Syrie: des chancelleries étrangères prennent langue avec le nouveau pouvoir

L'envoyé spécial de l'ONU Geir Pedersen lors de sa rencontre avec le chef de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Abou Mohammed al-Jolani, à Damas, le 15 décembre 2024.

Initialement réservées, les chancelleries étrangères intensifient désormais leurs initiatives pour nouer un dialogue avec les nouvelles autorités syriennes, quelques jours après la chute de Bachar al-Assad.

Le 16/12/2024 à 07h18

Au départ prudentes, les chancelleries étrangères multiplient les démarches pour établir un contact avec le nouveau pouvoir en Syrie, une semaine après la chute de Bachar al-Assad.

En visite en Syrie, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen, a rencontré Abou Mouhammad al-Jolani, chef du groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), à la tête de la coalition de groupes rebelles au pouvoir, a annoncé cette dernière sur sa chaîne Telegram. «Nous devons veiller à ce que la Syrie reçoive une aide humanitaire immédiate accrue pour la population et pour tous les réfugiés qui souhaitent rentrer», a déclaré plus tôt dans la journée l’envoyé onusien.

Plusieurs pays et organisations avaient salué la chute d’Assad, disant cependant attendre de voir comment les nouvelles autorités, musulmanes sunnites, allaient traiter les minorités du pays multiethnique et multiconfessionnel. HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, affirme avoir rompu avec le jihadisme mais reste classé «terroriste» par plusieurs capitales occidentales, dont Washington.

Entretemps, plusieurs ont annoncé avoir établi un contact avec elles. Après Washington samedi, le Royaume-Uni, par la voix de son chef de la diplomatie David Lammy, a annoncé dimanche avoir établi des «contacts diplomatiques» avec HTS.

«Premiers contacts»

De son côté, la France a annoncé l’envoi d’une mission diplomatique mardi 17 décembre à Damas pour «établir de premiers contacts» avec les nouvelles autorités. Le Qatar va de son côté rouvrir mardi son ambassade en Syrie, après l’arrivée dimanche dans le pays d’une délégation qui a rencontré les nouvelles autorités.

La Turquie, acteur majeur dans le conflit en Syrie et soutien des nouvelles autorités, avait déjà rouvert samedi son ambassade à Damas après plus de 12 ans de fermeture. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pour sa part annoncé vouloir fournir à titre humanitaire à la Syrie des céréales et d’autres produits agricoles.

Le nouveau Premier ministre chargé de la transition, Mohammad al-Bachir, a promis de «garantir les droits de tous», alors que les Syriens tentent de reprendre leur vie normale. Dimanche, une partie des élèves ont repris le chemin de l’école dans la capitale, où les universités ont également rouvert leurs portes. Commerces et entreprises ont aussi rouvert. Et la messe du dimanche a été célébrée à la cathédrale Notre-Dame de la Dormition à Damas, en présence de nombreux fidèles.

Chaque jour qui passe depuis la chute de Bachar al-Assad donne lieu à des découvertes macabres, témoignage des pires exactions du pouvoir déchu. À la morgue de l’hôpital al-Moujtahed de Damas, des habitants ont afflué après que des combattants de HTS ont ramené 35 corps, dont 21 ont déjà été identifiés par leurs familles.

Engagements du nouveau pouvoir

Voisine de la Syrie, la Turquie s’est dite «prête» à fournir de l’aide militaire si le nouveau gouvernement syrien le lui demande, selon son ministre de la Défense, Yasar Güler. Ce dernier a en outre affirmé que les nouvelles autorités s’étaient engagées à «respecter toutes les institutions gouvernementales, l’ONU et les autres organisations internationales», et promis de signaler toute trace d’arme chimique à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.

Autre voisin de la Syrie, Israël a approuvé dimanche un projet visant à doubler la population dans la partie du Golan syrien annexée, mais dit n’avoir aucun intérêt à entrer en conflit avec la Syrie, après avoir pris le contrôle de la zone tampon surveillée par l’ONU séparant les deux pays sur le plateau du Golan.

D’intenses frappes israéliennes ont pourtant ciblé dans la nuit de dimanche à lundi des sites militaires dans la région côtière de Tartous en Syrie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). «Des avions de combat israéliens ont lancé des frappes» sur plusieurs sites, dont des unités de défense aérienne et des «dépôts de missiles sol-sol », selon l’ONG.

Par Le360 (avec AFP)
Le 16/12/2024 à 07h18