Deux fortes détonations ont été entendues dans le centre de Kiev, au lendemain du début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, a constaté une journaliste de l'AFP.
Sur son compte Facebook, l'armée de terre ukrainienne a indiqué que des «tirs de missiles» visaient Kiev, précisant en avoir détruit deux en vol. Selon le maire de la ville, Vitali Klitschko, trois personnes ont été blessées, dont une grièvement, par des débris de missiles tombés dans un quartier résidentiel du sud-est de la capitale ukrainienne.
La progression des forces russes fait redouter un assaut et la multiplication d'attaques ciblées sur Kiev et des cibles stratégiques et gouvernementales.
Selon des sources militaires occidentales, l'armée russe se rapprochait de Kiev, où un couvre-feu a été imposé, avec l'intention de «décapiter le gouvernement» ukrainien et d'y installer à la place un gouvernement favorable à Moscou.
Le gouverneur de la région de Soumy (nord-est), Serhiï Jyvytskiï -cité par l'agence de presse UNIAN- a déclaré que «des engins (russes, Ndlr) sont partis de Soumy en direction de Kiev, beaucoup d’engins».
Le ministère ukrainien de la Défense a également signalé ce vendredi un tir de missile russe tôt au matin contre une unité de gardes-frontières dans la région de Zaporijjia, qui, selon cette source, a fait des «morts et des blessés».
«Seule»Afin de contrer l'invasion russe, Volodymyr Zelensky a décrété hier soir, jeudi 24 février 2022, la mobilisation générale et le rappel des réservistes sous 90 jours dans toutes les régions ukrainiennes.
Le dirigeant a par ailleurs regretté que l'Ukraine soit «laissée seule» face à l'armée russe alors que l'Alliance atlantique a indiqué qu'elle n'y enverrait pas de troupes pour la soutenir.
Les forces militaires des Etats de l'Otan ont été placées en état d'alerte et certaines unités vont faire mouvement pour renforcer le flanc est de l'alliance.
Un sommet de l'Alliance atlantique consacré à la crise en Ukraine se déroulera en visioconférence en ce même vendredi.
Les Etats-Unis, qui n'enverront pas de troupes en Ukraine, défendront «le moindre pouce de territoire de l’Otan», a assuré le président Joe Biden. Le Pentagone dépêchera toutefois quelque 7.000 soldats de plus en Allemagne.
De son côté, la France va accélérer le déploiement dans le cadre de l'Otan de soldats en Roumanie, pays frontalier de l'Ukraine, a annoncé le président Emmanuel Macron à l'issue d'un sommet exceptionnel de l'UE, jugeant également utile de «laisser ouvert le chemin» du dialogue avec Moscou pour obtenir un arrêt de son offensive.
L'invasion a provoqué un tollé dans la communauté internationale, surtout côté occidental.
Les Etats-Unis et l’Albanie ont demandé un vote du Conseil de sécurité de l'ONU ce vendredi à 20H00 GMT sur un projet de résolution condamnant l’invasion de l’Ukraine et réclamant à la Russie le retrait immédiat de ses troupes.
Joe Biden, pour qui le maître du Kremlin va devenir «un paria sur la scène internationale», a imposé des restrictions aux exportations de produits technologiques vers la Russie.
Les dirigeants des 27 pays de l'UE ont durci les sanctions contre la Russie, dans les secteurs de l'énergie, de la finance et des transports, sans aller jusqu'à l'exclure du système d'échanges bancaires internationaux Swift. «Les dirigeants russes devront faire face à un isolement sans précédent», a promis la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.
Moscou a de son côté promis une réplique «sévère» à ces mesures.
Au moins 137 morts côté ukrainienAu lendemain du déclenchement de l'offensive russe, le président Zelensky a dressé en ce vendredi le bilan des pertes côté ukrainien, civiles et militaires: au moins 137 morts et 316 blessés.
L'armée ukrainienne a estimé les pertes matérielles russes à plus de 30 tanks, quelque 130 véhicules blindés de combat, sept avions et six hélicoptères.
Les deux camps ont fait des déclarations invérifiables, mais l'armée russe a gagné du terrain. Dans la région de Kherson, elle est présente dans plusieurs zones et contrôle Genichesky, ville à 300 km à l'ouest de la frontière russe.
Le ministère de la Défense du Royaume-Uni a toutefois jugé, dans un communiqué, «improbable que la Russie ait atteint ses objectifs militaires prévus» pour le premier jour de son attaque, soulignant «la résistance acharnée» des forces ukrainiennes.
L'offensive russe a commencé hier, jeudi 24 février 2022 à l'aube, après la reconnaissance lundi dernier par Vladimir Poutine de l'indépendance de territoires séparatistes ukrainiens du Donbass.
«J'ai pris la décision d'une opération militaire spéciale» ayant pour but «une démilitarisation et une dénazification de l’Ukraine», a martelé le président russe à la télévision en annonçant cette opération, mais «nous n'avons pas dans nos plans une occupation des territoires ukrainiens».
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Pour justifier cette intervention, il a réitéré ses accusations, infondées, d'un «génocide» orchestré par Kiev dans les «républiques» rebelles prorusses, cité un appel à l'aide des séparatistes et dénoncé la politique «agressive» de l'Otan.
Juste après le discours de Vladimir Poutine, des explosions ont retenti à Kiev -où des habitants se sont pressés dans le métro pour s'abriter- ainsi que dans les grandes villes ukrainiennes. La centrale de Tchernobyl, théâtre du pire accident nucléaire de l'histoire en 1986, est tombée plus tard aux mains des soldats russes.
«J'ai vite fait mes bagages»Environ 100.000 personnes ont fui leur foyer en Ukraine et des milliers ont quitté leur pays, a déploré le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés.
L'UE s'est dite «pleinement préparée» à les accueillir.
Quelque 200 d'entre eux ont passé la nuit dans la gare polonaise de Przemysl (sud-est). «J'ai entendu les explosions à côté de mon immeuble... et j'ai vite fait mes bagages, j'ai presque tout pris avec moi», a raconté Olha, une enseignante de 36 ans de l'Institut polytechnique de Kiev.
A Moscou, des rassemblements contre la guerre ont eu lieu dans le centre de la capitale ainsi qu'à Saint-Pétersbourg. Plus de 1.700 personnes ont été interpellées sur l'ensemble du territoire russe, selon une ONG.
Vladimir Poutine a averti les Occidentaux «qui tenteraient d’interférer», que «la réponse de la Russie sera immédiate et entraînera des conséquences que vous n'avez encore jamais connues».
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L'offensive russe intervient huit ans après que Moscou eut annexé la Crimée et parrainé la prise de contrôle de régions du Donbass par des séparatistes prorusses, déclenchant un conflit régional qui a fait plus de 14.000 morts.
La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a prévenu que le conflit -qui a provoqué la chute des bourses européennes et la flambée des cours des matières premières- faisait peser «un important risque économique pour la région et le monde», au moment où l'économie mondiale tente de se relever de la pandémie de Covid-19.