"Que deviendrait-on sans les Chinois"? Tel est le titre d'un article paru vendredi sur un site d'information en continu, en l'occurence "Focus Algérie". Un article qui résonne comme un cri de désespoir face à l'inaction programmée dans un pays qui ne produit rien ou presque, tellement il dépend de la rente gazo-pétrolière. Un paradoxe criant dans un pays qui se revendiquait du marxisme, dont la valeur cardinale est pourtant le culte du travail et de l'effort.
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Mais il y a loin du dire au faire. Le constat est sans appel. Alger importe tout, y compris la main-d'oeuvre en provenance de la République de Chine. "Pour le bâtiment, nous sommes allés les chercher pour construire nos logements, nos immeubles, nos routes, nos barrages. Nous n’étions pas suffisamment compétents en nombre et en qualité pour le faire nous-mêmes. Nous pensions que dans l’intervalle, nous allions mettre en formation nos architectes, nos ingénieurs et nos ouvriers du bâtiment, pour créer des emplois et économiser des devises", assène l'auteur de l'article, Aziz Benyahia.
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Pas de formation et donc pas d'avenir pour les jeunes Algériens, et pour l'Algérie de Bouteflika qui a fait de la rente une "politique d'Etat"! "Las. Nos jeunes ont préféré s’orienter vers l’informel, les combines, les activités pas nettes, le gain rapide et le bras d’honneur aux impôts", explique notre confrère.
"Faut-il les condamner, les moquer, les excuser? Rien de tout cela. Ceux qui nous gouvernent ont donné le mauvais exemple en laissant faire la corruption, l’enrichissement foudroyant, bref l’argent facile qui n’oblige pas à passer par la case Etudes et Education. Le reste est sans commentaires", s'indigne-t-il.
Pas vraiment à tort, quand on est dans un pays où les richesses sorties de terre servent à doper, sinon les caisses déjà remplies de l'Empire du milieu, les comptes pourtant bien garnis de la nomenklatura algérienne qui continue de s'enrichir indécemment sur les ruines du peuple algérien frère!
"Nos malades vont se soigner au Maroc et en Tunisie"Au-delà du bâtiment, les Chinois investissent dorénavant le secteur de la santé, à la faveur d'une hémorragie de départs des médecins algériens vers d'autres cieux plus cléments, relève encore notre confrère. "Nous avons encore eu recours à nos amis chinois pour soigner dans les régions de l’intérieur, dans un désert médical qui n’attire plus de médecins nationaux qui préfèrent le Nord!", observe-t-il, la mort dans l'âme.
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"Les médecins algériens ont été découragés. La relève n’a pas été assurée, la formation a baissé inéluctablement en qualité et en nombre. Aujourd’hui on va en Tunisie pour se faire soigner les dents et au Maroc pour les yeux, alors qu’à l’indépendance, leurs étudiants venaient se former chez nous", déplore-t-il encore.
Et d'ajouter, en guise d'explication à l'hémorragie des départs. "Si nos médecins exercent en France, ce n’est pas pour les salaires qui restent relativement modestes. C’est pour les conditions de travail, les conditions de vie, la reconnaissance de leurs statuts, le respect de leur sacerdoce, l’avenir de leurs enfants et la qualité de vie tout simplement. Là-bas, l’hôpital est un sanctuaire, les malades n’ont pas besoin de piston, les médecins et les infirmiers ne volent pas le matériel, la hiérarchie médicale est respectée et le médecin est protégé dans sa profession, à l’intérieur et à l’extérieur de l’hôpital. Ce qui n’est pas le cas chez nous. Il faut avoir le courage de le dire et de le reconnaître".
Notre confrère enfonce le clou, en empruntant au registre décapant de l'autodérision. "Nos amis chinois sont donc invités à nous construire nos maisons, à s’occuper de notre santé. Après le corps, il restait l’âme. Qu’on se rassure. Il suffit de jeter un œil du côté du chantier de la "Troisième Grande Mosquée du Monde". Arrêtez-vous un moment en allant faire vos courses du côté d’Ardis. Vous verrez beaucoup d’hommes aux yeux bridés. Ils y sont par milliers. Nous avons été les chercher pour construire la maison de Dieu pour nous aider à sauver nos âmes après avoir accepté de revenir encore une fois pour sauver nos corps"!
Et ce n'est pas tout! "Des bruits courent que nous allons encore solliciter nos amis chinois pour nous apprendre à produire des clémentines, des oranges, cueillir des olives, labourer la terre et élever des poules pondeuses, et peut-être prendre en main l’organisation du pèlerinage à la Mecque et la Omra parce qu’il semblerait que de ce côté-là aussi il y aurait des problèmes", ironise-t-il, dans une allusion au projet enlisé de la la grande mosquée d'Alger, née de la folie des grandeurs, celle de Bouteflika ou ce qu'il en reste.
"Que faut-il répondre à nos enfants s’ils nous demandent pourquoi les maçons et les médecins ont les yeux bridés et qu’ils parlent une langue qu’on ne comprend pas ? Faut-il leur mentir encore une fois ? Peut-être que nos responsables et ceux qui nous gouvernent dans l’ensemble, pourraient nous suggérer des réponses auxquelles nous n’aurions pas pensé. Histoire de ne pas rougir encore une fois de honte et d’éviter de passer pour des ratés ou pour des parents indignes", s'émeut notre confrère, dont il faut saluer ici le courage de porter la plume à la blessure. Celle d'une Algérie vidée de tout, y compris et surtout de son âme. Qu'en pense le "président-fantôme"?