Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est attendu ce mercredi en Chine pour sa deuxième visite en moins d’un an. Il aura vendredi des entretiens avec les dirigeants chinois à Pékin, lors desquels il devrait plaider pour la retenue alors que Taïwan s’apprête à investir un nouveau président.
Il devrait aussi faire part des préoccupations américaines sur les pratiques commerciales de la Chine, que Washington juge anticoncurrentielles, une question essentielle pour le président Joe Biden en cette année électorale. Antony Blinken est aussi en Chine pour apaiser les tensions entre les deux plus grandes économies du monde, mais qui se sont nettement atténuées depuis la visite de M. Blinken en juin.
Les relations sino-américaines se trouvent à un «stade différent de celui où nous étions il y a un an, lorsque les relations bilatérales étaient à un niveau historiquement bas», a relevé un haut responsable américain avant la visite d’Antony Blinken.
«Nous pensons également, et nous l’avons clairement démontré, qu’une gestion responsable de la concurrence ne signifie pas que nous devons renoncer à prendre des mesures pour protéger les intérêts nationaux des États-Unis», a-t-il déclaré.
Pressions contre le soutien à Moscou
La volonté du gouvernement de Joe Biden à collaborer avec la Chine contraste fortement avec les efforts déployés pour isoler la Russie. Si Pékin ne fournit pas directement d’armes à la Russie, Washington a accusé ces dernières semaines la Chine de fournir des matériaux et des technologies à double usage à Moscou qui facilitent son effort de réarmement, le plus important depuis l’époque soviétique.
«Si la Chine veut avoir d’un côté des relations amicales avec l’Europe et d’autres pays, elle ne peut pas alimenter d’un autre côté ce qui est la plus grande menace contre la sécurité européenne depuis la fin de la guerre froide», a déclaré M. Blinken vendredi à l’issue d’une réunion du G7 à Capri, en Italie.
À quelques mois d’une nouvelle élection opposant Joe Biden à Donald Trump, qui s’était fait le champion d’une ligne dure à l’égard de la Chine, Washington n’a pas ménagé ses critiques envers Pékin. Début avril, Joe Biden a accusé les secteurs chinois de l’aluminium et de l’acier de «tricher» dans le jeu de la concurrence grâce à de généreuses subventions, et promis un relèvement des droits de douane.
Avant de s’envoler pour la Chine, M. Blinken a à nouveau accusé Pékin de se livrer à un «génocide» contre la minorité ouïghoure, majoritairement musulmane. Une allégation, rejetée par Pékin, que l’administration Trump avait été la première à formuler.
Yun Sun, chercheuse au Stimson Center établi à Washington, observe que les dirigeants chinois sont dans l’attente avant les élections américaines. «Les Chinois comprennent qu’il est peu probable que l’administration Biden apporte de bonnes nouvelles sur le plan commercial, car cela ne correspond pas au programme électoral», a-t-elle déclaré.
Pour les dirigeants chinois, cette année, «la priorité est de maintenir la stabilité des relations». «Tant qu’il n’y aura pas de clarté sur la prochaine administration, je ne pense pas qu’ils voient de meilleure stratégie», a-t-elle ajouté.