C’est une pathologie qui est apparemment très répandue chez les maîtres des camps de Tindouf. Celle de s’en tenir à de vieux principes éculés, et leur corollaire de l’impossible adaptation aux fréquentes évolutions politico-économiques qui ont régulièrement cours, particulièrement dans la région nord-ouest-africaine.
La preuve par la récente ouverture (19 août 2018) du passage frontalier entre l’Algérie et la Mauritanie, et l’instauration d’une nomenclature de droits de douanes dûment négociée et signée entre les deux pays. Mais s’en tenant à sa qualité de «protégé» de l’Algérie, le Polisario s’est cru exempté du nouveau rétablissement de l’ordre économique dans le nord de la Mauritanie.
Mais face à la fermeté affichée par les autorités mauritaniennes au niveau du passage frontalier avec l’Algérie, le Polisario n’en a pas moins décidé de pousser ses commerçants à continuer à harceler les frontières mauritaniennes en vue d’envahir des marchés où il semble avoir durablement perdu pied.
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Ce forcing constant n’a finalement valu à ses commanditaires que de voir tous leurs camions immobilisés par la gendarmerie mauritanienne et astreints, en plus, à des droits de douanes incontournables, à payer des amendes pour cause d’entrée non autorisée et violations de frontières. Le nombre de ces véhicules saisis avec leurs cargaison aurait atteint la vingtaine, selon certains sites d’information locaux.
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Mais ce qui renforce davantage le désarroi des «commerçants» de Tindouf, c’est que leurs clients mauritaniens refusent à leur tour d’acquérir les cargaisons venant de Tindouf et sur lesquels ont été répercutés les taxes douanières. En effet, ce qui rendait attractifs ces produits de contrebande et de la «mendicité», détournés par les dirigeants du Polisario, c’est surtout leurs tarifs défiant toute concurrence, avantages comparatifs qu’ils n’ont plus.
Pire, perdant complètement les pédales, certaines voix commencent à s’élever à Tindouf pour s’en prendre aux Mauritaniens en général, accusés d’être responsables de «mauvais traitements» et de «discrimination» à l’égard des Sahraouis, et des forces de police et de gendarmerie de Zouerate en particulier, qualifiées de corrompues.
Une lettre ouverte adressée par un «Sahraoui anonyme» au président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, fustige à son tour les comportements anti-polisario des Mauritaniens et brandit même des menaces à peine voilées contre les dirigeants du pays. Ainsi ces derniers sont priés d’autoriser rapidement l’entrée gratuite par le poste-frontière mauritano-algérien des marchandises transportées par les commerçants de Tindouf, faute de quoi le Polisario fermerait le passage mauritano-marocain d’El Guerguerat. Entre la rage et le délire, la frontière est vite franchie.