Les Bourses asiatiques rechutent, l’escalade douanière sino-américaine affole

Un homme passe devant un tableau électronique affichant les chiffres du matin à la Bourse de Tokyo, au Japon, le 11 avril 2025. AFP or licensors

Les Bourses asiatiques ont replongé ce vendredi, affolées par les conséquences de l’escalade de la guerre commerciale sino-américaine et par l’incertitude persistante sur la politique douanière de Donald Trump.

Le 11/04/2025 à 07h22

Les places boursières asiatiques ont replongé ce vendredi, dans des marchés affolés par les conséquences de l’escalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine et par l’incertitude persistante sur la politique douanière de Donald Trump.

À Tokyo, l’indice vedette Nikkei a terminé en repli de 2,95% à 33.585 points, après avoir lâché plus de 5%, et l’indice élargi Topix en baisse de 2,85%. La Bourse de Séoul a décroché de 0,50% et Sydney de 0,82%. Vers 06H30 GMT, l’indice hongkongais Hang Seng progressait de 1,75% à 21.044 points. L’indice composite de Shanghai gagnait 0,53%, celui de Shenzhen 1,20%.

Après s’être envolés la veille, enthousiasmés par le revirement surprise du président américain sur une partie des droits de douane, les marchés asiatiques retombent dans le sillage de fortes baisses à Wall Street, se focalisant sur une conjoncture mondiale toujours assombrie.

«Le marché boursier a initialement fortement rebondi après la suspension de 90 jours des majorations douanières» et ramenées à 10%, le temps d’ouvrir des négociations commerciales avec Washington, rappellent les analystes de Tokai Tokyo Intelligence. «Toutefois, il reste à déterminer les véritables intentions du président Trump: a-t-il changé sa politique en réponse à l’effondrement boursier, ou en fait-il toujours un outil de négociation?», s’interrogent-ils, notant que cette trêve maintient «un niveau élevé d’incertitude» pesant sur les entreprises.

Mais outre ces taux planchers de 10%, des surtaxes douanières américaines de 25% restent appliquées sur l’acier et l’automobile, et le cas de la Chine, finalement frappée par Washington de droits de douane vertigineux de 145%, inquiète vivement les investisseurs.

Bras de fer entre Washington et Pékin

Les places chinoises souffrent également vendredi: vers 02H30 GMT, l’indice hongkongais Hang Seng recule de 0,64% à 20.550 points. L’indice composite de Shanghai cède 0,23% et celui de Shenzhen 0,10%. Pékin a affiché ces derniers jours sa détermination à stabiliser les marchés chinois en mobilisant banques publiques et firmes d’investissement sous contrôle étatique.

Tous les investisseurs scrutent désormais l’évolution du bras de fer entre Washington et Pékin, qui a promis de «se battre jusqu’au bout» et a taxé massivement en représailles les produits américains. «L’euphorie provoquée par la pause douanière sur les Bourses mondiales s’estompe rapidement », observe Stephen Innes, de SPI Asset Management.

«Le marché pense que la “pause” douanière n’est pas un revirement, mais un stratagème: Trump a laissé la hausse des surtaxes pour la Chine inchangée. Il ne s’agit pas d’une désescalade, mais d’une escalade ciblée. Et maintenant, les marchés réévaluent fortement ce risque», avertit-il.

«Si la réaction initiale du marché a été positive, reflétant un sentiment de soulagement d’avoir évité le pire scénario avec des droits de douane +réciproques+ pour tous, les perspectives de croissance mondiale à long terme restent incertaines », abonde Daniela Sabin Hathorn, du courtier Capital.com.

Pétrole et dollar plombés, nouveau record de l’or

Signe d’incertitudes persistantes, l’indice de volatilité Vix, surnommé «indice de la peur», a bondi de plus de 50% à Wall Street et les investisseurs se ruent vers les actifs refuges. Dopé par les incertitudes et l’affaiblissement du dollar, l’or, valeur refuge par excellence, s’est hissé vendredi à un nouveau record historique, à 3.220 dollars l’once.

Depuis l’investiture de Donald Trump le 20 janvier, le dollar a perdu plus de 7% face à l’euro, fragilisé par le risque d’une récession économique aux États-Unis et la crédibilité jugée érodée des politiques de Washington.

Le marché du pétrole pâtit logiquement des inquiétudes sur les perspectives de demande énergétique. Le baril de WTI américain perd 0,75% à 59,62 dollars, et celui de Brent de la mer du Nord cède 0,60% à 62,95 dollars, creusant leurs pertes au fil des échanges.

Par Le360 (avec AFP)
Le 11/04/2025 à 07h22