"Je peux malheureusement confirmer que 17 personnes sont décédées", a déclaré jeudi Stuart Cundy, commandant à la Metropolitan Police. Un bilan qui reste provisoire.
Stuart Cundy a précisé que six corps avaient été retrouvés en dehors de la tour et avaient pu être identifiés, les 11 autres personnes déclarées décédées se trouvant encore à l'intérieur.
"Il y a un risque que nous ne parvenions pas à identifier toutes les victimes", a-t-il prévenu. "Le processus va être très long", a-t-il encore dit, évoquant "des semaines" voire "des mois".
Des familles entières n'ont toujours pas donné signe de vie, des médias évoquant des dizaines de personnes portées disparues.
M. Cundy n'était cependant pas en mesure d'avancer un chiffre. "Je ne sais pas. J'espère que cela ne sera pas un nombre à trois chiffres".
Une association de soutien à la Syrie a annoncé que l'une de ces victimes était Mohammed Alhajali, un réfugié syrien de 23 ans qui vivait au 14e étage et étudiait l'ingénierie civile à la West London University. Son frère aîné, qui était avec lui, a survécu et est actuellement hospitalisé.
La Première ministre Theresa May a ordonné l'ouverture d'une "enquête publique sur ce désastre" survenu dans la nuit de mardi à mercredi.
Le maire de Londres, Sadiq Khan, a appelé à ce que l'enquête aille vite, avec de premières conclusions "à l'été". "Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre des années", a-t-il fait valoir sur les lieux, au milieu d'une foule très tendue et qui réclamait des comptes.
"Combien d'enfants sont morts? Qu'est-ce que vous allez faire", lui a ainsi lancé, déterminé, un enfant hissé sur les épaules de sa mère.
M. Cundy a précisé qu'une équipe spécialisée allait tenter de "sécuriser le bâtiment", afin de permettre aux secouristes de progresser dans les étages, à la recherche des disparus.
Mais la cheffe des pompiers Dany Cotton montrait peu d'espoir. "Ce serait un miracle de retrouver des survivants", a-t-elle déclaré.
L'origine du sinistre restait inconnue, mais la colère montait parmi les résidents qui pointaient des défaillances à répétition dans la gestion de l'immeuble de 24 étages, qui comptait 120 appartements et hébergeait quelque 600 personnes dans une enclave populaire du quartier cossu de Kensington et Chelsea.
Le nouveau revêtement de la Grenfell Tower, qui aurait comporté une couche de plastique pouvant expliquer la vitesse de propagation du feu selon les médias, faisait en particulier débat.
Salah Chebiouni, 45 ans, qui a réussi à sortir de l'immeuble à temps, a déclaré à l'AFP que cela sentait "le plastique brûlé" et déploré une rénovation à bas coûts.
La société Rydon, qui a procédé à la rénovation, a quant à elle affirmé qu'elle respectait "tous les contrôles obligatoires en matière de normes incendie et de règles de sécurité".
L'incendie a donné lieu à des scènes tragiques. Des rescapés ont raconté avoir vu des habitants sauter dans le vide pour échapper aux flammes. D'autres témoins ont vu des parents jeter leurs enfants par la fenêtre pour tenter de les sauver.
Le sinistre, qui vient frapper un pays déjà endeuillé par plusieurs attentats, a entraîné un vaste élan de solidarité: plus d'un million de livres ont été récoltées jeudi en faveur des victimes, tandis que les dons de vêtements et de nourriture affluaient. Le gouvernement a lui annoncé le déblocage du fonds d'urgence pour les catastrophes.
Alors que les rescapés ont passé leur deuxième nuit dans des structures temporaires mises en place par les associations locales, Theresa May a promis qu'ils seraient "relogés dans Londres aussi rapidement que possible".
Le leader de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn s'est lui aussi rendu sur place et a exigé que "la vérité soit faite" sur les circonstances de l'incendie, soulignant que des "centaines de milliers" de Britanniques pouvaient légitimement s'interroger sur la sécurité de leur logement.
"Cela fait 23 ans que j'habite dans cette tour et je ne me suis jamais senti en sécurité", a confié Soran Karimi, 31 ans, en recevant l'AFP dans un immeuble en face du Grenfell.
"Les alarmes incendie ne fonctionnaient pas", a-t-il affirmé, se disant "très en colère". "Ici vit la classe ouvrière, des gens d'origines différentes, auxquels on ne prête pas attention".
"J'espère que cette tragédie va faire bouger les choses", a abondé Nana Akuffo, 46 ans, qui vit dans une autre tour voisine, estimant lui aussi que jamais une telle chose n'aurait pu se produire "chez les riches".