre au sein de la future institution militaire. Il a affirmé que le nouveau pouvoir voulait étendre son autorité sur les zones du nord-est de la Syrie, contrôlées par l’administration kurde semi-autonome.

Depuis fin novembre, les combattants kurdes font face à une offensive de groupes armés syriens proturcs dans le nord-est de la Syrie, qui ont pris le contrôle de l’enclave stratégique de Tal Rifaat (nord) et de Manbij (nord-est), zone à majorité arabe. Dans un communiqué mardi, les FDS ont fait état de «violents combats» à l’est de la ville de Manbij ayant fait 16 morts dans leurs rangs, sans préciser quand les combattants avaient été tués.

Les Kurdes avaient profité de l’affaiblissement du pouvoir central de Bachar al-Assad avec la guerre en Syrie, déclenchée en 2011, pour proclamer une «région autonome» dans le nord, s’attirant l’hostilité de la Turquie voisine.

«Mise en garde» adressée à Téhéran

Treize ans de guerre ont fait plus d’un demi-million de morts et morcelé le vaste pays en zones d’influence contrôlées par différents belligérants soutenus par des puissances régionales et internationales.

Ces derniers jours plusieurs délégations, notamment occidentales et arabes, se sont rendues à Damas pour rencontrer les nouveaux dirigeants qui cherchent à établir un nouvel équilibre diplomatique -le pouvoir d’Assad ayant été surtout étroitement lié à la Russie et à l’Iran.

Evoquant de récentes «déclarations» iraniennes sans toutefois les identifier, le chef de la diplomatie syrienne Assaad Hassan al-Chibani a «mis en garde» Téhéran mardi soir sur X contre «la propagation du chaos» en Syrie, appelant l’Iran à respecter la souveraineté syrienne.

Lundi, affirmant ne «pas avoir de contact direct» avec les nouveaux dirigeants syriens, la diplomatie iranienne a appelé la Syrie à ne pas «devenir un repaire pour le terrorisme», tout en appelant à «préserver la souveraineté et l’intégrité» du pays.

Par Le360 (avec AFP)
Le 25/12/2024 à 07h57