"Ces problèmes, nous, les acteurs culturels, on les connaît, et cela fait au moins 20 ans qu'en en parle entre nous et qu'on ressasse. Ce dont nous avons réellement besoin aujourd'hui, ce sont des solutions". C'est en ces termes qu'une actrice culturelle qui a préféré garder l'anonymat a réagi à la sortie de la première réunion des acteurs culturels, hier, jeudi 27 juin, au cinéma Renaissance.
Cet évènement, organisé par la fondation Hiba et des partenaires comme la fondation ONA, l'association Tabadoul, Maroc Festivals... A vu la présence de plusieurs personnalités, les ambassadeurs de plusieurs pays comme l'Australie et le Sénégal ainsi que des acteurs culturels issus de différents horizons, venus de plusieurs villes du Maroc. Cela fut le cas d'Amina Mourid de Think Tanger, d'Idriss El Fatih de l'association "Passagers" d'Oujda, de Othman El Kheloufi, musicien, compositeur, et directeur du festival Gnaoua de Bruxelles, et de bien d'autres.
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Tous étaient là pour écouter les interventions de Hicham Bahou, de l'associaton EAC l'boulevard, venu de Casablanca, Sophia Akhmiss du centre culturel "Les Etoiles de Sidi Moumen", également venue de Casablanca, de Maha Sano de Marocpedia... Ces derniers étaient invités à partager leurs expériences et à discuter autour de deux thématriques, autour de deux panels: "la fondation au service de la culture" et "la culture pour quel public"?
Le premier panel, qui a eu pour intervenants Hicham Bahou, Maha Sano, Toufik Izzediou et Mohammed Mourabiti, s'est avéré bien plus percutant que le seccond, qui a été marqué par l'absence de deux interevants: Touria Bouabid et Mohammed El Hassouni. Le financement de la culture, faut-il rester indépendant quand les sponsors s'ingérent dans le contenu, quel modèle de financement, la cuture du troc, "spectacle contre nourriture", l'importance de l'engagement des ressources humaines... Sont autant de sujets qui ont été évoqués dans le premier panel.
La seconde table ronde est restée centrée sur la thématique de la cible, du public... Sans toutefois réellement répondre à une question majeure: quelle action culturelle, pour quel public?
Younes Boumehdi, président de la Fondation Hiba a inauguré cette première réunion avec une liste préliminaire de propositions: une plateforme pour un agenda culturel national, une autre pour la mise en réseau entre bailleurs de fonds et acteurs culturels, et une troisième plateforme pour lancer des appels à candidatures.
"Même si on a pas encore discuté de la forme que cela va prendre, ce qui est sûr, c'est que nous allons capitaliser sur les contenus déjà existants, les étoffer dans une plateforme dynamique", déclare Younes Boumehdi, interrogé par Le360. Autre proposition: une rencontre nationale, une fois par an, et une rencontre régionale, deux fois par an.
Cette réunion a par ailleurs été marquée par une intervention de grande facture: celle de Driss Khrouz, ancien directeur de la Bibliothéque nationale, actuel directeur du festival des Musiques sacrées de Fès. Lorsque cet intellectuel a prononcé la phrase lourde de sens suivante: "le politique et le religieux bloquent la culture au Maroc", il a eu droit à un tonnerre d'applaudissements. La salle a apprécié entendre de cette influente personnalité ce qu'elle a toujours pensé tout bas, sans pouvoir le dire tout haut.