L’armée israélienne bombarde la bande de Gaza pour une deuxième journée consécutive depuis l’expiration de la trêve avec le mouvement palestinien Hamas, qui avait permis la libération de prisonniers et l’acheminement d’une aide d’urgence aux Palestiniens.
Le ministère de la Santé du Hamas, mouvement au pouvoir dans ce territoire palestinien assiégé, a fait état de près de 200 morts dans ces frappes israéliennes vendredi. «Nous frappons actuellement des cibles militaires du Hamas à travers l’ensemble de la bande de Gaza», a déclaré tôt samedi Jonathan Conricus, un porte-parole de l’armée israélienne.
Israël et le Hamas se renvoient la responsabilité de la fin de la trêve, qui a permis la libération d’une centaine d’otages en échange de celle de 240 prisonniers palestiniens ainsi que l’accélération de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Le Hamas a dit avoir «proposé un échange de prisonniers et de personnes âgées» parmi les otages, ainsi que la remise à Israël des corps de captifs «morts dans les bombardements israéliens». Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a, lui, accusé le mouvement islamiste d’avoir «violé l’accord» et «tiré des roquettes» vers Israël.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dit «regretter profondément» la reprise des affrontements à Gaza qui ne «fait que montrer combien il est important d’avoir un véritable cessez-le-feu humanitaire».
Hamas et Hezbollah
À la frontière nord d’Israël, les échanges de tirs ont repris entre l’armée israélienne et le mouvement libanais Hezbollah. Ce dernier a déploré la mort de deux de ses membres du fait de bombardements israéliens dans le sud du Liban, qui ont également été tué un civil.
Israël a mené des frappes aériennes ce samedi près de la capitale syrienne Damas, a indiqué le ministère syrien de la Défense sans faire état dans l’immédiat de victimes. Selon Rami Abdel Rahman, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), l’aviation israélienne a frappé des «cibles du Hezbollah» dans le sud de Damas. Et, selon l’agence palestinienne Wafa, les forces israéliennes ont mené des opérations nocturnes dans différents secteurs de la Cisjordanie occupée.
La guerre Israël/Hamas a été déclenchée par une attaque menée par le Hamas en Israël le 7 octobre, qui a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. En représailles, Israël bombarde sans relâche le territoire palestinien et a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans l’enclave, maintenue «sous siège total», dépourvue d’eau, de nourriture, d’électricité, de carburant et de médicaments. Plus de 15.000 personnes, dont plus de 6.150 d’enfants, ont été tuées par les frappes israéliennes depuis le 7 octobre, d’après le gouvernement du Hamas et des ONG.
«Si les violences reprennent à cette ampleur et cette intensité, nous pouvons supposer que des centaines d’enfants de plus seront tués et blessés chaque jour», a déclaré la directrice exécutive de l’Unicef, Catherine Russell.
Arrêt des aides humanitaires
Au lendemain d’une visite en Israël, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a dit que les États-Unis, principaux alliés d’Israël, restaient «focalisés» sur la libération des otages. «Nous continuons de travailler avec Israël, l’Égypte et le Qatar afin de remettre la trêve sur les rails», a déclaré le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin. Le Qatar, émirat qui avait annoncé la trêve, a appelé la communauté internationale à agir car la reprise des bombardements «exacerbe la catastrophe humanitaire» à Gaza.
La trêve avait offert un répit aux habitants de Gaza et permis une accélération de l’aide humanitaire, mais ce flot, pourtant qualifié de très insuffisant par l’ONU, s’est désormais tari. «Aucun camion d’aide n’est entré depuis la reprise des bombardements israéliens mais des préparatifs sont en cours pour l’évacuation de plusieurs blessés», a affirmé à l’AFP Waël Abou Omar, chef de la communication du terminal de Rafah (sud), point de passage entre Gaza et l’Égypte.
Les besoins sont immenses dans le territoire déjà soumis à un blocus israélien, où plus de la moitié des logements du territoire ont été endommagés ou détruits et 1,7 million de personnes ont été déplacées par la guerre d’après l’ONU. La situation sanitaire se détériore, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) décrivant 111.000 cas d’infection respiratoire aiguë et 36.000 cas de diarrhée chez des enfants de moins de cinq ans parmi les déplacés à Gaza.
«Il y a des bombardements partout, nous n’avons ni nourriture, ni eau, ni vêtements. Les magasins sont vides, il fait froid, le poste-frontière est fermé» avec l’Égypte, se désespère Marwa Saleh, 47 ans, arrivée à Khan Younès (sud) après avoir été déplacée de la ville de Gaza. Et d’ajouter: «Quand est-ce que le monde va nous voir comme des êtres humains?».