Ghazouani a fait cette déclaration avant l'aube devant une foule de ses partisans, au terme d'une veillée électorale en présence du président sortant Mohamed Ould Abdel Aziz, selon des journalistes présents.
Les Mauritaniens se sont déplacés samedi en nombre pour élire leur président, qui devra préserver la stabilité chèrement conquise par ce vaste pays du Sahel, mais aussi en assurer le développement économique et y faire progresser le respect des droits humains.
Ce scrutin doit marquer la première passation de pouvoir entre deux présidents élus dans ce pays secoué par de nombreux coups d'Etat de 1978 à 2008, date du putsch de Mohamed Ould Abdel Aziz, qui était alors général. Le président sortant ne pouvait se représenter après deux mandats.
Mais les candidats de l'opposition, soit quatre des cinq adversaires de Ghazouani, lui aussi ex-général, dénoncent une volonté de perpétuation d'un régime "militaire" et des risques de fraude. Ils se sont engagés à se soutenir en cas de second tour le 6 juillet.
Le candidat du pouvoir a indiqué revendiquer la victoire sur la base de 80 % des bulletins dépouillés. "Il ne reste plus que 20 % mais cela ne changera pas le résultat final", a-t-il affirmé, selon les mêmes sources. Son élection a également été revendiquée sur une page Facebook de sa campagne.
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Ghazouani recueillait 50,56 % des suffrages sur 80 % des bulletins dépouillés, devant les opposants Sidi Mohamed Ould Boubacar et Biram Ould Dah Ould Abeid, tous deux autour de 18 %, selon une source à la Commission électorale nationale indépendante (Céni), alors que les compilations se poursuivaient.
Aucun des cinq concurrents de Ghazouani n'a réagi dans l'immédiat à cette annonce, mais quatre d'entre eux, dont Ould Boubacar et Ould Abeid, ont dénoncé lors d'une rencontre samedi après-midi des irrégularités et l'expulsion de leurs représentants de certains bureaux de vote.
Mais la Céni avait affirmé n'avoir relevé aucun incident significatif, de même que l'équipe de campagne de Ghazouani.
"Notre candidat passera haut la main au premier tour", a assuré son porte-parole, Sidi Ould Domane lors d'une conférence de presse juste avant la fermeture des bureaux de vote samedi à 19H00.
Auparavant, Ould Boubacar, ancien chef de gouvernement de transition (2005-2007), avait signalé des "indices inquiétants", citant notamment l'absence d'observateurs internationaux et la composition de la Céni, déséquilibrée en faveur du pouvoir, selon l'opposition.
L'opposition s'est dite convaincue de la "volonté de changement" d'une majorité de Mauritaniens.
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Mais Ould Abdel Aziz a prédit à plusieurs reprises un "retour en arrière" aux périodes d'instabilité que le pays a connues si son compagnon d'armes de toujours n'était pas élu.
Il a stabilisé ce pays frappé dans les années 2000 par des attentats jihadistes et les enlèvements d'étrangers en menant une politique volontariste: remise sur pied de l'armée, surveillance accrue du territoire et développement des zones reculées.
Les critiques se focalisent sur les droits fondamentaux, dans une société marquée par des disparités persistantes entre communautés arabo-berbère, haratine (descendants d'esclaves de maîtres arabo-berbères, dont ils partagent la culture) et afro-mauritanienne, généralement de langue maternelle d'ethnies subsahariennes.
La croissance économique, de 3,6% en 2018, bien qu'en amélioration, reste insuffisante par rapport à la démographie, selon un rapport de la Banque mondiale (BM) publié en mai.
La BM salue le rétablissement de la "stabilité macroéconomique", avec des projections de croissance annuelle de 6,2% en moyenne sur la période 2019-2021. Mais elle appelle à lever les obstacles au secteur privé, citant en premier lieu les difficultés d'"accès au crédit" et "la corruption".