La guerre devrait être au programme de la rencontre jeudi matin au Caire de M. Blinken et du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, dont le pays avait joué un rôle clé en faveur d’une trêve d’une semaine fin novembre.
En parallèle de la diplomatie et des combats, Israël fait face jeudi devant la Cour internationale de justice à des accusations «d’actes génocidaires» pour son offensive à Gaza, formulées par l’Afrique du Sud mais déjà qualifiées «d’absurdes» par le président israélien Isaac Herzog.
Tôt jeudi, l’aviation israélienne a multiplié les frappes dans le secteur de Khan Younès, principale ville du sud de Gaza et épicentre des combats ces dernières semaines, selon des témoins. Le Hamas a lui fait état de 62 morts dans la nuit à travers Gaza.
En début de soirée mercredi, le Croissant-Rouge palestinien avait annoncé la mort de six personnes, dont quatre de ses secouristes, dans une frappe sur une ambulance dans le centre de la bande de Gaza, qu’il a attribuée à l’armée israélienne.
«Les combats se déroulent sous le sol, sur terre, dans un territoire très, très complexe, face à un ennemi qui a préparé sa défense sur une très longue période et de manière très organisée», a déclaré le chef d’état-major de l’armée israélienne Herzi Halevi qui s’est rendu mercredi dans le centre de la bande de Gaza.
«Quasi insurmontables»
Les organisations internationales alertent sur le désastre sanitaire à Gaza, où 85% de la population a été déplacée et où l’aide humanitaire arrive au compte-gouttes. La distribution de l’aide est confrontée à des obstacles «quasiment insurmontables», a d’ailleurs soutenu le patron de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus.
A Rafah, ville à la pointe sud de Gaza où se sont réfugiés des centaines de milliers de personnes fuyant les combats, Zaki Shaheen, un médecin à la retraite, a lui transformé sa boutique en salle de premiers secours afin de soigner les blessés palestiniens.
«La nuit, nous restons parfois jusqu’à 23h ou après minuit, lorsque tout est fermé, qu’il est impossible de monter dans une voiture ou de se rendre à l’hôpital. Nous soignons les blessés et ils peuvent ensuite aller à l’hôpital le lendemain. (...) J’ai eu cette idée pendant cette période (la guerre), en espérant qu’elle se termine bientôt», dit-il à l’AFP.
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La guerre a été déclenchée par une attaque inédite le 7 octobre du Hamas sur le sol israélien qui a fait environ 1.140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP à partir du bilan israélien.
En représailles, Israël a juré d’anéantir le mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza, classé groupe terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.
Ses opérations militaires dans la bande de Gaza ont fait au moins 23.357 morts, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, soit près de 1% de la population de ce territoire, a indiqué mercredi le ministère de la Santé du Hamas.
Attaques en mer Rouge
En dépit des nombreux efforts diplomatiques, rien ne semble pouvoir mettre fin à cette guerre entrée cette semaine dans son quatrième mois.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken, dont le pays est le principal allié d’Israël, tente d’éviter un débordement du conflit dans la région, où le Hamas compte plusieurs alliés, avec des groupes armés soutenus par l’Iran au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen.
À la frontière nord d’Israël, les échanges de tirs avec le Hezbollah libanais sont quotidiens depuis le début de la guerre. Et ils ont gagné en intensité depuis la frappe attribuée à Israël le 2 janvier qui a tué à Beyrouth le numéro deux du Hamas, Saleh al-Arouri.
«Après avoir combattu à Gaza, nous saurons comment le faire au Liban s’il le faut», a prévenu le chef l’armée israélienne Herzi Halevi.
Les forces britanniques et américaines ont abattu mardi soir 18 drones et trois missiles tirés par les Houthis en mer Rouge, d’après l’armée américaine, dans une attaque «complexe» revendiquée par les rebelles yéménites qui cherchent à freiner le trafic maritime dans cette route stratégique en «solidarité» avec les Palestiniens de Gaza.
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Depuis la mi-novembre, les Houthis ont mené 26 attaques en Mer Rouge, selon l’armée américaine, au point où le trafic local de porte-conteneurs a chuté d’environ 70%, a déclaré à l’AFP Ami Daniel, fondateur et dirigeant de Windward, une société de conseil et d’expertise en transport maritime.
Dans ce contexte, le Conseil de sécurité de l’ONU a exigé mercredi l’arrêt «immédiat» des attaques des Houthis dont les actions «auront des conséquences», a prévenu M. Blinken mercredi soir depuis Bahreïn et après son entretien, plus tôt en journée, avec le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas.
L’Autorité palestinienne à Gaza ?
L’AP avait perdu en 2007 le contrôle de la bande de Gaza au profit du Hamas pour n’exercer son pouvoir, limité, qu’en Cisjordanie occupée. Mais Washington souhaite voir une Autorité palestinienne réformée jouer un rôle clé dans le futur de Gaza après la guerre.
Lors de leur réunion, MM. Abbas et Blinken ont «parlé de l’importance de la réforme de l’Autorité palestinienne, de sa politique et de sa gouvernance, afin qu’elle puisse effectivement assumer la responsabilité de Gaza», a dit le chef de la diplomatie américaine en réaffirmant le soutien de Washington à la création d’un État palestinien.
«Je tiens à clarifier quelques points: Israël n’a pas l’intention d’occuper Gaza de manière permanente ou de déplacer sa population civile», a déclaré M. Netanyahu, allant ainsi à l’encontre de ministres d’extrême droite de son gouvernement, mais sans s’engager en faveur d’un État palestinien.
Après environ une semaine au Moyen-Orient, M. Blinken a indiqué que ses interlocuteurs lui ont fait part du besoin «d’éviter» que la guerre Israël-Hamas ne se propage davantage et de «concevoir une meilleure voie à suivre la région et en particulier pour les Israéliens et les Palestiniens».