C’est une affaire qui a suscité une vive émotion tant au Texas qu’au Maroc. Les faits remontent au 11 octobre 2021, lorsque Adil Dghoughi, un Marocain âgé de 31 ans, établi aux États-Unis depuis 2012, quitte le domicile de sa petite amie, Sarah Todd, dans la petite ville de Maxwell, au Texas. Il est trois heures du matin.
Adil Dghoughi est alors installé depuis trois ans à Austin, au Texas, où il cherche un emploi d’analyste financier après avoir fréquenté l’Université Johnson & Wales de Rhode Island, où il a obtenu une maîtrise en administration des affaires et en finance.
Cette nuit-là, Adil Dghoughi perd son chemin et se gare devant la propriété de Terry Duane Turner, un sexagénaire qui réside à Martindale, dans le comté de Caldwell, au Texas. Il fait nuit, et l’homme de 65 ans dit avoir remarqué une voiture qu’il juge suspecte, garée devant son domicile.
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L’homme sort de son domicile, se dirige vers le véhicule et tire sur le jeune homme, à travers la fenêtre de sa voiture. Quarante-cinq minutes plus tard, Adil Dghoughi est transféré en urgence dans un hôpital pour blessures par balles. Il ne survivra pas…
Légitime défense ou exécution?
C’est la question qui se pose alors. Mais à cette époque déjà, il semble évident que le jeune homme se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment. Selon les informations fournies par les médecins qui ont tenté de sauver le jeune homme, une balle a pénétré sa main, avant de toucher sa tête et de ressortir par la fenêtre du siège passager, ce qui laisserait supposer qu’Adil Dghoughi avait les mains levées. Les deux impacts de balles dans la vitre du conducteur tendraient également à prouver qu’Adil Dghoughi a été tué à bout portant.
L’affaire fait alors scandale, car l’homme qui a tiré, bien qu’identifié, ne sera pas arrêté. La police le juge en effet «coopératif», sans compter que celui-ci est couvert de son côté par la loi «Stand your ground», qui permet en effet à toute personne d’utiliser «une force raisonnable dans le cas de légitime défense quand elle croit de façon raisonnable qu’elle est soumise à une menace illégale, sans obligation de battre en retraite».
Un verdict au goût amer
La famille et les proches d’Adil Dghoughi, qui n’ont eu de cesse de réclamer justice depuis la nuit du meurtre, ont dû attendre deux ans pour qu’un verdict soit rendu dans cette sombre affaire. Chose faite ce vendredi 3 novembre 2023, alors qu’un jury du comté de Caldwell vient de rejeter l’accusation de meurtre qui pesait sur Terry Duane Turner, aujourd’hui âgé de 67 ans.
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En effet, le meurtrier d’Adil Dghoughi a été reconnu coupable du moindre chef d’accusation, celui d’homicide involontaire. C’est donc la version de Turner qui a convaincu le jury, l’homme ayant déclaré qu’il avait tiré en état de légitime défense et qu’il pensait qu’Adil Dghoughi avait pointé une arme sur lui, sans pour autant qu’aucune arme n’ait été retrouvée à l’intérieur du véhicule.
Le sexagénaire a basé sa ligne de défense sur le fait qu’il craignait que quelqu’un essaie de le voler ou de lui faire du mal lorsqu’il a vu un véhicule étrange dans son allée vers 3h30. Il a alors saisi une arme à feu puis est sorti pour confronter le conducteur.
Une crainte qui a été jugée «raisonnable» par l’avocat de la défense, Gerry Morris, car, a-t-il argué, le conducteur aurait pu avoir une arme à feu. «Sur la base de ce qu’il a vu, connaissant toutes les circonstances, il a été raisonnable dans ses actes», a ainsi déclaré Gerry Morris lors du procès. «Il a appuyé sur la gâchette. Il le regrette. Il le regrettera toute sa vie».
Une fois condamné, Turner risque entre 2 et 20 ans de prison.