Dans une audience historique devant la Cour internationale de justice (CIJ), Israël a en parallèle été accusée «d’actes génocidaires» à Gaza par Pretoria. Israël «est accusé de génocide au moment où il combat le génocide», s’est offusqué son Premier ministre, Benjamin Netanyahu.
Au Caire, où il a rencontré le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, M. Blinken a lié «la sécurité et l’intégration» régionale d’Israël «au fait d’ouvrir une voie vers un État palestinien».
Il a aussi jugé qu’un rapprochement entre Israël et les pays arabes qui, dans leur majorité, ne le reconnaissent pas, serait «le meilleur moyen d’isoler l’Iran et ses supplétifs».
Avant son départ, il a toutefois relevé ne pas penser que «le conflit s’intensifie», les acteurs régionaux ne le souhaitant pas selon lui.
«En train de disparaître»
La guerre a été déclenchée par l’attaque inédite le 7 octobre du Hamas sur le sol israélien qui a fait environ 1.140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir du bilan israélien.
En représailles, Israël a juré d’anéantir le mouvement islamiste, qu’il classe groupe terroriste comme les États-Unis et l’Union européenne.
Ses opérations militaires dans le petit territoire assiégé ont fait au moins 23.469 morts, en majorité des femmes, adolescents et enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Sur le front, l’aviation israélienne a multiplié les frappes dans le secteur de Khan Younès, épicentre des combats dans le sud de Gaza, selon des témoins.
L’armée a affirmé y avoir découvert un réseau de tunnels, par où des «otages israéliens sont passés».
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Des familles d’otages se sont rassemblées à Nirim, dans le sud d’Israël limitrophe de Gaza, pour faire retentir via des hauts-parleurs le nom de leurs proches retenus depuis bientôt 100 jours, a constaté l’AFPTV.
«Je suis sûre qu’ils sont dans une mauvaise condition, ils sont en train de disparaître de la vie», s’angoisse Efrat Machikawa, dont l’oncle a été enlevé.
De l’autre côté de la barrière de séparation, l’intensité des hostilités aggrave le désastre sanitaire pour les 2,4 millions de Gazaouis, dont 85% ont été déplacés.
L’ONU a déploré les entraves des autorités israéliennes à l’acheminement de l’aide humanitaire, soulignant que chaque délai coûte des vies.
«Entre le 1er et le 10 janvier, seulement trois des 21 livraisons d’aide humanitaire» prévues dans le nord de la bande de Gaza «ont été possibles», a détaillé Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU.
«Israël se considère comme au-dessus des lois», fustige Hisham al-Kullah, portant le corps d’un nourrisson à l’hôpital Al-Najjar de Rafah, à la pointe sud de Gaza. «Nous voulons que les juges internationaux jugent Israël.»
«Sélectivité» occidentale
Devant la plus haute juridiction de l’ONU, l’Afrique du Sud, soutien de longue date de la cause palestinienne, a accusé Israël de violer la Convention des Nations unies sur le génocide, affirmant que même l’attaque du Hamas ne pouvait justifier les événements à Gaza.
«Le monde à l’envers», selon M. Netanyahu, dont le pays s’exprimera vendredi devant la CIJ, avant une décision de la Cour, possiblement dans quelques semaines. Ses jugements sont sans appel et juridiquement contraignants, mais elle n’a aucun pouvoir pour les faire appliquer.
L’Afrique du Sud se comporte comme «le bras juridique de l’organisation terroriste Hamas», a accusé le ministère israélien des Affaires étrangère.
La patronne de Human Rights Watch, Tirana Hassan, a déploré pour sa part la «sélectivité» des Occidentaux sur ce conflit. «Il y a eu des condamnations sévères des attaques du 7 octobre» mais «les réactions des États-Unis, de l’UE et d’autres pays ont été beaucoup plus contenues pour condamner les (...) morts de civils à Gaza», a-t-elle pointé jeudi dans un entretien à l’AFP.
Al Jazeera a par ailleurs rejeté jeudi comme «fausses et trompeuses» les accusations d’Israël, qui avait décrit les deux journalistes travaillant pour la chaîne qatarie tués dans une de ses frappes à Rafah dimanche comme «des agents terroristes» affiliés au Hamas et à son allié du Jihad islamique.
Le conflit se déplace au Yémen
En dépit des efforts diplomatiques, aucune perspective ne se dessine pour mettre fin à la guerre, entrée dans son quatrième mois et qui exacerbe les tensions régionales. À la frontière israélo-libanaise, les échanges de tirs se sont intensifiés après la frappe attribuée à Israël le 2 janvier qui a tué près de Beyrouth, dans un fief du Hezbollah libanais, le numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri.
Deux secouristes d’un organisme relevant du Hezbollah ont été tués jeudi dans une frappe israélienne, a affirmé ce mouvement pro-iranien, disant avoir mené des bombardements en riposte dans le nord d’Israël. À Beyrouth, un émissaire américain a appelé à une «solution diplomatique» entre les deux pays pour ramener le calme à leur frontière.
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En mer Rouge, les rebelles yéménites, soutenus par l’Iran, multiplient les attaques contre des navires marchands, perturbant le trafic mondial, par «solidarité» avec les Gazaouis. En réponse, les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené dans la nuit des frappes contre les rebelles Houthis.
Ces frappes ont ciblé des sites militaires dans plusieurs villes contrôlées par les Houthis, a indiqué la chaîne de télévision de ce groupe rebelle membre de «l’axe de la résistance», regroupement de mouvements armés hostiles à Israël et établis par l’Iran qui comprend également le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais.
La capitale Sanaa et la ville portuaire de Hodeida, où les correspondants de l’AFP ont dit avoir entendu plusieurs explosions, ainsi que Taëz et Saada ont été visées.
L’opération américano-britannique a été menée «avec succès» en réponse «directe aux attaques sans précédent des Houthis sur des navires internationaux en mer Rouge», a affirmé le président américain Joe Biden, évoquant une action «défensive» soutenue pour protéger notamment le commerce international.
Dans le golfe d’Oman, l’Iran a par ailleurs saisi jeudi un pétrolier, dont la cargaison de pétrole iranien avait été saisie en 2023 par les États-Unis. Washington a exhorté l’Iran à libérer «immédiatement» le navire.
En Cisjordanie occupée, où le niveau de violence est inédit depuis près de 20 ans, un Palestinien a été tué jeudi à Jénine, selon son cousin, Faraj Malashi, alors qu’il se livrait à des soldats israéliens venus l’arrêter, a rapporté l’AFPTV.