La COP30 sur le climat qui se tient à Belem (Brésil) ne se tient pas sous les meilleurs auspices. Le président Trump s’est activé pour saper le sommet des chefs d’État; l’Inde et la Chine sont pratiquement dans ce même registre, ces trois pays étant les grands émetteurs de CO2. Dix ans après l’accord de Paris, quel bilan? À cette date pas moins de 195 pays avaient signé cet accord sur le climat, le premier traité international de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il y avait alors de l’euphorie. Il avait pour objectif de réduire le réchauffement climatique «nettement au-dessous de 2°C par rapport aux niveaux pré-industriels». Il était également prévu de «poursuivre l’action menée» pour ne pas dépasser 1,5°C et d’autres mesures aussi: l’accroissement par les États tous les cinq ans de leurs engagements de réduction des émissions, une aide financière de 100 milliards de dollars aux pays en développement, principales victimes des aléas climatiques.
Qu’en est-il aujourd’hui de toutes ces promesses? L’essor d’une économie bas carbone reste problématique: les émissions de gaz à effet de serre progressent encore; la limite de +1,5°C est désormais hors d’atteinte. Le réchauffement climatique d’origine humaine ne cesse de s’accélérer à un rythme sans précédent; les dix dernières années (2015-2024) ont été les plus chaudes jamais enregistrées; et, en particulier, l’année 2024 a dépassé pour la première fois ce seuil de 1,5°C. L’accord de Paris a réduit le réchauffement qui reste encore trop élevé. Selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), les politiques des pays conduisent la planète vers un scénario à 2,8°C de réchauffement d’ici à 2050.
Cette surchauffe pourrait être moindre si les États tiennent leurs engagements pour 2035, avec 2,3°C voire moins même s’ils respectent aussi leurs engagements de neutralité carbone. Un dixième de degré en moins sauve des millions de vies; il réduit aussi la probabilité et l’intensité des évènements extrêmes (canicules, sécheresses, inondations, etc.). La trajectoire de réchauffement reste encore trop élevée. Les émissions de CO2 continuent d’augmenter; si elle se confirme les conséquences seront des morts, des disparitions d’espèces, des pénuries d’eau, la malnutrition ou encore des migrations exacerbées. Les émissions des émissions (77%) sont générées par les puissances du G20, notamment la Chine (27% des rejets mondiaux), les États-Unis (10%), l’Inde (8%). Et tant que les émissions seront à la hausse, les concentrations en gaz à effet de serre dans l’atmosphère ne cesseront pas d’augmenter. Au total, dans le cadre d’action climatique généralisé, l’accord de Paris est resté la boussole: il a transformé les politiques climatiques nationales malgré un contexte géopolitique tendu. Il a ainsi donné un élan à la transition vers des systèmes énergétiques propres. Les énergies renouvelables ont vu leur coût fortement chuter, les rendant en moyenne moins chères que les fossiles. Le solaire, l’éolien et l’hydroélectricité ont généré, avec le nucléaire, plus de 40% de la production mondiale d’électricité en 2024; ils ont répondu à cet égard à près de 70% de la hausse de la demande depuis dix ans. Mais si les énergies renouvelables se sont rapidement déployées, elles s’ajoutent cependant aux énergies fossiles au lieu de les remplacer. Le charbon, le pétrole et le gaz représentent toujours 80% du mix énergétique mondial, comme en 2015. La raison? La hausse de la demande qui dépasse la croissance des renouvelables.
Par ailleurs, il faut relever ce fait: la finance climatique reste encore insuffisante. À la COP29 de 2024, les pays développés s’étaient engagés à verser 300 milliards de dollars par an aux pays en voie de développement pour financer leur transition climatique à l’horizon 2035. Selon des ONG (Oxfam et CARE), l’enveloppe versée par le Nord est trois fois inférieure à ce qui est déclaré. De plus, elle est surtout constituée de prêts et non de dons, aggravant la dette des pays du Sud. Le gros problème à l’ordre du jour de la COP30 regarde la position des États Unis qui se gardent de toute participation de premier plan au rendez-vous de Belem. Le président Trump s’est retiré comme en 2020, dès le début de son second mandat, de l’accord de Paris. Un retrait, un désinvestissement donc qui s’accompagne désormais de pression sur les autres pays en les menaçant même de sanctions commerciales pour qu’ils réduisent leurs ambitions.
Le 23 septembre dernier, lors de l’Assemblée générale des Nations unies, il a déclaré que la crise climatique est «la plus grande escroquerie jamais perpétrée dans le monde». Et d’ajouter dans cette même ligne: «Si vous ne prenez pas vos distances avec cette arnaque verte, votre pays échouera». La feuille de route de l’administration Trump est celle-ci: empêcher toute initiative contraire aux intérêts de l’industrie américaine ou aux énergies fossiles, le pays étant devenu le premier producteur de pétrole et de gaz dans le monde. Les discussions de la COP30 regardent également la Chine, devenue, depuis vingt ans, le premier émetteur de gaz à effet de serre avec près d’un tiers à elle seule, des émissions actuelles. Pékin soutient sans doute le multilatéralisme et insiste sur la responsabilité historique des pays occidentaux. Hôte de cette COP30, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a présenté une feuille de route comprenant la sortie des énergies fossiles. Y aura-t-il un engagement à l’issue de cette conférence? Les pays doivent avancer sur la réduction des gaz à effet de serre, sortir des énergies fossiles et mobiliser de grands financements. Une COP confrontée à de fortes contraintes.





