Les Britanniques sont appelés aux urnes la semaine prochaine pour des législatives qui laissent augurer une victoire sans appel des travaillistes, après 14 ans de règne conservateur secoués par le Brexit, les turbulences économiques et les scandales politiques. La vingtaine de points d’avance dont bénéficie le Labour depuis des mois dans les sondages laisse en effet peu de place au suspense pour le scrutin du 4 juillet.
Durant la campagne électorale, le travailliste Keir Starmer, ancien avocat de 61 ans, s’est appliqué à éviter tout faux-pas, semblant même manquer d’audace face au Premier ministre conservateur Rishi Sunak, ancien banquier d’affaires de 44 ans -réputé plus riche que le roi Charles III, dont la campagne fut laborieuse.
Arrivé à la tête du Labour il y a quatre ans, après la débâcle électorale du parti sous la direction du très à gauche Jeremy Corbyn, Keir Starmer a recentré la formation politique. Sérieux voire austère, il promet le «changement» après le «chaos et la division» semés selon lui par les conservateurs, au pouvoir depuis 2010, avec cinq premiers ministres successifs.
Malaise social
Arrivé au pouvoir en octobre 2022, Rishi Sunak a remis de l’ordre, mais a semblé pris au piège de ses promesses, axées sur l’immigration, mais délaissant le grand malaise social que connaît le pays. Surfant sur une légère embellie de la situation économique après une crise du coût de la vie, le chef du gouvernement a fait le pari de convoquer les élections à l’été plutôt qu’à l’automne.
Rishi Sunak a ensuite vu sa campagne virer au calvaire, entre constat de son propre camp que le seul enjeu est tenter de limiter l’ampleur des pertes et scandale de paris frauduleux sur la date de l’élection.
Si la victoire de Keir Starmer ne semble pas faire de doute, certaines inconnues demeurent. Les résultats du parti anti-immigration Reform UK, le plus à droite du spectre politique britannique, et la possible arrivée au Parlement de son chef Nigel Farage, figure de la campagne du Brexit qui a échoué à sept reprises à se faire élire à Westminster, seront particulièrement scrutés.
Enfin dans quel état le parti conservateur sortira-t-il de ce scrutin ? Les sondages les plus pessimistes pour les Tories estiment qu’ils n’auraient plus que quelques dizaines de députés, contre 344 dans le Parlement sortant, dans une Chambre des Communes qui compte 650 sièges.
Rishi Sunak lui-même n’est pas à l’abri de perdre le sien, ce qui ferait de lui le premier chef du gouvernement sortant à perdre sa circonscription. Le même obstacle se dresse dans la course à sa succession pour devenir le prochain chef de l’opposition, car pour nombre de prétendants, conserver son siège est loin d’être acquis.