Les dirigeants de l’Union européenne, réunis en sommet à Bruxelles dans la nuit de jeudi à vendredi, ont dû s’incliner devant l’obstination du Premier ministre hongrois Viktor Orban à refuser une nouvelle aide de 50 milliards d’euros en faveur de l’Ukraine. «Nous reviendrons sur le sujet début janvier» lors d’un nouveau sommet, a indiqué au milieu de la nuit le président du Conseil européen Charles Michel.
«Résumé de la nuit: veto pour des fonds supplémentaires à l’Ukraine» comme pour le projet de révision du budget européen, a indiqué le Premier ministre hongrois Viktor Orban sur X (ex- Twitter).
«Nous sommes 26 pays à avoir donné notre feu vert. Il n’y a pas d’accord avec la Hongrie pour l’heure, mais je suis confiant que nous y parviendrons l’an prochain», a abondé le Premier ministre néerlandais Mark Rutte. L’UE avait prévu d’accorder à l’Ukraine une aide de 50 milliards d’euros, 33 milliards de prêts et 17 milliards d’euros de dons, sur quatre ans à compter de l’an prochain. Cette nouvelle aide est jugée cruciale à Kiev au moment où une aide américaine de plus de 60 milliards de dollars reste bloquée au Congrès en raison de réticences d’élus républicains.
Les dirigeants européens avaient pourtant réussi quelques heures plus tôt à se mettre d’accord sur l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Ukraine. M. Orban avait cette fois accepté de s’abstenir, opposé à une décision qu’il juge «désastreuse pour l’avenir de l’UE».
Le dirigeant hongrois «n’était pas dans la salle quand le texte a été adopté, c’était convenu avec lui», a expliqué à l’AFP un diplomate européen ayant requis l’anonymat. «C’est une solution pragmatique (…) Le signal politique est donné», a-t-il poursuivi.
«C’est une victoire pour l’Ukraine, pour toute l’Europe, une victoire qui motive, inspire et rend plus fort», a lancé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, tandis que la Maison Blanche saluait une «décision historique».
Si le processus sera long, la symbolique est forte pour ce pays en guerre depuis le 24 février 2022. Pour Charles Michel, cette décision d’ouvrir des négociations avec l’Ukraine, mais aussi avec la Moldavie, est «un signal clair d’espoir pour les citoyens de ces pays et pour notre continent». Le chancelier allemand Olaf Scholz a salué «un signe fort de soutien» à l’Ukraine, alors que le président français Emmanuel Macron a évoqué une «réponse logique, juste et nécessaire» aux aspirations de son peuple.
Signal d’encouragement
Volodymyr Zelensky attendait un signal d’encouragement des Européens, au moment où les signaux négatifs venus de Washington se multiplient. Depuis des semaines les nuages s’accumulent au-dessus de l’Ukraine: sa contre-offensive militaire n’a pas produit de percée décisive et l’aide occidentale, indispensable à l’effort de guerre, est bloquée.
Au moment même où débutait le sommet crucial de Bruxelles, Vladimir Poutine affichait par contraste sa confiance dans une victoire de Moscou. «Pratiquement sur toute la longueur de la ligne de contact, nos forces armées améliorent leurs positions», a affirmé le président russe.