Outre Jamal Khashoggi, Time a mis à l'honneur la journaliste philippine Maria Ressa, les deux reporters birmans de l'agence Reuters Wa Lone et Kyaw Soe Oo, actuellement en prison, ainsi que la rédaction du journal local américain Capital Gazette, dont cinq membres ont péri lors d'une attaque perpétrée le 28 juin à Annapolis, dans l'Etat du Maryland.
C'est la première fois qu'un ou plusieurs journalistes deviennent personnalité de l'année du magazine, qui décerne ce titre depuis 1927. Autre première: jamais une personne décédée n'avait été retenue comme personnalité la plus marquante de l'année écoulée. Time a choisi de publier quatre Unes différentes de son magazine cette semaine pour mettre en avant les quatre journalistes, ou équipes de journalistes, placés en tête de son classement.
Les journalistes ont devancé Donald Trump, désigné en 2016 et déjà deuxième l'an dernier, que les bookmakers donnaient favori. Quelques minutes après l'annonce du palmarès, le président américain a de nouveau tweeté sur les médias, qu'il a accusés de propager des "fake news" (fausses informations) au sujet de la désignation du futur secrétaire général de la Maison Blanche.
"Alors que nous étudiions les choix possibles, il nous est apparu clairement que la manipulation de la vérité et son détournement ont été une caractéristique commune de beaucoup des sujets majeurs de l'année, de la Russie à Ryad en passant par la Silicon Valley", a expliqué le rédacteur en chef de Time, Edward Felsenthal, lors de l'annonce de la personnalité de l'année sur la chaîne américaine NBC.
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"Nous avons donc choisi de mettre le projecteur sur quatre individus et un groupe qui ont pris de grands risques dans la recherche de la vérité, en commençant par Jamal Khashoggi", a-t-il poursuivi. "Il est très rare que l'influence d'une personne croisse de façon si importante après sa mort", a souligné M. Felsenthal pour justifier le choix d'une personnalité décédée. "Son assassinat a changé la perception globale du prince héritier saoudien (Mohammed ben Salmane) et attiré enfin l'attention sur une guerre dévastatrice au Yémen".
Si Mohammed ben Salmane nie vigoureusement tout lien avec le meurtre, une enquête de la CIA a conclu que c'était bien lui qui avait commandité l'opération.
Autres lauréats de la personnalité de l'année, Wa Lone et Kyaw Soe Oo ont été interpellés en Birmanie en décembre 2017, puis jugés et condamnés, début septembre, chacun à sept ans de prison en première instance en vertu d'une loi sur les secrets d'Etat. Ils travaillaient sur la mort en 2017 de dix Rohingyas lors de la répression militaire birmane contre cette communauté musulmane, qualifiée de génocide par l'ONU. Leur appel doit être examiné par un tribunal de Rangoun à partir du 24 décembre.
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Egalement désignée par le magazine Time, Maria Ressa est la cofondatrice du site d'information Rappler, dont la couverture critique de la guerre antidrogue meurtrière menée par le président philippin Rodrigo Duterte lui a valu les foudres de l'exécutif.
Accusée de fraude fiscale supposée et menacée de prison, elle affirme que ces poursuites judiciaires sont, en réalité, de nature politique. Quant au Capital Gazette, journal d'Annapolis, capitale du Maryland, il a été visé par un homme armé, Jarrod Ramos, qui, le 28 juin, a fait irruption dans la salle de rédaction et fait feu, tuant cinq personnes.
C'est la seconde fois d'affilée que le Time choisit un groupe et non une seule personnalité. En 2017, il avait retenu les personnes qui avaient "brisé le silence" face au harcèlement sexuel, déclenchant une série d'accusations contre des hommes de pouvoir à travers le monde.
Le procureur spécial Robert Mueller, chargé d'enquêter sur les interactions entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie, arrive cette année en troisième position du classement.