Eurovision 2026: participation d’Israël confirmée, une vague de boycotts éclate en Europe

La chanteuse israélienne Yuval Raphael, une survivante de l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023, représentera Israël lors de l'Eurovision 2026 les 12, 14 et 16 mai 2026 à la Wiener Stadthalle de Vienne, en Autriche. (Photo: AFP)

Israël pourra participer à la prochaine édition de l’Eurovision, prévue à Vienne en mai 2026, une «large majorité» des membres de l’Union européenne de Radio-Télévision (UER) ayant estimé qu’il n’était pas nécessaire de voter sur la question. Cette décision a immédiatement déclenché des annonces de boycott de plusieurs pays.

Le 05/12/2025 à 07h01

Les diffuseurs de l’Espagne, des Pays-Bas, de l’Irlande et de la Slovénie ont aussitôt confirmé qu’ils ne participeront pas à l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et à la polémique entourant le soutien massif du public aux candidats israéliens lors des précédents concours.

D’autres boycotts pourraient suivre, notamment celui du diffuseur islandais RUV, qui rendra sa décision «mercredi».

Les diffuseurs disposent de peu de temps pour se prononcer, la liste définitive des participants devant être annoncée «avant Noël», selon l’UER.

Lors de l’assemblée générale jeudi à Genève, «une large majorité» des diffuseurs ont «convenu de ne pas organiser un vote sur la participation» d’Israël, tout en approuvant des modifications du règlement du télé-crochet destinées à «renforcer la confiance, la transparence et la neutralité de l’événement», précise l’organisation.

Gaza

«La situation à Gaza, malgré le cessez-le-feu et l’approbation du processus de paix, ainsi que l’utilisation du concours à des fins politiques par Israël, rendent de plus en plus difficile le maintien de l’Eurovision comme événement culturel neutre», a réagi Alfonso Morales, secrétaire général de la chaîne publique espagnole RTVE.

À Dublin, le groupe audiovisuel public RTE a dénoncé les «pertes humaines effroyables à Gaza», tandis que le diffuseur néerlandais Avrotros a évoqué une «incompatibilité» entre ses valeurs et la participation d’Israël.

Israël, par la voix du président Isaac Herzog, a salué la décision de l’UER, estimant que son pays «mérit[ait] d’être représenté sur toutes les scènes du monde».

«Israël fait partie de l’Eurovision tout comme l’Allemagne fait partie de l’Europe», a déclaré le ministre allemand de la Culture, Wolfram Weimer, au Bild.

Le diffuseur allemand SWR et sa maison-mère ARD ont soutenu la décision, tout comme Roland Weissmann, directeur général de la télévision publique autrichienne ORF, qui accueillera le concours, même s’il dit regretter l’annonce de boycotts.

Oppositions géopolitiques

Cette année, la chanteuse israélienne Yuval Raphael, survivante de l’attaque du 7 octobre 2023, avait terminé deuxième grâce au vote du public international — il est interdit de voter pour son propre pays.

En 2024 également, les jurys nationaux avaient largement ignoré Israël, mais le vote du public avait propulsé sa représentante, Eden Golan, à la cinquième place.

Israël a été accusé d’ingérences et d’instrumentalisation politique du concours. Sous la pression des appels au boycott, l’UER avait annoncé le 21 novembre une révision des règles et un renforcement des dispositifs destinés à «détecter et prévenir toute activité de vote frauduleuse ou coordonnée».

Les nouvelles mesures, approuvées jeudi, «découragent vivement toute campagne promotionnelle disproportionnée (…), en particulier si celle-ci est lancée ou appuyée par des tiers, notamment un gouvernement ou une agence gouvernementale».

Le concours repose sur un double vote: celui du public et celui d’un jury professionnel dans chaque pays, ayant chacun le même poids. Désormais, le nombre maximal de votes par mode de paiement «passera de 20 à 10».

L’approbation de ces mesures «démontre l’engagement commun de nos membres à protéger la transparence et la confiance dans le Concours Eurovision de la Chanson, le plus grand événement musical live au monde», a déclaré Delphine Ernotte Cunci, présidente de l’UER et de France Télévisions.

Les diffuseurs finlandais, danois, suédois et norvégien ont également soutenu ces réformes.

L’Eurovision est depuis longtemps un terrain d’affrontements géopolitiques. La Russie en a été exclue après l’invasion de l’Ukraine en 2022. Le Bélarus avait été banni l’année précédente, après la réélection contestée du président Alexandre Loukachenko.

Par Le360 (avec AFP)
Le 05/12/2025 à 07h01