Reportage. A Houston, la solidarité aide les sinistrés à se relever

Une femme pagaie dans une rue envahie par les eaux à Houston, au Texas, après le passage de l'ouragan Harvey le 30 août 2017.

Une femme pagaie dans une rue envahie par les eaux à Houston, au Texas, après le passage de l'ouragan Harvey le 30 août 2017. . AFP

De nombreux habitants tentent encore de sauver ce qu'ils peuvent dans leurs maisons inondées. Avec, pour beaucoup, un même mot à la bouche: solidarité, dans l'une des villes les plus cosmopolites des Etats-Unis.

Le 02/09/2017 à 09h24

Les embouteillages sont de retour sur les impressionnants échangeurs routiers qui s'entrelacent au coeur de Houston. Mais sous le soleil enfin réapparu, de nombreux habitants tentent encore de sauver ce qu'ils peuvent dans leurs maisons inondées. Avec, pour beaucoup, un même mot à la bouche: solidarité, dans l'une des villes les plus cosmopolites des Etats-Unis. "Entrez!", s'écrie Sarah Obsorne, sans un moment d'hésitation, lorsque elle ouvre vendredi sa maison en briques rouges, drapeau américain planté sur un arbre à l'entrée.

Marteaux en main, masques anti-poussière autour du cou: à sa porte se tiennent quatre jeunes hommes, qui se présentent comme membres de la plus vieille organisation musulmane américaine, Ahmadiyya, de la minorité Ahmadie. Depuis que l'ouragan Harvey et des pluies diluviennes ont frappé le Texas une semaine auparavant, provoquant des inondations monstre dans cette ville du sud des Etats-Unis, les jeunes de l'organisation - qui compte quelque 700 membres à Houston sur 5.000 dans tous les Etats-Unis - s'organisent pour aider les sinistrés.

Tunique longue sur son jean, casquette et baskets fluo, Rahman Nasir, dynamique porte-parole de sa branche jeunesse, Ahmadiyya Muslim Youth Association, explique qu'au plus fort des inondations qui ont paralysé la quatrième ville américaine, avec 2,3 millions d'habitants, ses membres ont secouru en bateau une vingtaine de familles. Depuis que l'eau a commencé à reculer, en milieu de semaine, ils ont aidé entre 20 et 30 foyers à déblayer leurs maisons.

Chez Sarah et Robert Osborne, ils tapent sur les bas des murs encore gorgés d'eau, cassant la structure en bois pour en sortir la laine de verre. Chargeant le tout sur une brouette, les jeunes se relaient pour aller verser les déblais sur le trottoir du quartier d'ordinaire pimpant de Westbury, dans le sud-ouest de Houston.

Meubles cassés, bouts de moquettes, miroirs brisés ou peluche abandonnée jonchent les pelouses bordant ses pavillons. Et partout, la même scène se répète: voisins, proches ou volontaires inconnus aident à transporter les encombrants, à sécher ce qui est encore récupérable et à balayer les gravats.

"C'est l'esprit de cette ville, tout le monde aide tout le monde, sans se soucier de la couleur de la peau, d'où l'on vient ou de la religion", estime Sarah Obsorne.

"Il y a ce stéréotype sur le Texas qui veut que nous soyons des racistes, blancs, anti-musulmans ou anti-homosexuels, ou juste anti-tout, fous de la Bible et des armes, et ça ne pourrait pas être plus loin de la vérité à Houston parce que la ville est vraiment cosmopolite", renchérit son époux, Robert Osborne.

Rahman Nasir acquiesce: "Si on devait croire tout ce qu'on entend à la télévision, on pourrait penser que quand je vais chez ces gens et que la première chose que je dis, c'est qu'on est un groupe de musulmans voulant aider leurs voisins, je me fais claquer la porte au nez. Mais en réalité ils nous ouvrent leurs portes", raconte cet étudiant de 23 ans, qui a grandi à Houston.

Derrière les effusions de solidarité, les traumatismes sont toutefois encore perceptibles dans le quartier.

Emue en tombant sur des dessins de son fils accrochés dans un placard bon à jeter, Kelsey Johnson confie vouloir quitter la maison qu'elle partage avec son époux DeAndre Johnson et leurs deux enfants, non loin de chez les Osborne.

"La force avec laquelle Houston a été frappée... j'ai l'impression que ça dépasse beaucoup de gens", témoigne à quelques maisons de là Tom Cosgrove, employé de l'immobilier de 32 ans. Il est arrivé le matin même depuis Austin, à quelque 270 kilomètres, pour aider sa tante. "On ne s'attendait pas à ce que ce soit aussi dur, on ne s'attendait pas à ce que ça frappe autant de gens".

Derrière lui, sa tante, Lisa Plack, 54 ans, frotte des plats en métal dans une bassine près des fauteuils et canapés encore humides trônant sur la pelouse. "On est vraiment épuisés", reconnaît cette employé du secteur pétrolier. "Mais de voir que les gens s'entraident, ça fait vraiment du bien", poursuit-elle. "On n'entend que des mauvaises choses dans les médias: +ce groupe hait celui-là+. Mais en fait, on se rend compte que personne ne hait personne. Tout le monde s'entraide."

Le 02/09/2017 à 09h24