Le président russe Vladimir Poutine, arrivé tôt ce mercredi à Pyongyang, accompagné d’une grand délégation, et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un ont ouvert un sommet bilatéral à Pyongyang, lors duquel ils discuteront du renforcement de leur coopération militaire, contournant les sanctions internationales.
Les deux chef d’État ont «entamé les négociations dans le cadre de leurs délégations», à la résidence officielle Kumsusan, selon l’agence russe RIA Novosti. «Nous apprécions beaucoup votre soutien systématique et permanent de la politique russe, y compris sur le dossier ukrainien», a déclaré le président russe, cité par les agences russes.
Il s’agit de la première visite en Corée du Nord de Vladimir Poutine depuis 24 ans, et de la deuxième rencontre entre les deux hommes en moins d’un an, après le déplacement, en septembre dernier, Kim Jong Un dans l’Extrême-orient russe. Cette visite met en évidence «l’invincibilité et la durabilité» des relations bilatérales, a déclaré l’agence de presse nord-coréenne KCNA mardi.
D’après un document publié mardi par le Kremlin, la Russie envisage de signer un traité de «partenariat stratégique» avec la Corée du Nord. Les deux pays, alliés depuis la fin de la guerre de Corée (1950-1953), se sont rapprochés depuis l’opération militaire russe lancée en Ukraine en 2022.
Les États-Unis et l’Union européenne accusent la Corée du Nord de fournir des armes à la Russie, en violation des sanctions imposées aux deux pays, allégations que Moscou et Pyongyang ont officiellement démenties.
«La Russie a besoin du soutien de la Corée du Nord en matière d’armement en raison de la guerre prolongée en Ukraine, tandis que la Corée du Nord a besoin du soutien de la Russie en matière de nourriture, d’énergie et d’armes de pointe pour alléger la pression des sanctions», a indiqué à l’AFP Koh Yu-hwan, professeur émérite d’études nord-coréennes à l’université de Dongguk.
«La question de l’alliance militaire doit toutefois être considérée séparément de ce qui est annoncé publiquement et de ce qui est réellement discuté lors des réunions entre les deux dirigeants», a-t-il nuancé, ajoutant que Moscou restait prudent et ne voulait pas «brûler complètement les ponts avec des pays comme la Corée du Sud».
Préoccupations américaines et européennes
Américains et Européens s’inquiètent depuis des mois du rapprochement accéléré entre Moscou et Pyongyang. Selon les Occidentaux, la Corée du Nord a puisé dans ses stocks de munitions pour ravitailler la Russie, et le Pentagone a accusé la semaine dernière Moscou d’utiliser des missiles balistiques nord-coréens en Ukraine.
En échange, selon Washington et Séoul, la Russie a fourni à la Corée du Nord son expertise pour son programme de satellites et envoyé de l’aide pour faire face aux pénuries alimentaires du pays. En mars, la Russie avait utilisé son veto au Conseil de sécurité de l’ONU pour mettre fin à la surveillance des violations des sanctions internationales visant la Corée du Nord.
Quelques heures avant l’arrivée de M. Poutine à Pyongyang, «plusieurs dizaines de soldats nord-coréens ont franchi la ligne de démarcation militaire», selon l’état-major sud-coréen, avant de battre en retraite sous les tirs de sommation du Sud. D’après la même source, cette incursion -la deuxième en moins de deux semaines- était accidentelle.