L'un des emails rendus publics s'avère particulièrement parlant: rédigé par l'actuelle présidente intérimaire du Parti démocrate, Donna Brazile, il est adressé à John Podesta, président de la campagne de Hillary Clinton et à Jennifer Palmieri, directrice de la communication de la candidate. Le message est daté du 5 mars, veille d'un débat qui s'est déroulé dans la ville septentrionale de Flint, devenue symbole des injustices sociales aux Etats-Unis en raison de son réseau d'eau gravement contaminé au plomb.
"Une des questions qui sera posée à HRC (Hillary Rodham Clinton, NDLR) proviendra d'une femme qui a une éruption cutanée", avertit Mme Brazile, qui officiait alors comme commentatrice sur la chaîne CNN. "Sa famille a été empoisonnée au plomb et elle demandera ce qu'Hillary pourrait faire pour les gens de Flint si elle devient présidente", précise Donna Brazile.
Au débat le lendemain, Mme Clinton avait en effet été interrogée par une femme qui avait dénoncé les problèmes cutanés de sa famille, même si les termes de la question énoncée étaient sensiblement différents.
Dans un message du 12 mars, veille d'un débat organisé par CNN, Mme Brazile promet à Mme Palmieri d'en "envoyer quelques-unes supplémentaires", en faisant très vraisemblablement référence à des questions de débat.
Enfin, dans un autre email récemment révélé, Mme Brazile avait écrit: "De temps en temps j'obtiens les questions à l'avance". Dans ce même message, la stratège du Parti démocrate sous-entendait que Mme Clinton se verrait poser une question sur la peine de mort.
Après ces révélations, CNN a affirmé lundi que Mme Brazile avait donné sa démission de la chaîne. "Merci CNN. Honorée d'avoir été une politologue et commentatrice démocrate sur votre chaîne", a tweeté lundi Donna Brazile.
Depuis des semaines le candidat républicain à la présidentielle, Donald Trump, répète que sa rivale a été avantagée dans la campagne de la primaire démocrate face à son principal concurrent Bernie Sanders, notamment en bénéficiant à l'avance des questions des débats. M. Trump n'a pas présenté de preuves à l'appui de ses affirmations mais les faits lui ont ici donné raison.
Les emails rendus publics par WikiLeaks ont été piratés sur le compte de John Podesta, par des hackers proches du pouvoir russe, selon les services de renseignement américains. Le Parti démocrate n'a pas confirmé ni infirmé leur authenticité.