Sur fond d’unité syndicale et de climat d’exaspération dans le pays, jusqu’à 900.000 manifestants sont attendus selon les autorités, une affluence qui dépasserait largement la mobilisation moins structurée du 10 septembre (près de 200.000 personnes d’après le décompte officiel) et égalerait celle des grandes journées d’action contre la réforme des retraites en 2023.
De Montpellier (10 h 30) à Lille (14 h 30), en passant par Saint-Malo (11 h 00) ou Rennes (13 h 00), quelque 250 cortèges sont prévus à travers la France, avec un tiers d’enseignants grévistes dans les écoles et de fortes perturbations dans les transports parisiens et sur les trains Intercités.
Les neuf leaders syndicaux défileront ensemble à Paris, où le cortège s’élancera à 14 h 00 de la place de la Bastille (dans l’est de la capitale) en direction de la place de la Nation.
Plusieurs responsables de gauche devraient également participer, à l’instar de l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, attendu à Marseille dès 10 h 30.
La mobilisation pourrait dépasser le cadre syndical: les autorités anticipent des actions coups de poing (blocages, sabotages) de militants de l’ultragauche dès le petit matin.
Un dispositif de sécurité équivalent à celui du 10 septembre sera déployé, avec environ 80.000 policiers et gendarmes, appuyés par des drones, 24 engins blindés Centaure et dix canons à eau. Le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a mis en garde contre une «convergence des violents» et de sérieux risques de casse.
Le préfet de police de Paris, «très inquiet» de la présence de casseurs dans le cortège, a demandé aux commerçants situés sur le parcours de fermer leurs boutiques.
Les pharmaciens se joindront également au mouvement pour dénoncer la réduction des remises commerciales sur les médicaments génériques. Environ neuf officines sur dix resteront fermées.
Balais
Les signaux d’apaisement envoyés par le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu — abandon de l’impopulaire suppression de deux jours fériés et fin des «avantages à vie» pour les anciens Premiers ministres — n’ont pas entamé la détermination syndicale.
Rejet d’une nouvelle réforme de l’assurance chômage, refus du gel des prestations sociales, exigence de moyens pour les services publics et de justice fiscale… Les revendications sont nombreuses, et la colère liée à la très contestée réforme des retraites, adoptée sans vote en 2023, demeure vive.
«Nous récoltons aujourd’hui le résultat de la mobilisation enclenchée il y a deux ans» contre cette réforme, a estimé mercredi, dans Libération, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, qui réclame toujours son «abrogation».
Lire aussi : Crise politique en France: le nouveau Premier ministre promet des «ruptures» pour un changement radical
Son homologue de la CFDT, Marylise Léon, a appelé dans Le Parisien à sa «suspension». Ce serait, selon elle, une «preuve que le gouvernement a entendu les revendications».
Comme aux grandes heures de 2023, CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires font front commun contre les mesures d’économie annoncées en juillet par François Bayrou et toujours sur la table.
Pourtant, des divergences pointent déjà depuis la réception des syndicats à Matignon ces derniers jours. Sophie Binet a dénoncé une rupture purement formelle avec les choix de François Bayrou, tandis que François Hommeril (CFE-CGC) a évoqué «des perspectives» et Cyril Chabanier (CFTC) a perçu «un Premier ministre prêt à bouger les lignes».
Marylise Léon a reconnu certains signaux d’ouverture, mais a insisté pour que le monde du travail ne soit pas «le seul à payer» la facture.
Le plan de François Bayrou prévoyait un effort massif d’économies de 44 milliards d’euros pour le budget 2026.
Son successeur entend s’en servir comme point de départ, avant que le Parlement ne l’amende. Mais les socialistes ont déjà prévenu qu’ils censureraient Sébastien Lecornu s’il reprenait ce projet tel quel.
En attendant, de nouveaux mots d’ordre circulent sur les réseaux sociaux pour prolonger la mobilisation au-delà du cadre syndical, dès dimanche, sur les places des villes, avec des balais brandis en symbole de colère.











