L'Europe et les migrants, faits et chiffres

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Quelle part de la population de l'Union européenne est "étrangère", combien de permis de résidence y sont accordés, combien d'Européens travaillent dans d'autres pays de l'Union, quel est l'impact de la crise migratoire? Réponses en chiffres.

Le 19/03/2017 à 19h53

Moins de 7% d'étrangers

Sur près de 507 millions d'habitants dans l'UE, 34,1 millions (donc moins de 7%) sont des "ressortissants étrangers", n'ayant pas la nationalité de leur pays de résidence, selon des chiffres d'Eurostat, datant de fin 2015 et portant sur 2014.

Parmi eux, 14,3 millions sont des ressortissants d'un autre Etat membre de l'Union et 19,8 millions viennent de pays hors-UE, selon Eurostat.

C'est le Luxembourg qui compte la part la plus élevée d'étrangers dans sa population (45,3%). La proportion est supérieure à 10% à Chypre (19,5%), en Lettonie (15,2%), en Estonie (14,9%), en Autriche (12,5%), en Irlande (11,8%), en Belgique (11,3%) et en Espagne (10,1%).

Cinq pays ont des taux inférieurs à 1%: la Pologne, la Roumanie, la Croatie, la Lituanie et la Bulgarie.

Parmi les Européens résidant dans un autre pays de l'UE, les Polonais sont dans le "top 5" des nationalités étrangères dans 10 pays. Suivent les Allemands (dans 9 pays), Italiens et Roumains (8). Parmi les ressortissants non-UE, les Ukrainiens sont dans le top 5 dans 9 pays, les Turcs et les Russes dans 7.

Permis de séjour

Quelque 2,6 millions nouveaux permis de résidence ont été délivrés dans l'UE à des citoyens de pays tiers (hors UE) en 2015, selon les derniers chiffres d'Eurostat.

Le nombre le plus élevé (633.000) a été accordé par le Royaume-Uni. Suivent ensuite la Pologne (541.600), la France (226.600), l'Allemagne (194.800), l'Espagne (192.900) et l'Italie (178.900).

Le pays qui a accordé le plus de titres de séjour pour des raisons d'emploi est la Pologne. Le Royaume-Uni est celui qui en a accordé le plus pour des raisons d'éducation (études). L'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la France et le Royaume-Uni sont, dans cet ordre, ceux qui ont délivré le plus de permis pour motifs familiaux en 2015.

Les pays tiers dont les ressortissants ont obtenu le plus de nouveaux permis en 2015 sont l'Ukraine (19,2% du total, pour des raisons d'emploi très largement), devant les Etats-Unis (10%, principalement pour raisons d'éducation) et la Chine (6,4%).

Travailleurs détachés

Le nombre de travailleurs détachés dans l'UE était de 2,05 millions en 2015, selon un récent rapport de la Commission, en hausse de près de 60% depuis 2010. Il s'agit d'Européens envoyés dans un autre Etat membre par leur employeur à titre temporaire (quatre mois en moyenne).

Ils représentent moins de 1% du nombre total d'emplois en Europe. Selon des chiffres de 2014, le secteur de la construction regroupe environ 44% des détachements.

L'Allemagne est de loin l'Etat membre qui accueille le plus de travailleurs détachés (418.908 en 2015), suivi de la France (177.674) et de la Belgique (156.556).

Et les détachés sont principalement originaires de Pologne (251.107), d'Allemagne (218.006) et de France (130.468).

Crise migratoire

L'UE a connu en 2015 et 2016 un afflux exceptionnel de centaines de milliers de migrants arrivant par la Méditerranée, fuyant pour la plupart la guerre et l'insécurité dans leurs pays.

Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus d'un million de personnes sont arrivées en 2015, dont plus de 850.000 via les côtes grecques, venant en large majorité de Syrie (56%), d'Afghanistan (24%) et d'Irak (10%).

En 2016, toujours selon l'OIM, le total d'arrivées par la mer a chuté à plus de 363.000 (sans compter 24.000 arrivées par des routes terrestres).

Un accord conclu en mars 2016 avec la Turquie a en effet permis de faire chuter considérablement les arrivées par la mer Egée. Mais l'afflux a atteint lui un niveau record en 2016 sur les côtes italiennes, avec plus de 180.000 arrivées.

Contrairement aux migrants débarqués en Grèce, qui peuvent prétendre au statut de réfugié, ceux qui rejoignent l'Italie, venant d'Afrique subsaharienne le plus souvent, sont surtout des migrants économiques aux yeux de l'UE.

Demandes d'asile

Plus de 1,2 million de demandes d'asile ont été recensées dans les pays de l'UE en 2016, soit un nombre proche du record de 1,26 million de 2015, selon Eurostat.

Les Syriens (334.800), les Afghans (183.000) et les Irakiens (127.000) sont restés les trois principales nationalités des demandeurs.Et l'Allemagne est toujours de loin le pays où le plus de nouvelles demandes ont été enregistrées (722.300 en 2016, soit 60% du total), devant l'Italie (121.200), la France (76.000) et la Grèce (49.000).

Impact des réfugiés sur l'économie

Fin 2015, la Commission européenne a estimé que "l'afflux de réfugiés, "s'il est géré correctement, aura un léger effet favorable sur la croissance dans le court et le moyen terme".

Selon elle, il devrait provoquer des "hausses de dépenses publiques dans plusieurs Etats membres", mais la hausse attendue de la main d'oeuvre "pourrait aussi se traduire par de l'emploi supplémentaire, une fois que les réfugiés avec suffisamment de compétences entreront sur le marché du travail".

Le 19/03/2017 à 19h53