Le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, figure de l’extrême droite, s’est rendu sur l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, une visite considérée comme une provocation par les Palestiniens et les pays arabes.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis, lui, de garder Jérusalem «unifiée, indivisible et sous la souveraineté d’Israël».
Israël a conquis et annexé Jérusalem-Est à l’issue de la guerre israélo-arabe de 1967, une annexion non reconnue par la communauté internationale. «Yom Yerushalaïm» («la Journée de Jérusalem» en hébreu) commémore pour les Israéliens ce qu’ils estiment être la «réunification» de la ville.
Chaque année, à l’occasion de cette journée, des milliers de nationalistes israéliens, en majorité religieux, marchent dans les rues de Jérusalem, y compris dans la Vieille Ville, en brandissant des drapeaux israéliens.
Lundi après-midi, des groupes de jeunes israéliens ont été vus en train de s’en prendre à des commerçants palestiniens, des passants, des écoliers, mais aussi à des militants israéliens des droits humains et à la police.
Certains ont craché sur des passants, proféré des insultes et tenté de forcer l’entrée de maisons. D’autres ont crié «Mort aux Arabes», ou «Gaza est à nous». Dans la soirée, de grandes foules se sont rassemblées devant le mur des Lamentations pour y célébrer l’événement.
Provocation
Le mur est le dernier vestige du temple juif détruit en l’an 70 par les Romains. Il est situé en contrebas de ce qui est aujourd’hui l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, bâtie sur les ruines de ce sanctuaire et que les juifs appellent le mont du Temple, lieu le plus sacré du judaïsme.
«Je suis monté sur le Mont du Temple pour la Journée de Jérusalem et j’ai prié pour la victoire dans la guerre (à Gaza), pour le retour de tous nos otages (...) Joyeux Jour de Jérusalem!», avait écrit à la mi-journée le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, dans un message sur Telegram, accompagné de photos le montrant sur le site.
La Jordanie, qui administre l’esplanade mais dont les points d’entrée sont contrôlés par Israël depuis l’occupation de Jérusalem-Est en 1967, a condamné «les pratiques de ce ministre extrémiste».
La France a dénoncé une «nouvelle provocation inacceptable». Les célébrations se déroulent sur fond de guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
En 2021, le mouvement islamiste palestinien avait lancé un barrage de roquettes en direction de Jérusalem alors que la marche commençait à se diriger vers la Vieille ville, ce qui a été suivi d’une guerre de 12 jours entre Israël et le Hamas.
L’armée israélienne a fait état lundi de trois «projectiles» tirés depuis Gaza, affirmant avoir intercepté l’un d’entre eux et que les deux autres sont «tombés» à l’intérieur du territoire palestinien.
L’événement marque «le jour où nous avons conquis Jérusalem, le mont du Temple, le Mur occidental» (mur des Lamentations), explique Yosef Azoulai, 21 ans, étudiant d’une yeshiva, centre d’études des textes rabbiniques.
«Nous avons vaincu nos ennemis ce jour là. Nous sommes tous venus, tous les étudiants de yeshivas, unis, pour célébrer», a-t-il ajouté.
Fleurs de paix
Dès lundi matin, des groupes de jeunes se sont réunis près de la porte de Jaffa, arborant des T-shirts blancs comme c’est souvent le cas pour cette marche.
Comme les années précédentes, une «marche des fleurs» était aussi organisée par des militants israéliens désireux de contrer la marche nationaliste.
«Nous donnerons des fleurs de paix aux résidents de Jérusalem, tout particulièrement aux musulmans, aux chrétiens», a précisé l’organisateur, Gadi Gvaryahu, qui préside Tag Meir, organisation fédérant des ONG œuvrant pour une coexistence pacifique.

Dans la vieille ville, des Palestiniens surpris ont accepté les fleurs tendues. Mais un vieil homme a décliné: «Vous voyez ce qui se passe à Gaza? Je suis désolé mais je ne peux pas accepter».
Plus loin, des adolescents venus participer à la marche principale ont déchiré les fleurs. La police a dit dimanche déployer «des milliers» d’agents dans toute la ville pour éviter des incidents.
Un drapeau israélien géant a été déployé dimanche soir sur l’esplanade du mur des Lamentations alors que des milliers de visiteurs se pressaient dans les rues de la Vieille ville.








