Dans un contexte international très tendu, de nouveaux efforts diplomatiques se déploient pour tenter d'avancer vers une solution de la crise syrienne.
L'armée du président Bachar al-Assad a annoncé avoir décidé une réduction des bombardements à la suite de l'avancée des forces prorégime dans les quartiers d'Alep tenus par les insurgés, situés dans l'est de la grande ville du nord de la Syrie et où vivent environ encore 250.000 personnes.
"Après les succès de nos forces armées à Alep (...), le commandement a décidé de diminuer le nombre de bombardements aériens et d'artillerie sur les positions des terroristes", a déclaré l'armée dans un communiqué cités par les médias officiels. Le régime désigne par le terme de "terroristes" l'ensemble des groupes rebelles.
La décision a aussi été prise "pour permettre aux civils qui veulent partir d'atteindre des zones sûres", a indiqué l'armée. Selon le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, "des forces du régime syrien ont progressé du centre d'Alep vers Bustan al-Basha, un quartier du nord de la ville tenu par les rebelles".
"Il y a des combats intenses mais pas de frappes aériennes, celles-ci se concentrant sur les limites sud de la ville d'Alep", a-t-il déclaré. Les forces prorégime ont progressé dans le centre, dans le nord et dans le sud de l'ancienne capitale économique de la Syrie.
Depuis l'annonce le 22 septembre par l'armée de l'offensive pour reprendre les quartiers d'Alep tenus par les rebelles, de très violents bombardements ont tué 270 civils, selon l'OSDH, et détruit des infrastructures civiles dont le principal hôpital. Cette offensive a été sévèrement critiquée par les Occidentaux, qui en rendent la Russie responsable et évoquent des "crimes de guerre".
Projet de résolution Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault se rend à Moscou jeudi puis à Washington vendredi pour pousser un projet de résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur un nouveau cessez-le-feu à Alep. M. Ayrault entend dire aux responsables russes que la situation à Alep est "choquante et honteuse", qu'"elle ne peut pas continuer" et qu'"il faut arrêter le massacre".
La violence de l'assaut sur Alep avait amené Washington à annoncer lundi l'interruption de ses discussions avec Moscou sur le rétablissement d'un cessez-le-feu. Toutefois, le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se sont entretenus par téléphone mercredi à propos de la Syrie. La conversation, relatée par l'agence de presse officielle russe TASS, a été confirmée par le département d'Etat.
Les responsables américains se sont efforcés d'expliquer que ce contact, intervenu à la demande de M. Kerry, ne marquait pas un virage à 180 degrés de la diplomatie américaine et que les "pourparlers bilatéraux" restaient suspendus. "Les contacts persistent", a déclaré Mark Toner, porte-parole du département d'Etat.
Russes et Américains travaillaient depuis plusieurs mois à tenter de trouver une solution à la guerre en Syrie, où le conflit a tué plus de 300.000 personnes depuis 2011 et entraîné la pire crise humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale.
Les deux puissances avaient notamment initié le mois dernier une trêve qui a échoué au bout d'une semaine et n'a pas permis la distribution d'aide humanitaire à Alep-est. La France a confirmé mercredi son intention de déposer d'ici la fin de la semaine un projet de résolution à l'ONU.
Les quinze membres du Conseil de sécurité étudient depuis lundi ce projet français, qui appelle à rétablir un cessez-le-feu à Alep afin de permettre un accès humanitaire aux quartiers rebelles et à interrompre les survols de la ville par des appareils militaires. Les cinq membres permanents, qui ont droit de veto, ont déjà discuté de la proposition française. La Russie a dit ne pas soutenir ce projet qu'elle considère comme "politisé".
Zones assiégées Moscou a annoncé mercredi un renforcement de son dispositif naval en Méditerranée, où son seul porte-avions devrait en outre arriver courant octobre.
L'ONU a officiellement classé mercredi comme "zone assiégée" les quartiers d'Alep contrôlés par les rebelles car ils réunissent trois critères: encerclement militaire, manque d'accès pour l'aide humanitaire et pas de liberté de déplacement pour les civils.
La Syrie compte 18 "zones assiégées", dans lesquelles vivent environ 850.000 personnes d'après les Nations unies.