"La colonisation fait partie de l'histoire française. C'est un crime, c'est un crime contre l'humanité. C'est une vraie barbarie et cela fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l'égard de celles et de ceux envers qui nous avons commis ces gestes", a déclaré le candidat centriste à la chaîne privée algérienne Echourouk News lors de son voyage en début de semaine.
La colonisation française en Algérie, débutée en 1830, s'est achevée avec l'indépendance du pays en 1962 après une guerre de huit ans qui continue de hanter les deux pays.
Plusieurs responsables politiques à droite et au sein du Front national (FN, extrême droite) ont vivement réagi au lendemain de la mise en ligne de cette interview.
"Honte à Emmanuel Macron qui insulte la France à l'étranger: la colonisation de la France était un crime contre l'humanité", a lancé sur Twitter un député du parti Les Républicains, Gérald Darmanin, proche de l'ancien président Nicolas Sarkozy.
"Opposer les Français, ressortir ces histoires pour diviser, pour remobiliser, je vois bien les soucis électoraux qu'il y a derrière tout ça. Ce n'est pas digne d'un chef d'Etat d'aller agiter des cicatrices qui sont encore très douloureuses", a de son côté lancé un ténor de la droite, Jean-Pierre Raffarin.
Le trésorier du FN Wallerand de Saint-Just a accusé Macron de "tirer dans le dos de la France".
En octobre, Emmanuel Macron avait suscité la controverse en tenant des propos sensiblement différents au magazine Le Point: "Alors oui, en Algérie il y a eu la torture, mais aussi l'émergence d'un Etat, de richesses, de classes moyennes, c'est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie".
Etoile montante de la campagne pour la présidentielle, Emmanuel Macron, 39 ans, est donné qualifié au second tour le 7 mai face à la dirigeante du FN, Marine Le Pen, selon les intentions actuelles de vote.
Ce n'est pas la première fois que le débat sur la colonisation s'invite dans la campagne. Fin août, le candidat de la droite, François Fillon, aujourd'hui englué dans une affaire judiciaire, avait déclenché une polémique en jugeant que "la France n'(était) pas coupable d'avoir voulu faire partager sa culture aux peuples d'Afrique".