C’est un dispositif répressif inédit qui a été mis en place par le régime algérien dès les premières heures de ce vendredi 21mai dans toutes les grandes villes du pays, et à Alger en particulier, où la manifestation habituelle a été empêchée.
Tout a commencé dès jeudi 20 mai quand une prétendue «déclaration de manifestation» a été déposée, dit-on, auprès des services concernés des 57 wilayas du pays. A Alger, c’est un trio d’avocats, mandaté par on ne sait qui, qui a brandi un récépissé d’autorisation de manifester, délivré par la wilaya. Faux, démentira quelques instants plus tard un communiqué du ministère algérien de l’Intérieur, qui profite de l’occasion qui lui est ainsi donnée pour rappeler qu’il est interdit de manifester sans autorisation. Exit la Constitution de 2020 qui reconnaît le droit de manifester aux Algériens. Pire, le communiqué du ministère de l’Intérieur déterre la loi 28-89 du 31 décembre 1989, une loi datant de l’ère du parti unique et abrogée depuis.
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Jeudi soir également, soit la veille du 118e vendredi, la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) annonce qu’aucun train ne circulera pendant toute la journée du vendredi 21 mai entre la capitale et les autres régions du pays. La SNTF invoque des travaux de réfection sur une caténaire. Au même moment, la société gérant le tramway d’Alger (Setram) informe ses usagers que ses rames ne circuleront pas ce vendredi.
Internet ne sera pas en reste, puisque l’Algérie a également connu dès les premières heures de ce vendredi des coupures au niveau des réseaux sociaux. Objectif: cacher au monde entier la répression musclée à travers laquelle le régime algérien compte empêcher le peuple de continuer ses manifestations pacifiques.
Et cette répression s’est effectivement abattue ce vendredi, d’abord sur la ville de Bouira, où tous les manifestants venus en premier ont été immédiatement embarqués par la police, alors que ceux qui ont réussi à initier des rassemblements ont été violemment dispersés.
Ensuite, ce sera le tour d’Alger où toutes les principales artères de la capitale, ainsi que le quartier populaire de Bab El Oued, ont été bouclés par un imposant dispositif de sécurité. A cause des nombreuses arrestations et de la dispersion violente de tout attroupement, les manifestants n’ont jamais réussi à faire jonction à Alger, où leur marche a été finalement mise en échec. «Pour ce 118e vendredi, “Alger la Blanche“ (le surnom de la capitale) est devenue bleu police», ironise un Algérien qui s’est confié à l’AFP.
Mais à Béjaïa et Tizi Ouzou, les manifestations ont bel et bien eu lieu comme d’habitude. Des milliers de manifestants ont scandé les slogans anti-généraux, anti-Tebboune et anti-élections législatives, entre autres.
Faute de réseau internet, les médias algériens, victimes la semaine dernière d’une rafle sans précédent de leurs journalistes, livraient de très rares informations sur ce qui s’est réellement passé ce vendredi 21 mai à travers toute l’Algérie.
Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a fait état de nombreuses interpellations ce vendredi à Alger et dans d'autres villes du pays. Le régime algérien a choisi de briser le Hirak par la terreur.