France. «Omar m'a tuer»: l'ex-jardinier fixé ce jeudi 16 décembre sur sa demande de procès en révision

Omar Raddad, condamné en 1994 à 18 ans de prison pour le meurtre de Ghislaine Marchal, ici en 2008, à Paris. Ses avocats ont déposé une demande de révision judiciaire de son procès, sur la base de nouvelles traces d'ADN, retrouvées en 2015.

Omar Raddad, condamné en 1994 à 18 ans de prison pour le meurtre de Ghislaine Marchal, ici en 2008, à Paris. Ses avocats ont déposé une demande de révision judiciaire de son procès, sur la base de nouvelles traces d'ADN, retrouvées en 2015. . MEHDI FEDOUACH / AFP

Omar Raddad s'approche-t-il d'un nouveau procès? La justice se prononce ce jeudi 16 décembre 2021 sur la requête en révision de l'ancien jardinier marocain condamné pour le meurtre en 1991 d'une riche veuve, Ghislaine Marchal, qu'il nie farouchement depuis trente ans.

Le 14/12/2021 à 08h51

La commission d'instruction de la Cour de révision, qui a examiné à huis clos cette demande le 25 novembre, doit rendre sa décision, jeudi 16 décembre à 14h00, lors d'un prononcé là aussi non public.

Désigné par l'inscription «Omar m'a tuer», tracée avec le sang de la victime sur la scène de crime, l'ex-jardinier avait essuyé un premier rejet d'une demande de révision en 2002. Sa nouvelle requête, dans l'une des affaires criminelles les plus célèbres et les plus controversées de France, s'appuie sur les progrès de la science en matière d'ADN et sur une loi votée en juin 2014 qui assouplit les critères permettant d'obtenir la révision d'un procès.

«Nous sommes sereins dans la mesure où nous apportons des éléments probants mettant en doute la culpabilité d'Omar Raddad», assure son avocate Sylvie Noachovitch.

Elle a présenté à la justice les conclusions d'un rapport d'expertise qui analysait à nouveau une découverte de 2015: des prélèvements sur des scellés avaient mis en évidence des traces d'ADN exploitables et elles se sont révélées ne pas correspondre au profil génétique de l'ex-jardinier.

Au total, quatre empreintes génétiques correspondant à quatre hommes, deux empreintes parfaitement exploitables et deux autres partiellement, avaient été trouvées sur deux portes et un chevron de la scène de crime.

C'est sur ces deux portes qu'avaient été écrites les inscriptions «Omar m'a tuer», emblématique de cette affaire, et «Omar m'a t», avec le sang de la victime.

Ghislaine Marchal, riche veuve d'un équipementier automobile, avait 65 ans quand elle a été retrouvée baignant dans son sang dans la cave de sa propriété de Mougins (Alpes-Maritimes) le 23 juin 1991.

Les traces d'ADN inconnues découvertes en 2015 avaient été comparées aux profils de l'entourage de personnes ayant travaillé à son service, ainsi qu'avec une empreinte génétique enregistrée au fichier national, sans succès.

Pour Omar Raddad, l'espoir a ressurgi dernièrement avec un rapport commandé par son avocate: un expert a relevé la présence de 35 traces d'un ADN masculin inconnu sur l'inscription «Omar m'a t» et a conclu en faveur de l'hypothèse d'un dépôt de ces empreintes au moment des faits et non d'une «pollution» ultérieure, notamment par les enquêteurs.

La défense de l'ancien jardinier juge plausible que ces traces génétiques aient été déposées par l'auteur de l'inscription. Celle-ci n'aurait donc pas été écrite par Ghislaine Marchal agonisante mais par un homme, potentiellement le meurtrier, cherchant à désigner un bouc émissaire.

La première requête, déposée par le précédent défenseur de Omar Raddad, Me Jacques Vergès, se basait déjà sur des expertises génétiques qui avaient mis au jour un ADN masculin «en très faible proportion», différent de celui du jardinier.

Mais la Cour de révision avait rejeté la demande d'un nouveau procès, considérant qu'il était «impossible de déterminer à quel moment, antérieur, concomitant ou postérieur au meurtre, ces traces ont été laissées».

Près de vingt ans plus tard, la commission d'instruction va se prononcer à nouveau.

Elle peut soit rejeter la demande, soit ordonner un supplément d'information, soit la transmettre à la Cour de révision, laquelle aura alors le dernier mot sur l'organisation éventuelle d'un nouveau procès, un événement rarissime en France.

«Un simple doute doit permettre de rouvrir le dossier», déclare à l'AFP Me Sylvie Noachovtich, qui sera présente jeudi au palais de justice de Paris avec son client.

Condamné en 1994 à 18 ans de réclusion, sans possibilité de faire appel à l'époque, Omar Raddad a bénéficié d'une grâce partielle du président Jacques Chirac, puis d'une libération conditionnelle en 1998. Cette grâce ne vaut pas annulation de la condamnation et ne l'innocente pas.

Le 14/12/2021 à 08h51