Selon le tout récent «Rapport européen sur les drogues 2016», publié par l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (84 pages), «l’Europe est aussi une région productrice de cannabis et de drogues de synthèse, le cannabis étant essentiellement produit pour la consommation locale, tandis que certaines drogues de synthèse sont fabriquées en vue d’être exportées vers d’autres parties du monde».
Publié à un moment important pour l’élaboration de politiques antidrogues en Europe et à l’échelle internationale, ce rapport attire une fois encore l’attention sur le fait que l’Europe est de plus en plus confrontée à la complexification du problème de la drogue.
D’après l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, l’héroïne est l’opiacé le plus répandu sur le marché européen des drogues. Parmi les autres opiacés, saisis par les services répressifs, figuraient l’opium et les médicaments opiacés: morphine, méthadone, buprénorphine haut dosage, tramadol et fentanyl.
Des laboratoires démantelés
Les auteurs du rapport constatent que certains opiacés utilisés à des fins thérapeutiques ont été détournés du système de distribution pharmaceutique légal, tandis que d’autres sont produits spécialement pour le marché illicite.
La découverte de deux laboratoires transformant la morphine en héroïne en Espagne et d’un autre en République tchèque en 2013/2014 signifie, selon l'Observatoire, que l’héroïne peut désormais être également fabriquée en Europe.
Outre la Tchéquie, la majeure partie de la méthamphétamine européenne est produite aux Pays-Bas et en Lituanie. En Bulgarie, de nombreux laboratoires ont été démantelés.
S’agissant du chiffre d’affaires drainé par le marché de détail des drogues illicites dans l’Union européenne, l’observatoire européen, dans une estimation prudente, avance le chiffre de 24,3 milliards d’euros en 2013.
Le rapport précise que les produits du cannabis en constituent l’essentiel, avec une valeur au détail estimée à 9,3 milliards d’euros, soit un peu plus du tiers du marché total. Ils sont suivis par l’héroïne, dont la valeur est estimée à 6,8 milliards d’euros et par la cocaïne, avec une valeur estimée à 5,7 milliards d’euros.
De leur côté, les amphétamines représentent une part plus modeste du marché, estimée à 1,8 milliard d’euros, devant la MDMA/ecstasy (méthylènedioxyméthamphétamine), dont la valeur atteint près de 0,7 milliard d’euros, note l’observatoire.
L'Observatoire constate toutefois une reprise de la production de MDMA ses dernières années, malgré le démantèlement récent d’unités de production de grande envergure aux Pays-Bas et en Belgique.