Dans la nuit de dimanche à lundi, un reporter de l’AFP a fait état de puissantes frappes aériennes sur la ville de Khan Younès, nouvel épicentre de la guerre situé dans la pointe sud de la bande de Gaza. Le ministère de la santé de l’administration du Hamas à Gaza a fait état de «dizaines» de morts dans des raids nocturnes.
Le Jihad islamique, second mouvement islamiste armé palestinien, a affirmé qu’un de ses combattants avait fait exploser dans un secteur de Gaza-ville une maison dans laquelle se trouvaient des soldats israéliens qui tentaient d’identifier la bouche d’un tunnel souterrain.
L’armée israélienne a fait état lundi de tirs de roquettes depuis Gaza et dimanche de «combats acharnés» dans des quartiers dans le secteur de Gaza-ville et à Khan Younès, où des combattants palestiniens «émergent des tunnels», «disposent des explosifs» et tirent au «lance-roquettes».
L’attaque menée le 7 octobre par le Hamas en Israël depuis Gaza a fait 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités israéliennes. Une trêve d’une semaine fin novembre avait permis de libérer une centaine des quelque 240 otages entre les mains du Hamas et de groupes affiliés depuis l’attaque du commando.
Le Hamas a prévenu dimanche qu’aucun des otages dans la bande de Gaza n’en sortirait «vivant» sans «un échange et une négociation, et sans répondre aux exigences de la résistance», a déclaré Abou Obeida, le porte-parole des Brigades al-Qassam, la branche armée du mouvement.
«Pas d’endroit sûr»
Dans la bande de Gaza, la population civile est acculée dans un périmètre de plus en plus exigu et le système de santé menace de «s’écrouler» selon l’OMS, tandis que le bilan des victimes ne cesse de s’alourdir. D’après le ministère de la Santé du Hamas, près de 18.000 personnes ont été tuées par les bombardements israéliens, en grande majorité des civils, à 70% des femmes et des enfants.
Sur place, les bombardements réduisent en ruines des quartiers entiers, et la population tente désespérément d’échapper aux bombardements en fuyant vers le sud. D’après l’ONU, 1,9 million de personnes ont été déplacées par la guerre, soit 85% de la population du territoire.
L’armée israélienne a demandé à la population civile de Gaza de se rendre dans des «zones sûres» pour échapper aux combats. «Une déclaration unilatérale d’une puissance occupante selon laquelle des terres sans infrastructures, nourriture, eau, soins de santé (...) sont des “zones sûres” ne signifie pas qu’elles le soient», a déclaré la Coordinatrice des opérations humanitaires de l’ONU pour les Territoires palestiniens, Lynn Hastings, dont le visa pour séjourner à Gaza n’a pas été renouvelé par Israël.
Des milliers de Gazaouis fuient comme ils le peuvent: en voiture ou camion, parfois en charrette ou à pied. «Nous nous déplaçons d’une zone à l’autre, et il n’y a pas d’endroit sûr», déplore Abu Mohamed, interrogé par l’AFP, en route à présent pour Rafah. Cette ville à la frontière de l’Egypte, qui n’est pas épargnée par les frappes israéliennes, s’est transformée en gigantesque camp de déplacés où des centaines de tentes ont été montées à la hâte avec des bouts de bois, des bâches en plastique et des draps.
Selon le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le système de santé est «à genoux» à Gaza, et l’organisation a adopté une résolution réclamant une aide humanitaire immédiate pour le territoire assiégé. Les arrivées de vivres, médicaments et carburant dans la bande de Gaza restent très insuffisantes d’après l’ONU, et ne parviennent d’ailleurs pas à être acheminés au-delà de Rafah, les passages étant toujours bloqués par Israël.
Frappes en Syrie
Après l’échec vendredi du Conseil de sécurité de l’ONU à voter un «cessez-le-feu humanitaire immédiat», Washington bloquant la résolution avec son veto, l’Assemblée générale doit se réunir le mardi 12 décembre pour discuter de la situation à Gaza. Le projet de texte vu par l’AFP dimanche reprend en grande partie la résolution rejetée vendredi. Faisant état de la «situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza», le texte exige «un cessez-le-feu humanitaire immédiat» et la libération «immédiate et inconditionnelle» de tous les otages.
En Cisjordanie occupée, où le Hamas n’est pas représenté, plus de 260 Palestiniens ont été tués par des soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre selon l’Autorité palestinienne. L’aviation israélienne a mené au cours de la nuit des frappes dans différents secteurs de la banlieue de Damas, selon l’agence de presse officielle Sana, contre des «sites du Hezbollah», a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). L’armée israélienne a aussi dit avoir riposté à des tirs depuis le Liban par des raids sur «des cibles» du Hezbollah.