Cette surenchère intervient un jour de primaires dans l'Arizona, l'Utah, l'Idaho et les îles Samoa. "Nous devons autoriser les forces de l'ordre à patrouiller et à sécuriser les quartiers musulmans avant qu'ils ne se radicalisent", a lancé dans un communiqué le sénateur ultra-conservateur texan Ted Cruz, après les attentats à l'aéroport et dans le métro de Bruxelles qui ont fait une trentaine de morts et 200 blessés.
C'est la première fois qu'il cible les musulmans, et pas seulement les musulmans radicalisés. Il avait promis un "tapis de bombes" aux jihadistes après l'attentat de San Bernardino (Californie) en décembre, perpétré par un couple de musulmans radicalisés.
Ted Cruz s'était aussi montré "compréhensif" quand M. Trump -favori des primaires républicaines- avait alors proposé d'interdire temporairement l'entrée des musulmans aux Etats-Unis de peur qu'un extrémiste ne se cache parmi eux.Toujours convaincu que l'islam radical est "en guerre" contre les Etats-Unis et l'Europe, M. Cruz a répété qu'il fallait "mettre fin immédiatement au mauvais programme du président (américain) de faire venir des dizaines de milliers de musulmans syriens".
Dans la soirée, le directeur de la communication de la police new-yorkaise, J. Peter Donald s'en est pris nommément à M. Cruz dans un tweet au ton très critique: "Hey @tedcruz, est-ce que les presque 1.000 policiers musulmans sont aussi une menace? Il est difficile d'imaginer une déclaration plus incendiaire et plus insensée".
MM. Cruz et Trump ont dénoncé une politique migratoire européenne jugée trop laxiste qui, selon le sénateur texan, a "permis l'afflux massif de terroristes radicaux islamiques en Europe". Une association de défense des droits des musulmans aux Etats-Unis, le Council on American-Islamic Relations (Cair), a jugé "choquant qu'un candidat à la présidence cible des Américains seulement à cause de leur religion".
"C'est anti-constitutionnel, anti-américain, et c'est indigne d'un des principaux candidats à la présidentielle de répandre la peur, l'hystérie et la discrimination à l'encontre des Américains musulmans. Tous les Américains devraient condamner ses propos", s'est indigné le directeur général du CAIR Nihad Awad, dans le Houston Press.
“Trop extremes”En cas d'attaque similaire aux Etats-Unis, Donald Trump a indiqué sur Fox News qu'il "fermerait (les) frontières" américaines et qu'il n'"allait pas permettre (aux migrants) d'entrer" aux Etats-Unis.
Et si les candidats à l'immigration "sont musulmans, ils doivent être contrôlés très, très attentivement", a-t-il précisé. Les musulmans "ne s'intègrent pas dans d'autres pays", a-t-il encore dit sur la chaîne NBC.
En cas d'attentat, "nous trouverions les responsables et ils souffriraient grandement", a prévenu le tonitruant milliardaire, répétant qu'il rétablirait la torture et ferait "davantage que la simulation de noyade", bannie aux Etats-Unis depuis son utilisation par la CIA sur des suspects des attentats du 11-Septembre.
Pour l'analyste Nate Silver, "il faut s'attendre à davantage de déclarations comme celles-là de la part de Trump parce que les attaques de Paris et San Bernardino ont plutôt dopé ses scores dans les sondages nationaux, tout comme son temps d'antenne". Trump avait gagné 7 points de pourcentage après ces événements, selon M. Silver.
La candidate démocrate Hillary Clinton a exprimé son désaccord avec MM. Trump et Cruz, jugeant sur NBC "irréaliste de dire que nous allons fermer complètement nos frontières". "Nous pouvons être forts et intelligents sans promouvoir la torture ou l'intolérance. Nous ne laisserons pas la peur dicter notre politique étrangère", a-t-elle tweeté.
Au lieu de les cibler, "nous avons besoin de tendre la main et d'inclure les Américains musulmans et les communautés là où elles vivent comme première ligne de défense", a-t-elle plaidé sur CNN. Mais elle a aussi pris un ton plus sécuritaire en demandant aux pays européens de "durcir leurs propres lois" contre le terrorisme, et souhaité davantage de coordination avec ces pays en matière de renseignement.