France: gouvernement Bayrou en sursis, à huit jours de sa possible chute le premier ministre cherche à convaincre

Le Premier ministre français François Bayrou, lors de son discours de politique générale au Sénat, à Paris, le 15 janvier 2025. AFP or licensors

Parviendra-t-il à renverser le cours des choses? Ou, à défaut, à convaincre les Français du bien-fondé de sa démarche? François Bayrou donnera dimanche, à 18h00, une interview aux quatre chaînes d’information en continu, alors que les oppositions semblent avoir déjà tourné la page de son gouvernement.

Le 31/08/2025 à 07h31

Le Premier ministre, qui a annoncé en début de semaine sa volonté de solliciter un vote de confiance de l’Assemblée nationale le 8 septembre, répondra pendant un peu plus d’une heure, depuis Matignon, aux questions de Darius Rochebin (LCI), Myriam Encaoua (franceinfo), Marc Fauvelle (BFMTV) et Sonia Mabrouk (CNews).

Un «exercice de pédagogie et de mise en responsabilité des partis à la veille d’une semaine d’entretiens», a expliqué Matignon à l’AFP, alors que M. Bayrou recevra, à partir de lundi, les chefs de parti et de groupe parlementaire qui le souhaitent, en amont d’un vote à haut risque.

L’annonce du Premier ministre a surpris lundi, beaucoup s’interrogeant sur la sincérité du maire de Pau, soupçonné de vouloir prendre les devants d’une censure de son budget à l’automne.

La gauche et le RN ont répété depuis qu’ils voteraient contre la confiance, rendant quasi inéluctable la chute du chef du gouvernement, non sans manifester une certaine perplexité face à la démarche.

«De la part des gens qui nous dirigent, je ne m’attends à rien, mais on est quand même déçu quand on les entend. Comment le Premier ministre pouvait-il se dire que le Rassemblement national (...) pourrait voter la confiance à ce gouvernement?», s’est interrogé samedi sur BFMTV le président du RN, Jordan Bardella.

«Billot»

«À peine rentré, Bayrou met sa tête sur le billot et en même temps nous demande de la pitié», a ironisé de son côté l’ex-Insoumis François Ruffin, lors d’un meeting à Châteaudun (Eure-et-Loir).

Le vote, prévu lundi 8 dans l’après-midi, ouvre une nouvelle période d’incertitude, avec Emmanuel Macron en première ligne, dans un contexte social éruptif.

Le président de la République a redit vendredi, à Toulon, son soutien à son Premier ministre, qui «a raison de mettre en responsabilité les forces politiques et parlementaires» face à la situation budgétaire peu reluisante du pays.

Déjà vendredi, lors d’un déplacement à la foire de Châlons-en-Champagne, M. Bayrou avait pris à témoin l’opinion, estimant que «la dette c’est l’esclavage des plus jeunes» et appelant les «boomers» — les retraités — à ne «pas se désintéresser de la situation faite aux jeunes».

Épargné par le PS à son arrivée à Matignon, il a rappelé ce qui sépare le parti à la rose de son principal allié du Nouveau Front populaire, la France insoumise: le week-end dernier, «que chantaient les participants à l’université de rentrée de LFI? Ils chantaient “Tout le monde déteste le PS”, et les dirigeants socialistes s’en sont émus. Mais ils vont mélanger les voix?», s’est-il interrogé.

Vendredi, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a affirmé que son parti était «volontaire» pour succéder à M. Bayrou, promettant de gouverner en nouant des compromis texte par texte, sans recourir au 49.3.

Une hypothèse qui laisse sceptique un membre du gouvernement en sursis, lequel «n’imagine pas l’alternative de gauche possible dans un contexte où leur propre union a explosé».

Si certains responsables du «socle commun» appellent François Bayrou à des gestes en direction des socialistes, la démarche semble avoir peu de chances de prospérer. «Soyons clairs: nous n’irons pas à Matignon pour négocier avec François Bayrou», a prévenu le chef des députés PS, Boris Vallaud, dans une interview à Sud-Ouest samedi. Les socialistes seront reçus par le Premier ministre jeudi.

Par Le360 (avec AFP)
Le 31/08/2025 à 07h31