Gaza: toujours sous les bombes, la population espère un accroissement de l’aide humanitaire

Une femme lave des vêtements dans sa maison détruite à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 18 décembre 2023.. AFP or licensors

Les frappes israéliennes et combats au sol continuent samedi dans la bande de Gaza, où la population palestinienne en souffrance espère un accroissement de l’aide humanitaire après l’adoption d’une résolution en ce sens par le Conseil de sécurité de l’ONU.

Le 23/12/2023 à 06h38

Après cinq jours de négociations laborieuses pour éviter un veto des États-Unis, le Conseil a finalement adopté vendredi un texte réclamant l’acheminement «immédiat» et «à grande échelle» de l’aide humanitaire à Gaza.

La résolution se garde d’appeler à un «cessez-le-feu», condition inacceptable pour Israël et son allié américain. Elle demande de «créer les conditions d’une cessation durable des hostilités».

L’adoption de ce texte, grâce à l’abstention des États-Unis et de la Russie, est vue comme un succès diplomatique au sein d’une institution largement critiquée pour son inaction depuis le début de la guerre.

Mais sa portée réelle sur le terrain est encore incertaine: l’aide humanitaire, qui rentre déjà au compte-gouttes à Gaza, est pour l’instant très loin de répondre aux immenses besoin d’une population largement menacée par la famine, selon l’ONU.

Avant ce vote, Israël, qui contrôle les camions entrant à Gaza, faisait déjà un procès en incompétence aux agences onusiennes chargées de la distribution de l’aide. Une position maintenue par le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, vendredi.

«La décision du Conseil de sécurité souligne la nécessité de veiller à ce que les Nations unies soient plus efficaces dans le transfert de l’aide humanitaire et de s’assurer que l’aide arrive à destination et ne se retrouve pas entre les mains des terroristes du Hamas», a-t-il réagi sur X.

«Bonne direction»

Côté palestinien, l’ambassadeur à l’ONU Riyad Mansour a salué «un pas dans la bonne direction», tout en insistant sur la nécessité d’un «cessez-le-feu immédiat».

Mais le Hamas, classé comme organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël, a jugé la résolution «insuffisante» et estimé qu’elle ne «répond(ait) pas à la situation catastrophique créée par la machine de guerre sioniste (israélienne, ndlr)».

Israël a promis de détruire le Hamas, après l’attaque sans précédent menée le 7 octobre par le mouvement islamiste sur son sol, qui a fait environ 1.140 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur le bilan israélien. Les commandos palestiniens ont aussi enlevé environ 250 personnes, dont 129 sont toujours retenues à Gaza, d’après Israël.

Les opérations militaires israéliennes menées en représailles ont fait 20.057 morts, majoritairement des femmes, adolescents et enfants, et plus de 50.000 blessés, selon le dernier bilan du gouvernement du Hamas.

Outre les bombardements aériens, l’armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord du territoire qui lui a permis d’avancer vers le sud et de prendre plusieurs secteurs. Israël a perdu au total 139 soldats à Gaza.

Samedi, l’armée a encore annoncé avoir tué «des terroristes» et découvert des tunnels utilisés par le Hamas dans la ville de Gaza.

Dans la nuit de vendredi à samedi, une frappe sur la ville de Deir el-Balah (centre) a fait plusieurs blessés, selon la chaîne Al-Jazeera.

«Mon message au monde est qu’ils nous regardent, qu’ils nous voient, qu’ils constatent que nous sommes en train de mourir. Pourquoi n’y prêtent-ils pas attention?», s’est indignée auprès de l’AFP Walaa Al-Medini, une déplacée palestino-égyptienne évacuant le camp de réfugiés de Bureij (centre), après un avertissement préventif de l’armée israélienne.

Risque de famine

Le conflit a réduit en ruines une grande partie de Gaza, petit territoire surpeuplé de 362 km2 dirigé par le Hamas depuis 2007.

Les bombardements israéliens ont poussé 1,9 million de personnes à fuir leurs maisons, soit 85% de la population d’après l’ONU.

Après plus de deux mois de guerre, seuls neuf des 36 hôpitaux de Gaza fonctionnent encore partiellement, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), et les agences internationales alertent désormais avec insistance sur le risque de famine qui menace la population.

Malgré la nouvelle résolution adoptée par le Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a fustigé les «obstacles massifs» à la distribution d’aide créés par la manière dont Israël mène son «offensive».

Il a rappelé que «136» employés des Nations unies «ont été tués en 75 jours», «du jamais vu» selon lui. Seul un cessez-le-feu peut «commencer à répondre aux besoins désespérés de la population de Gaza» et permettre de distribuer l’aide nécessaire, a-t-il ajouté.

«L’exigence la plus pressante pour la population de Gaza est un cessez-le-feu immédiat», a renchéri sur X le patron de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en rappelant que «la faim, la famine et la propagation de maladies» menacent largement l’enclave palestinienne.

Dans les prochaines semaines, «10.000 enfants de moins de cinq ans souffriront de la forme de malnutrition la plus mortelle», a insisté l’Unicef dans un communiqué.

Médiation

Dans ce contexte, les efforts des médiateurs égyptien et qatari se poursuivent pour tenter de parvenir à une nouvelle trêve, après celle d’une semaine fin novembre qui avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël et l’acheminement de davantage d’aide.

Mais les belligérants restent intransigeants: le Hamas exige un arrêt des combats avant toute négociation sur les otages. Israël est ouvert à l’idée d’une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant «l’élimination» du Hamas.

En attendant, les familles d’otages vivent dans l’angoisse. Vendredi, le kibboutz de Nir Oz et l’armée, ont annoncé qu’un otage israélo-américain de 73 ans était mort lors de son enlèvement le 7 octobre. Sa dépouille se trouve toujours dans la bande de Gaza.

Le président américain Joe Biden a dit avoir «le coeur brisé par la nouvelle» et a indiqué «prier» pour que la femme de cet homme, également otage, soit en bonne santé. «Nous ne cesserons pas d’oeuvrer à les ramener à la maison», a-t-il promis dans un communiqué.

Par Le360 (avec AFP)
Le 23/12/2023 à 06h38