Poutine, Trump, Zelensky: les questions clés du sommet historique d’aujourd’hui

Volodymyr Zelensky, Donald Trump et Vladimir Poutine

Volodymyr Zelensky, Donald Trump et Vladimir Poutine. (Photomontage: AFP)

À quelques heures de la rencontre en Alaska entre Donald Trump et Vladimir Poutine, qui pourrait s’avérer décisive pour la suite de la guerre en Ukraine, voici les principales questions que soulève ce tête-à-tête déjà qualifié d’historique.

Le 15/08/2025 à 06h59

Que veut Poutine?

Pour le maître du Kremlin, la simple tenue de cette rencontre constitue déjà une «victoire», le plaçant au centre du jeu diplomatique, a cinglé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

«Le meilleur scénario possible pour la Russie (…) serait un accord qui établit une sorte de cessez-le-feu», mais «sans mettre en place un véritable mécanisme de dissuasion» au bénéfice de l’Ukraine, analyse Sam Greene, expert au Center for European Policy Analysis (CEPA).

Les revendications du président russe, jugées inacceptables par Kiev, sont les suivantes: mettre la main sur quatre régions partiellement occupées (Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson), en plus de la Crimée annexée en 2014, et obtenir que l’Ukraine renonce aux livraisons d’armes occidentales ainsi qu’à rejoindre l’OTAN.

Mais le président russe devra «revoir ses calculs» si Donald Trump «prend les commandes de la réunion et ne se laisse pas mener en bateau», souligne Daniel Fried, ancien ambassadeur américain en Pologne, aujourd’hui expert au Atlantic Council.

Que cherche Trump?

«Je veux voir si je peux arrêter la tuerie», a lancé jeudi Donald Trump, mettant sur le même plan, comme à son habitude, les pertes militaires russes et les morts civils ukrainiens.

Le président américain se rêve en grand réconciliateur. Mettre fin au plus sanglant conflit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale conforterait sa conviction — désormais bien connue — de mériter le prix Nobel de la paix.

Le républicain avait promis, durant sa campagne, de mettre fin au conflit en un clin d’œil.

Plus prudent aujourd’hui, il parle de «tâter le terrain» face au dirigeant russe et estime à «25%» la probabilité que la réunion soit un échec.

Donald Trump a assuré que, dans le meilleur des cas, ce tête-à-tête serait rapidement suivi de pourparlers à trois avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

L’ancien promoteur immobilier évoque également le potentiel économique d’une relation bilatérale normalisée avec Moscou — un point que Vladimir Poutine entend bien aborder à Anchorage vendredi, selon le Kremlin.

Qu’espère, et redoute, l’Ukraine?

«Le meilleur scénario (…) serait que la réunion (de vendredi) ne débouche sur aucun accord» afin que Kiev ne se retrouve pas « sous pression » pour céder des territoires, résume Olga Tokariuk, experte au CEPA.

Dans l’optique du président Volodymyr Zelensky et de ses alliés européens, le scénario idéal verrait Donald Trump imposer de «nouvelles sanctions» contre la Russie, poursuit-elle.

Les dirigeants européens martèlent que le sommet en Alaska doit se concentrer sur la question d’un cessez-le-feu, sans aborder d’éventuelles concessions territoriales.

Mais Donald Trump a répété jeudi que, pour parvenir à la paix, il faudrait du «donnant-donnant en ce qui concerne les frontières, les territoires».

Pourquoi l’Alaska?

Ce choix présente des avantages logistiques évidents.

Le président russe est sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, dont les États-Unis ne sont pas membres, ainsi que de multiples sanctions.

Pour rallier le vaste État américain, il lui suffit de traverser le détroit de Béring, sans devoir passer par un pays tiers.

Le lieu choisi, la base militaire d’Elmendorf-Richardson, est déjà parfaitement sécurisé et fermé au public.

L’Alaska, enfin, est un territoire à l’intersection des histoires russe et américaine: la Russie l’a cédé aux États-Unis au XIXème siècle.

L’immense État a par la suite joué un rôle stratégique important pendant la Seconde Guerre mondiale, et plus encore durant la Guerre froide.

Par Le360 (avec AFP)
Le 15/08/2025 à 06h59