Mais aucun des deux camps ne satisfait cette trentenaire, originaire du Pérou. «Je ne vois pas quel plan ils ont vraiment pour aider les immigrés», a-t-elle confié cette semaine à l’AFP, lors d’une conférence sur les droits civiques à Las Vegas, au Nevada, l’un des États clés du scrutin.
Pour conserver la Maison Blanche en novembre, les démocrates vont devoir convaincre les indécis comme Villamizar.
Aux États-Unis, 36,2 millions de Latino-Américains ont le droit de voter pour ce scrutin, soit 14,7% des électeurs potentiels, selon le Pew Research Center.
Mais parmi eux, 13 millions ne sont pas inscrits sur les listes électorales, selon Clarissa Martinez de Castro, de l’organisation UnidosUS.
Le camp démocrate investit donc massivement dans des campagnes publicitaires et des événements bilingues dans les États du sud-ouest, comme l’Arizona, le Nevada, le Nouveau-Mexique et le Texas.
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Cette semaine, le président Joe Biden a annulé sa participation à un rassemblement de la communauté latino à Las Vegas, après avoir été diagnostiqué positif au Covid-19.
Combattre l’abstention
La candidature du président de 81 ans est fragilisée depuis son débat désastreux face à Donald Trump: de multiples personnalités à gauche l’appellent à s’effacer au profit d’un candidat plus jeune.
Mais, quel que soit le candidat démocrate en novembre, l’équation électorale inclura forcément le vote latino.
«Nos voix en Arizona et au Nevada pèsent beaucoup plus lourd, car elles vont déterminer qui sera le prochain président des États-Unis», résume Francisco Aguilar, responsable des élections au Nevada.
Mais selon l’élu démocrate, «seulement la moitié» des Latino-Américains inscrits sur les listes électorales votent.
Combattre l’abstention est donc la priorité absolue, complète Adrian Pontes, son homologue de l’Arizona.
Mobiliser cet électorat reste toutefois difficile «si nous n’y prêtons pas attention jusqu’à deux ou trois semaines avant le jour de l’élection», critique ce démocrate.
Longtemps considéré comme acquis, le soutien des Latino-Américains à la gauche s’est érodé ces dernières années.
Depuis le débat calamiteux de Joe Biden, Donald Trump fait jeu égal avec lui auprès de cet électorat, avec 36% d’intentions de vote, selon un sondage du Pew Research Center.
L’immigration est un sujet épineux pour le président démocrate, même chez les Latinos: certains l’accusent de laxisme face aux arrivées massives à la frontière, d’autres lui reprochent son manque de réformes en matière d’immigration.
Immigration et économie
L’administration Biden tente de ménager la chèvre et le chou.
D’un côté, elle vient d’adopter des restrictions majeures permettant de fermer la frontière au-delà d’un certain quota d’arrivées. De l’autre, elle a facilité la délivrance de permis de séjour permanent (la fameuse carte verte) aux conjoints et conjointes de citoyens américains.
Pour Raquel Albuez, «la chose la plus importante est d’avoir un gouvernement qui a de la considération et de l’empathie pour les migrants».
Cette Dominicaine de 34 ans a sa carte verte depuis une décennie, mais juge le chemin vers la nationalité trop coûteux et bureaucratique.
«Nous payons des impôts, nous partons de zéro et nous travaillons dur pour avoir des opportunités dans ce pays», rappelle-t-elle. «Nous voulons un gouvernement qui nous aide.»
Donald Trump promet lui de déporter des millions d’immigrés clandestins et de fermer la frontière dès le premier jour de son éventuel retour à la Maison Blanche.
Une position radicale qui résonne chez de nombreux Latino-Américains établis de longue date aux États-Unis, aux penchants conservateurs.
L’ex-président républicain marque aussi des points grâce à son aura d’homme d’affaires, auprès d’un électorat touché de plein fouet par l’inflation post-pandémie.
«Avant, on pouvait espérer acheter une maison ici», soupire Jose Suarez, à Las Vegas. «Aujourd’hui? Même payer les courses est compliqué.»
Ce chauffeur VTC a voté Biden en 2020, mais n’exclut pas de «donner une autre chance à Trump».
Malgré l’indécision ambiante, la communauté restera ancrée à gauche, assure la responsable syndicale Susie Martinez.
«Une bonne partie du programme de Trump ne va pas aider les Latinos. Il va aider (...) les riches et les entreprises», argue-t-elle.
«En fin de compte, les Latinos savent ce qui est important.»