États-Unis: Trump accusé d’avoir mis le pays en danger en conservant des documents top secret

L'ancien président américain Donald Trump lors d'un meeting de la campagne électorale de 2024 à Waco, au Texas, le 25 mars 2023.

Donald Trump a mis les États-Unis en péril en conservant des documents confidentiels après son départ de la Maison Blanche, selon un acte d’accusation historique rendu public vendredi. Clamant son innocence, l’ancien président se présente comme victime d’une machination destinée à l’écarter des élections présidentielles de 2024.

Le 10/06/2023 à 07h32

Donald Trump a mis les États-Unis en péril en conservant des documents confidentiels, y compris des secrets militaires et nucléaires, après son départ de la Maison Blanche, selon un acte d’accusation historique rendu public le vendredi 9 juin. Ce dernier comporte 37 chefs d’accusation, dont «rétention illégale d’informations portant sur la sécurité nationale», «entrave à la justice» et «faux témoignage».

Aux États-Unis, «les lois sont les mêmes pour tous», a déclaré le procureur spécial chargé de l’enquête, Jack Smith, en révélant ce document lors d’une brève allocution télévisée. Celles qui «protègent les informations liées à la défense nationale sont essentielles» et «les violer met notre pays en danger», a-t-il asséné, en demandant un «procès rapide» pour le milliardaire républicain.

Donald Trumpavait annoncé jeudi qu’il avait été inculpé par la justice fédérale pour sa gestion des archives de la Maison Blanche, une première pour un ancien président, et qu’il était convoqué mardi devant un tribunal de Miami. «Je suis innocent», avait-il clamé, en se présentant comme victime d’une machination orchestrée par ses adversaires démocrates pour lui barrer la route vers la Maison Blanche, qu’il espère reconquérir en 2024.

Des documents «top secret»… dans les toilettes

Aux États-Unis, une loi oblige les présidents à transmettre tous leurs emails, lettres et autres documents de travail aux Archives nationales. Une autre, sur l’espionnage, interdit de conserver des secrets d’État dans des lieux non autorisés et non sécurisés.

En janvier 2021, quand il avait quitté la Maison Blanche pour s’installer dans sa luxueuse résidence Mar-a-Lago, en Floride, Donald Trump avait pourtant emporté des dizaines de cartons emplis de dossiers. D’après l’acte d’accusation, ils étaient restés empilés sur la scène d’une «salle de bal», avant d’être transportés dans un «débarras» accessible de la piscine, où certains documents marqués de la mention «secret défense» avaient été vus étalés sur le sol. Une photo reproduite dans ce document montre des piles de boîtes derrière des toilettes dans une grande salle de bain.

En janvier 2022, après plusieurs relances, il avait accepté de restituer 15 boîtes contenant près de 200 documents classifiés. La police fédérale avait toutefois estimé qu’il n’avait pas tout rendu et en conservait encore beaucoup dans son club à Palm Beach. En mai, une assignation à produire les documents manquants avait été adressée à Donald Trump.

Ses avocats avaient restitué 38 documents supplémentaires. Toujours convaincus qu’il en manquait, des agents du FBI avaient effectué une perquisition spectaculaire à Mar-a-Lago le 8 août et avaient saisi une trentaine d’autres boîtes, contenant 11.000 documents.

D’après l’acte d’accusation, ces derniers «incluaient des informations sur les capacités de défense des États-Unis et de pays étrangers», «sur les programmes nucléaires» américains et «sur les vulnérabilités potentielles en cas d’attaque contre les États-Unis et leurs alliés». Outre Donald Trump, l’acte d’accusation concerne son ancien assistant personnel, Walt Nauta, accusé d’avoir déplacé, à la demande de son patron, des cartons pour les dissimuler.

Autres procédures en cours

Soucieux de ne pas alimenter les accusations de «persécution politique», le président démocrate, qui briguera aussi un second mandat en 2024, a assuré vendredi ne «pas avoir parlé» du dossier avec son ministre de la Justice, Merrick Garland, et n’avoir «pas de commentaire».

De leur côté, les républicains serrent les rangs autour de Donald Trump, y compris ses rivaux à l’investiture du parti pour la présidentielle, qu’il devance largement. La même solidarité s’était manifestée en avril, quand la justice de l’État de New York l’avait elle aussi inculpé, pour fraudes comptables.

Et ce n’est probablement pas fini : le même procureur Jack Smith, qui a au cours de sa carrière notamment poursuivi des auteurs de crimes de guerre au Kosovo, enquête toujours sur le rôle de Donald Trump dans l’assaut contre le Capitole le 6 janvier 2021.

Par Le360 (avec AFP)
Le 10/06/2023 à 07h32