Législatives en France: secouée par la Nupes, la Macronie veut batailler pour conserver sa majorité absolue

La Première ministre française Elisabeth Borne prononce un discours lors de la soirée électorale au siège de l'alliance centriste Ensemble! du président français, à la suite du premier tour des législatives françaises, à Paris, le 12 juin 2022.

La Première ministre française Elisabeth Borne prononce un discours lors de la soirée électorale au siège de l'alliance centriste Ensemble! du président français, à la suite du premier tour des législatives françaises, à Paris, le 12 juin 2022. . Ludovic MARIN / AFP

Le 13/06/2022 à 06h28

VidéoSecouée par la Nupes au premier tour des élections législatives hier, dimanche 12 juin 2022, la Macronie repart ce lundi en campagne pour tenter de conserver la majorité absolue à l'Assemblée nationale lors du second tour dans une semaine.

La coalition présidentielle, réunie sous l'étiquette Ensemble!, a devancé la gauche unie d'un peu plus de 21.000 voix seulement, sur 23,3 millions de votants au premier tour (25,75% des voix, contre 25,66% pour la Nupes) et garde l'avantage dans les projections des 577 sièges de députés.

Mais le suspense est total pour savoir si Emmanuel Macron parviendra, deux mois après sa réélection, à conserver une majorité absolue de 289 sièges, lui permettant de faire voter ses réformes, à commencer par celle des retraites.

Les différents instituts donnent le camp Macron dans une fourchette de 255 à 295 sièges, quand la gauche (LFI, PCF, PS et EELV) rassemblée sous la bannière Nupes, est évaluée entre 150 à 210 sièges.

«Nous sommes la seule force politique en mesure d'obtenir une majorité forte et claire», a insisté la Première ministre Elisabeth Borne qui repart en campagne dès ce lundi dans la 6e circonscription du Calvados où elle est arrivée confortablement en tête au premier tour.

Mais reste à savoir jusqu'où ira le tassement pour la majorité sortante, alors qu'en 2017, La République en marche et le Modem avaient raflé plus de 32% au premier tour avant d'obtenir près de 350 députés au second.

«Sérieux avertissement»«La majorité est loin d'être acquise (...) C'est un très sérieux avertissement qui est adressé à Emmanuel Macron», insiste Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos France.

«Ce qui était acquis au lendemain de la présidentielle l'est moins ce soir. Mais le second tour, le mode de scrutin va mécaniquement favoriser la coalition Ensemble!», avance pour sa part Adélaïde Zulfikarpasic, directrice de BVA Opinion.

L'autre grand enjeu du scrutin du 19 juin sera le sort réservé aux quinze ministres candidats, sachant qu'une défaite rimerait aussitôt avec départ du gouvernement.

Tous ont passé le premier tour. Mais certains sont en grande difficulté, à commencer par la ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Amélie Montchalin, pièce maîtresse du gouvernement.

Le ministre des Affaires européennes Clément Beaune est également en ballotage défavorable à Paris où la Nupes a obtenu trois élues dès le premier tour et arrive en tête dans douze des dix-huit circonscriptions.

D'autres comme Elisabeth Borne ou les ministres Gabriel Attal et Olivier Véran sont en revanche bien partis pour l'emporter et conserver ainsi leur poste au gouvernement.

Les deux camps ont une semaine pour conjurer une abstention record qui a atteint 52,49% des inscrits, dépassant le précédent en 2017 (51,3%).

Le leader de la Nupes Jean-Luc Mélenchon a appelé le «peuple» à «déferler dimanche prochain» dans les isoloirs pour lui permettre de devenir Premier ministre et imposer une cohabitation à Emmanuel Macron, comme la gauche plurielle y était parvenue en 1997 avec Lionel Jospin.

«Scandaleux»D'ores et déjà Jean-Luc Mélenchon a réussi son coup puisque la gauche, grâce à son accord d'union historique, devrait être le principal bloc d'opposition au Palais-Bourbon, au relais des Républicains qui vont compter leurs survivants parmi la centaine de sortants.

LREM a indiqué qu'elle ne donnerait pas de consigne nationale mais «au cas par cas» dans les circonscriptions où s'opposent des candidats du RN et de la Nupes, jugeant que certains candidats de la gauche unie étaient des "extrêmes".

Un choix jugé «scandaleux» par l'écologiste Yannick Jadot et de nombreux Insoumis.

«Un scandale démocratique», a accusé le président de SOS racisme Dominique Sopo qui a souligné que l'extrême droite était «le camp du racisme tout autant que du refus de l'égalité et de la démocratie».

Face à un début de polémique, Elisabeth Borne a tweeté dans la soirée: «face à l’extrême-droite nous soutiendrons toujours les candidats qui respectent les valeurs républicaines», réponse à une demande de clarification de Fabien Roussel. «Notre ligne: ne jamais donner une voix à l’extrême-droite», a-t-elle clarifié.

Comme prévu, les candidats du Rassemblement national (18,5% à 19,8%) n'ont pas réussi à capitaliser sur la dynamique de Marine Le Pen qui avait engrangé à la présidentielle plus de 40% des voix au second tour.

Cantonné à huit élus en 2017, le contingent de députés RN devrait cependant être nettement plus étoffé cette fois, et compter encore dans ses rangs Mme Le Pen, largement en tête dans sa circonscription du Pas-de-Calais (53,96% mais non élue au premier tour faute de votants suffisants).

Depuis son fief d'Hénin-Beaumont, elle a exhorté les électeurs à «envoyer un groupe très important de députés patriotes dans la nouvelle Assemblée nationale».

En cas de duel entre Ensemble! et la Nupes, Marine Le Pen incité ses électeurs à «ne pas choisir». «La France n'est ni une salle de marché, ni une ZAD», a-t-elle tonné.

De son côté, Eric Zemmour, qui fut l'un des animateurs de la présidentielle, a raté son atterrissage en politique.

Le polémiste d'extrême droite a été éliminé dans le Var, tout comme les autres ambassadeurs de son parti Reconquête!, Guillaume Peltier dans le Loir-et-Cher et Stanislas Rigault dans le Vaucluse.

Le 13/06/2022 à 06h28