Priti Patel, 45 ans, a présenté ses excuses et sa démission à Theresa May, après avoir été convoquée au 10 Downing street mercredi soir, écourtant une tournée en Afrique.
"J'ai agi avec les meilleures intentions, mais mes actions n'ont pas respecté les exigences de transparence et de franchise que j'ai défendues et promues", écrit-elle dans sa lettre de démission.
"Le Royaume-Uni et Israël sont des alliés proches et il est juste que nous travaillions étroitement ensemble. Mais cela doit être fait de manière formelle, à travers les canaux officiels", lui a écrit en retour Theresa May, encore davantage fragilisée par ce nouvel épisode.
Il s'agit en effet du deuxième départ au sein du gouvernement conservateur en une semaine après celui du ministre de la Défense Michael Fallon le 1er novembre. Ce dernier est mis en cause dans un scandale de harcèlement sexuel qui ébranle la classe politique et menace de faire tomber également un proche de Theresa May, le vice-Premier ministre Damian Green, ainsi que le secrétaire d'État au Commerce international Mark Garnier.
Mme Patel avait déjà présenté des excuses lundi pour avoir rencontré toute une série de responsables israéliens, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu, et des représentants d'ONG et d'entreprises durant ses vacances en août sans en informer son gouvernement à l'avance.
Elle avait dit à Mme May avoir évoqué la possibilité de financer l'assistance humanitaire apportée à des blessés syriens dans le Golan, dont Londres ne reconnaît pas l'occupation partielle par Israël, selon Downing Street.
Mais Priti Patel avait gardé certains éléments sous silence. Elle n'aurait pas expliqué que cette aide impliquerait de financer l'armée israélienne, qui a déjà permis d'évacuer plus de 3.100 blessés syriens vers des hôpitaux israéliens. D'après le quotidien israélien Haaretz, elle aurait même visité un hôpital militaire de campagne dans ce territoire.
Elle avait également omis de mentionner une autre rencontre, en septembre, avec le ministre israélien de la Sécurité intérieure Gilad Erdan à Westminster alors qu'elle avait reconnu un entretien le même mois avec le directeur général du ministère des Affaires étrangères Yuval Rotem à New York.
Pour la députée du parti Libéral-Démocrate Jo Swinson, la secrétaire d'État a commis "une erreur de jugement épouvantable". "C'est bien que Patel soit partie mais le cabinet de Theresa May doit maintenant révéler honnêtement ce qu'ils savaient et quand", a-t-elle ajouté dans un communiqué.
"C'est scandaleux et on peut se demander combien d'autres cas, et pas seulement en Grande-Bretagne, n'ont pas été portés à la connaissance du public", avait commenté plus tôt dans la journée la dirigeante palestinienne Hanane Achraoui jointe par l'AFP à Jérusalem.
Le départ de cette fervente partisane du Brexit fragilise une équipe gouvernementale déjà divisée sur la question. Engagée dans des négociations cruciales avec Bruxelles sur la sortie de l'Union européenne, Theresa May peine à tenir ses troupes.
"On n'a pas l'impression d'une orientation, d'un contrôle, de la part de la Première ministre dans ces polémiques, au moment où nous avons vraiment besoin d'un gouvernement qui fonctionne", a regretté Yvette Cooper, figure du parti travailliste, sur la BBC.
Par ailleurs, un poids lourd de l'Exécutif, le chef de la diplomatie Boris Johnson, habitué des gaffes, s'est lui aussi fait remarquer cette semaine pour avoir tenu des propos jugés préjudiciables à une Irano-Britannique emprisonnée en Iran, corrigés ensuite.