«Nous avons fait 3,5 heures de train pour venir ici» à Copenhague, a confié à l’AFP Mickael Mose, 65 ans. «C’est un moment historique parce qu’elle n’est pas en train de mourir, elle n’est pas morte!», s’enthousiasme-t-il.
Peu après 13h30 (12h30 GMT), la très populaire Margrethe II, 83 ans, se rendra en carrosse du palais d’Amalienborg où elle réside jusqu’au château de Christiansborg pour un conseil d’État, où elle signera son acte d’abdication, une première en 900 ans dans le royaume scandinave, conclusion d’un règne de plus d’un demi-siècle.
Libérée de son rôle de monarque et chef de l’État, elle quittera ensuite le conseil, auquel participent le gouvernement, le nouveau roi, sa femme et leur fils aîné Christian, nouveau prince héritier.
Frederik X sera alors introduit à son peuple par la Première ministre Mette Frederiksen, au balcon de Christiansborg.
«Ce balcon ne sert qu’à ça, la proclamation du roi par le Premier ministre», dit amusé à l’AFP l’historien Lars Hovbakke Sørensen. «La dernière fois, en 1972, il y avait plus de 10.000 personnes sur la place, on en attend plus cette fois» dans le royaume de près de 6 millions d’habitants.
Selon la police, impossible d’estimer exactement combien de badauds se rassembleront dans l’espoir d’apercevoir la famille royale, mais les hôtels ont été pris d’assaut et il est quasi impossible de gagner Copenhague par transport collectif ce weekend.
«Beaucoup, beaucoup de monde participera», estime Peter Dahl, un responsable de la police de Copenhague, précisant que des policiers viendront de tout le pays en renfort. «Selon moi, plus de 100.000 personnes seront là».
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Le protocole de la journée reflète dans les grandes lignes la tradition de succession du Danemark. Aucun dignitaire étranger n’est convié, et le souverain, qui ne porte pas de couronne, ne monte littéralement pas sur un trône.
Anniversaire
Il y a 52 ans, le 14 janvier 1972, Margrethe II était devenue reine au moment même de la mort de son père, Frederik IX, et elle abdique le jour exact de l’anniversaire de son accession.
«Cette journée est donc très symbolique», souligne la correspondante royale de la télévision publique DR, Cecilie Nielsen, selon laquelle la reine Margrethe a parfaitement contrôlé sa sortie.
Si l’annonce de son retrait lors de ses traditionnels voeux télévisés le 31 décembre a surpris - sa propre famille n’a été mise au courant que trois jours auparavant - elle a très vite été acceptée. La reine a subi une lourde opération du dos en 2023.
Plus de 80% soutiennent sa décision et la souveraine gardera son titre et pourra toujours représenter la maison royale lors de cérémonies officielles.
Ne pas s’attacher au trône jusqu’à ce qu’elle «en tombe» comme elle avait pu l’affirmer publiquement par le passé va permettre à son fils aîné, 55 ans, dont les responsabilités ont grandi au fil des dernières années, de s’épanouir dans son rôle de monarque, estiment les experts.
«Elle pense que le prince héritier est tout à fait prêt à prendre la relève. Et elle veut peut-être éviter une situation comme en Grande-Bretagne où le prince Charles est devenu roi Charles à plus de 70 ans», note M. Hovbakke Sørensen.
Frederik, prince héritier depuis ses trois ans, bénéficie de sa propre popularité et va imposer son style à la monarchie danoise, qui remonte aux rois vikings du Xe siècle.
«La reine Margrethe II est une femme de son temps et Frederik aussi vit dans son époque. Il a bien compris qu’il ne pouvait pas la copier et a réussi à créer sa propre image, son propre lien avec les Danois», assure l’historien Bo Lidegaard.
«Nous aurons un autre type de monarque (...) beaucoup plus informel dans sa façon de parler avec les gens lorsqu’il se déplacera à travers le pays», renchérit son confrère Lars Hovbakke Sørensen.
Sur sa page officielle sur X (anciennement Twitter), la monarchie danoise a tenu a présenté le nouveau roi en compagnie de son épouse Mary Donaldson:
Au Danemark, le rôle du monarque, chef de l’État, est principalement représentatif et protocolaire. Il signe cependant les lois et préside formellement à la constitution du gouvernement qu’il rencontre à intervalles réguliers.