Sommet du G7: entre désaccords et promesses, l’impossible unité

Le sommet du G7 en Italie s'est tenu du 13 au 15 juin 2024.

Les dirigeants du G7 se réunissent de dimanche à mardi au Canada, pour la première fois depuis le retour sismique de Donald Trump, et sur fond de craintes d’une escalade hors de contrôle après les frappes israéliennes contre l’Iran.

Le 13/06/2025 à 07h33

Le président américain n’a pas réussi à dissuader son allié israélien de frapper, afin de laisser une chance aux négociations menées à sa demande avec Téhéran sur le programme nucléaire iranien.

Israël a annoncé vendredi avoir mené une première série de «frappes préventives» contre des cibles militaires et nucléaires en Iran, soupçonné de vouloir se doter de l’arme atomique, affirmant que son opération durerait «autant de jours que nécessaire».

Cette attaque intervient au moment où les négociations, entamées à la mi-avril entre les États-Unis et la République islamique sur le nucléaire, sont dans l’impasse. Les craintes d’une frappe imminente d’Israël contre des sites iraniens grandissaient depuis plusieurs jours.

Il s’agit du premier grand sommet auquel participe le président depuis son retour à la Maison Blanche, d’où il a dynamité le consensus entre riches démocraties membres du G7 autour du libre-échange et du soutien à l’Ukraine.

Sa dernière participation à un sommet du G7 au Canada, en juin 2018, avait été explosive.

Juste avant cette réunion organisée au Québec, pendant son premier mandat, il avait réclamé que la Russie – exclue après l’annexion de la Crimée – soit réintégrée au groupe. Puis, irrité par des remarques du Premier ministre canadien d’alors, Justin Trudeau, il avait retiré avec fracas sa signature du communiqué final.

Seule certitude : cela n’arrivera pas à Kananaskis, dans les Rocheuses canadiennes (sud-ouest).

Pas de communiqué final

Les dirigeants de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni s’abstiendront de publier le traditionnel communiqué, cette longue déclaration de bonnes intentions dont chaque virgule est soupesée.

Le Canada, selon une source gouvernementale, préfère des engagements «courts et concrets» sur divers sujets.

Selon des sources gouvernementales allemandes, il sera notamment question d’intelligence artificielle et de protection du climat, alors que le Canada affronte une nouvelle saison de feux de forêt particulièrement intense, notamment dans la province de l’Alberta qui accueille le sommet.

«Le plus important est que nous parvenions, en tant que G7, à envoyer un signal d’unité», martèle-t-on à Berlin. «Ce qu’on en attend d’abord, c’est de pouvoir réaffirmer l’unité du G7», fait savoir la présidence française.

Le pays hôte, prenant acte du fait que les États-Unis «ne sont plus un partenaire fiable», selon une source gouvernementale canadienne, a élargi la rencontre aux dirigeants de pays émergents tels que l’Inde et le Mexique.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est également invité.

Contrairement à ses relations très tendues avec le médiatique Justin Trudeau, le président américain entretient pour l’instant une bonne relation avec le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, dont la personnalité plus réservée contraste. Cela ne l’empêche pas, toutefois, de condamner les droits de douane décidés par Washington et les allusions répétées de Donald Trump à une possible annexion du Canada.

Trump a déjà rencontré individuellement l’allemand Friedrich Merz, le français Emmanuel Macron, l’italienne Giorgia Meloni ou encore le britannique Keir Starmer. Les entrevues ont été cordiales.

Aversion pour le multilatéralisme

Mais l’ancien promoteur immobilier, adepte du rapport de force bilatéral, manifeste une franche aversion pour le dialogue multilatéral.

«Il considère que ces formats sont une contrainte pour l’Amérique», explique Rachel Rizzo, experte au centre de réflexion Atlantic Council.

Le commerce sera au cœur des débats, auxquels se joindra la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Le président américain réserve aux pays européens des attaques très virulentes sur le commerce et l’immigration.

Le 9 juillet, de lourds droits de douane dits «réciproques» doivent frapper les partenaires commerciaux des États-Unis. Mais le gouvernement américain s’est déjà déclaré ouvert à une prolongation du délai.

Canada, Mexique et Chine relèvent d’une offensive séparée.

En plus de tenter de désamorcer cette bombe douanière, les dirigeants européens veulent convaincre Donald Trump d’annoncer de nouvelles sanctions contre Moscou, visant plus précisément les ventes de pétrole russe.

Ils n’auront pas la tâche facile. Jeudi, le président américain s’est dit «déçu» autant par la Russie que par l’Ukraine, en raison de l’échec des négociations sur un cessez-le-feu, amorcées après l’invasion russe de février 2022.

Le ton adopté par le G7 sur cette question annoncera celui du sommet de l’OTAN prévu fin juin aux Pays-Bas — un sommet qui, à n’en pas douter, tournera lui aussi autour de Donald Trump.

Par Le360 (avec AFP)
Le 13/06/2025 à 07h33