L’ONU appelle à la “retenue maximale” l’Inde et le Pakistan engagées dans une escalade à coups de visas suspendus, de diplomates expulsés et de frontière fermée, depuis l’attaque contre des touristes mardi au Cachemire où les deux puissances nucléaires ont brièvement échangé des tirs tôt vendredi.
Ces échanges de tirs ont eu lieu le long de la ligne de contrôle (LoC), la frontière de facto entre les deux pays au Cachemire. Ils ont eu lieu “de poste à poste dans la vallée de Leepa durant la nuit”, selon Syed Achfaq Gilani, un haut responsable de l’administration au Cachemire pakistanais, et n’ont “pas visé de population civile”. L’armée indienne a confirmé des tirs brefs à l’arme légère lancés selon elle par le Pakistan et auxquels elle a “répondu efficacement”.
Depuis l’attentat ayant tué 26 civils au Cachemire indien le mardi 22 avril, le gouvernement nationaliste hindou de New Delhi pointe du doigt Islamabad qui, en retour, réclame des preuves et dénonce des accusations “irrationnelles et illogiques”.
“Heures les plus sombres”
De nombreux experts redoutent une riposte militaire de New Delhi et, dit Praveen Donthi, de l’International Crisis Group (ICG), l’attentat au Cachemire, toujours pas revendiqué, “va faire revenir les relations entre les deux pays à leurs heures les plus sombres”.
Dans ce contexte, l’ONU plaide pour “une résolution pacifique”. “Nous exhortons les deux gouvernements (...) à la retenue maximale et à s’assurer que la situation ne se détériore pas”, a déclaré jeudi soir à la presse à New York le porte-parole des Nations unies Stéphane Dujarric.
New Delhi comme Islamabad tentent de contenter des opinions publiques chauffées à blanc par des médias prompts à accuser le voisin de tous les maux, tout en se rejetant la responsabilité de l’escalade.
Jeudi soir, la diplomatie pakistanaise a ainsi expliqué avoir rencontré les chancelleries d’Islamabad pour “les mettre en garde contre les tentatives de l’Inde de faire escalader les tensions” tout en ajoutant que le Pakistan “est prêt à contrer tout aventurisme”.
Dans sa première réaction publique, le Premier ministre indien Narendra Modi n’avait pas mâché ses mots. “Je le dis au monde entier: l’Inde identifiera, poursuivra et punira les terroristes et ceux qui les soutiennent. Nous les poursuivrons jusqu’au bout de la terre”, avait-il promis. Mercredi, le ministre indien de la Défense Rajnath Singh avait menacé de représailles “ceux qui ont organisé ça en cachette”, visant implicitement le Pakistan.
Si l’Inde veut “faire monter les enchères, nous sommes prêts. Pour protéger notre terre, nous ne plierons devant aucune pression internationale”, a répondu jeudi Khawaja Asif, ministre pakistanais de la Défense.
Sanctions réciproques
Mercredi, c’est l’Inde qui a ouvert le bal des sanctions, avec entre autres mesures largement symboliques, la suspension d’un traité sur le partage des eaux de l’Indus, la fermeture du principal poste-frontière terrestre et le rappel de diplomates. À l’issue d’une rare réunion de son Comité de la sécurité nationale, le Pakistan a riposté en appliquant à chaque sanction une mesure de réciprocité.
Si l’attaque qui a déclenché ce nouveau bras de fer n’a pas été revendiquée, la police indienne a diffusé les portraits-robot de trois suspects, dont deux ressortissants pakistanais, les présentant comme membres du groupe Lashkar-e-Taiba (LeT), basé au Pakistan. Ce groupe est soupçonné des attaques jihadistes qui ont fait 166 morts dans la mégapole indienne de Bombay en 2008.
Le Cachemire a été partagé entre l’Inde et le Pakistan à leur indépendance en 1947. Ils continuent depuis à réclamer la souveraineté sur l’ensemble du territoire. Depuis 1989, les combats entre insurrection séparatiste et troupes indiennes ont fait des dizaines de milliers de morts.








