La première économie du monde arabe a toutefois prévu pour 2018 une politique de relance volontariste avec les dépenses les plus élevées de son histoire afin de stimuler la croissance, espérée à 2,7% après la contraction de 0,5% en 2017 annoncée mardi.
Ce résultat négatif, le premier depuis 2009, est notamment la conséquence des mesures d'austérité prises par Riyad pour faire face au bas niveau des cours du pétrole, comme la réduction des subventions aux carburants et à l'énergie. Il s'inscrit aussi dans le contexte de l'accord de limitation de la production de pétrole, signé il y a un an entre le cartel des pays exportateurs (OPEP) et d'autres producteurs dans le but de stimuler les prix, selon les autorités.
En 2017, le déficit budgétaire s'est creusé en outre plus que prévu: il affiche 61,3 milliards de dollars, soit environ 8 milliards de plus que le montant prévisionnel. Mais il est en tout cas inférieur à celui de 2016 (82 milliards USD). Riyad a accumulé ces quatre dernières années 258 milliards de dollars de déficits budgétaires.
Dans ce contexte morose induit par des prix du pétrole encore loin d'avoir retrouvé leurs niveaux records de 2014, l'Arabie saoudite table pour 2018 sur un cinquième budget annuel en déficit (à 52 milliards de dollars). Le royaume prévoit des dépenses en hausse de 10% par rapport à l'année écoulée, à hauteur de 260 milliards de dollars, a indiqué le ministère des Finances.
"Le budget en hausse (pour 2018) comprend un certain nombre de nouveaux projets de développement et environ la moitié de ce budget sera financée par des revenus non pétroliers", a assuré Mohammed ben Salmane, prince héritier et nouvel homme fort du royaume, dans un communiqué cité par l'agence officielle SPA.
La réunion présidée par le roi Salmane au cours de laquelle le budget 2018 a été présenté a été l'occasion, selon les autorités, de réaffirmer la volonté de Riyad de "réduire sa dépendance au pétrole". Cette année, les revenus non pétroliers du pays ont d'ailleurs augmenté de 38%, pour atteindre 68 milliards de dollars.
L'Arabie saoudite est engagée dans un effort de diversification de son économie, incarné par le plan Vison 2030 présenté en 2016 par Mohammed ben Salmane et qui a également une dimension de libéralisation de la société dans ce pays ultraconservateur.
Une série de récentes décisions porte l'empreinte du prince héritier comme celle d'autoriser les femmes à conduire à compter de juin 2018. Cette mesure, réclamée depuis 1990 par des militantes, vise notamment à augmenter la participation des femmes à la force de travail à 30% en 2030, contre 22% actuellement. Outre apporter de millions de nouvelles automobilistes sur les routes, la décision de Riyad pourrait avoir un impact significatif sur l'économie saoudienne, le taux de chômage des femmes étant très élevé dans le royaume.
Le plan de réformes prévoit également l'introduction en Bourse de 5% du géant pétrolier d'État Aramco, en 2018, et la création d'un fonds souverain de 2.000 milliards de dollars, le plus important du monde. Le prince héritier a aussi annoncé plusieurs mégaprojets, dont une zone spéciale de développement appelée NEOM et nécessitant 500 milliards de dollars d'investissements.
Le tourisme est également un secteur dont l'Arabie saoudite entend tirer des revenus. Le prince Sultane ben Salmane ben Abdelaziz, en charge du tourisme dans le royaume, a déclaré dans un entretien à l'AFP que son pays allait délivrer des visas de tourisme à partir du premier trimestre 2018.
Malgré la mise en place progressive de ces réformes, le pays va continuer à afficher des déficits budgétaires jusqu'en 2023, a toutefois prévenu le roi Salmane. Les mesures d'austérité, qui ont débuté en 2015 après l'écroulement des cours mondiaux du pétrole, vont ainsi se poursuivre.
Après la création de taxes sur les cigarettes et les boissons gazeuses en juin, le royaume prévoit d'introduire début 2018 une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 5%.