L'ex-président est arrivé peu avant 8 heures (07h00 GMT) dans les locaux de l'office anticorruption à Nanterre près de Paris, a-t-on appris de sources proches du dossier. Mardi, son audition débutée dans la matinée avait été interrompue vers minuit.
A l'issue de cette garde à vue, susceptible de durer jusqu'à jeudi matin, il peut être remis en liberté, présenté à un juge en vue d'une éventuelle mise en examen (inculpation) ou convoqué ultérieurement.
Egalement entendu, mais sous le statut de "suspect libre", Brice Hortefeux, un proche de l'ex-président qui occupa plusieurs postes ministériels pendant le quinquennat Sarkozy (2007-2012), a de son côté quitté les locaux de l'office anticorruption mardi soir, assurant sur Twitter avoir apporté des précisions pour "permettre de clore une succession d'erreurs et de mensonges".
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Cette nouvelle étape marque un "retour aux affaires" de Nicolas Sarkozy mais à la rubrique judiciaire, titre le quotidien Libération mercredi. Son confrère Le Parisien parle du "+cadeau+ posthume de Kadhafi".
Cette garde à vue marque aussi un coup d'accélérateur dans ce dossier tentaculaire instruit par des magistrats du pôle financier depuis près de cinq ans.
Depuis la publication, en mai 2012, par le site d'informations Mediapart d'un document libyen -attribué à l'ex-chef des renseignements Moussa Koussa- accréditant un financement d'environ 50 millions d'euros, les investigations des juges ont considérablement avancé.
Plusieurs protagonistes du dossier, dont plusieurs ex-responsables libyens, ont accrédité la thèse de versements illicites. Le sulfureux homme d'affaires Ziad Takieddine a lui-même assuré avoir remis entre fin 2006 et début 2007 trois valises contenant 5 millions d'euros en provenance du régime de Kadhafi à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et à son directeur de cabinet Claude Guéant.
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L'ancien chef de l'État a toujours rejeté ces accusations.
Ouverte notamment pour "détournements de fonds publics" et "corruption active et passive", l'enquête a été élargie en janvier à des soupçons de "financement illégal de campagne électorale", suite à un rapport de l'office anticorruption qui pointe une circulation importante d'argent liquide dans l'entourage de Nicolas Sarkozy durant la campagne 2007.
"Tout le monde venait chercher son enveloppe", a ainsi relaté une ex-salariée, d'après ce rapport dont l'AFP a eu connaissance, doutant qu'une distribution aussi massive ait pu se faire sans que Nicolas Sarkozy ait été au courant.
Les investigations ont aussi mis en lumière un virement de 500.000 euros perçu par Claude Guéant en mars 2008, en provenance d'une société d'un avocat malaisien. L'ex-secrétaire général de l'Élysée a toujours affirmé qu'il s'agissait du fruit de la vente de deux tableaux, sans convaincre les juges qui l'ont mis en examen notamment pour "blanchiment de fraude fiscale en bande organisée".
"Il n'y a pas d'élément dans le dossier qui justifie aujourd'hui une telle mesure spectaculaire de garde à vue. Après cinq ans d'enquête, on n'arrive toujours pas à prouver qu'un seul centime d'argent libyen a été versé à Nicolas Sarkozy", a déclaré à l'AFP l'avocat de Claude Guéant, Philippe Bouchez El Ghozi.
Les juges s'interrogent également sur la vente suspecte en 2009 d'une villa située à Mougins, sur la Côte d'Azur, à un fonds libyen. Ils soupçonnent l'homme d'affaires Alexandre Djouhri d'avoir été le véritable propriétaire de ce bien et de l'avoir cédé pour 10 millions d'euros, soit plus du double du prix du marché, ce qui aurait pu permettre de dissimuler d'éventuels versements occultes.
La garde à vue de l'ancien président a suscité de vives critiques au sein du parti de M. Sarkozy. Le patron des Républicains (LR), Laurent Wauquiez, l'a jugée "humiliant(e) et inutile".