États-Unis: au moins quatre morts et dix blessés lors d’une fusillade en Californie

Scène de l'arrivée des forces de l'ordre sur les lieux de la fusillade survenue samedi soir à Stockton, ville de Californie, dans l’ouest des États-Unis, le 30 novembre 2025.

Au moins quatre personnes sont mortes et dix autres ont été blessées dans des tirs survenus samedi soir à Stockton, ville de Californie, dans l’ouest des États-Unis, en plein week-end prolongé de Thanksgiving, a annoncé la police.

Le 30/11/2025 à 06h47

«Nous pouvons confirmer qu’à ce stade environ 14 individus ont été touchés par des tirs d’armes à feu et que quatre victimes sont décédées», a écrit dans un communiqué sur X le bureau du shérif du comté de San Joaquin, dont Stockton est la capitale.

La police a précisé qu’il pouvait s’agir de tirs «ciblés».

Des tirs ont été signalés en début de soirée samedi sur une avenue de Stockton, a indiqué le bureau du shérif en précisant que l’enquête était en cours et les informations extrêmement «limitées».

«Les enquêteurs examinent toutes les possibilités (...) et travaillent à déterminer les circonstances qui ont pu conduire à cette tragédie», a encore écrit la police locale dans son communiqué.

Ces tirs surviennent après une attaque délibérée mercredi à l’autre bout du pays, dans la capitale fédérale Washington, lorsqu’un ressortissant afghan de 29 ans réfugié aux États-Unis depuis 2021 a tué une jeune militaire de la garde nationale et grièvement blessé un second soldat.

Avec plus d’armes à feu en circulation que d’habitants, les États-Unis affichent le taux de mortalité par armes à feu le plus élevé de tous les pays développés.

Les tueries sont un fléau récurrent que les gouvernements successifs n’ont jusqu’à présent pas réussi à endiguer, de nombreux Américains restant très attachés à leurs armes.

En 2024, si l’on exclut les suicides, au moins 16.700 personnes ont été tuées par arme à feu.

Et depuis l’assassinat en septembre de l’influenceur populaire auprès de la jeunesse conservatrice et trumpiste, Charlie Kirk, le pays, ultra polarisé, redoute une augmentation d’actes de violence politique par arme à feu.

Développement du contexte et des enjeux

Le drame de Stockton s’inscrit dans une série noire qui semble frapper les États-Unis à intervalles de plus en plus rapprochés. La ville, déjà confrontée à des problèmes de criminalité depuis plusieurs années, fait partie des zones urbaines californiennes où les autorités tentent de contenir une hausse régulière des violences par arme à feu. Les services du shérif, souvent sollicités pour des fusillades en pleine rue, évoquent un «climat de tensions locales», nourri à la fois par des rivalités entre groupes criminels, la circulation massive d’armes non enregistrées et un sentiment général d’impunité.

Le week-end de Thanksgiving, l’un des plus importants mouvements de population de l’année, est traditionnellement un moment où les forces de l’ordre renforcent leur présence. Mais l’ampleur du territoire, combinée à la prolifération généralisée d’armes semi-automatiques, rend ces efforts très relatifs.

À Stockton, la police a dû intervenir alors même que plusieurs unités étaient déjà mobilisées pour prévenir les accidents routiers et les violences domestiques, également plus fréquentes durant les périodes de fêtes.

Au niveau national, les fusillades de masse s’enchaînent dans un contexte où le débat politique reste paralysé. Le Congrès américain demeure profondément divisé entre partisans d’une régulation stricte — interdiction des fusils d’assaut, vérifications renforcées, licences obligatoires — et défenseurs d’une interprétation maximaliste du deuxième amendement. Dans cet affrontement législatif, les gouverneurs des États adoptent des stratégies radicalement opposées: certains renforcent le port d’armes sans permis, quand d’autres imposent au contraire de longues procédures administratives.

Les autorités fédérales, quant à elles, reconnaissent depuis des années leur incapacité à endiguer le flux d’armes qui circulent librement entre États. Une part importante des armes utilisées lors de fusillades proviennent de trafics internes, alimentés par les disparités réglementaires d’un État à l’autre. Le Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives (ATF) affirme que plusieurs milliers d’armes «fantômes» — armes fabriquées à partir de kits non traçables — sont saisies chaque année dans des zones urbaines comme Stockton, Los Angeles, Chicago ou Houston.

Le climat politique, très tendu à l’approche de la campagne présidentielle de 2026, alimente également les inquiétudes des services de renseignement. L’assassinat de Charlie Kirk, personnalité très en vue dans la mouvance conservatrice, a déclenché une succession d’incidents impliquant des individus radicalisés, parfois solitaires, parfois liés à des groupes prônant l’armement patriotique. Le FBI évoque régulièrement la menace croissante de la violence domestique extrémiste, alimentée par les réseaux sociaux et un discours politique de plus en plus polarisant.

À Stockton, les enquêteurs tentent de déterminer si la fusillade relève d’un règlement de comptes, d’une attaque ciblée ou d’un acte isolé. Les autorités locales ont appelé la population à fournir toute information utile et renforcé les patrouilles nocturnes. Dans l’attente de précisions, cette nouvelle tragédie ne fait qu’alimenter un débat national devenu permanent, où chaque fusillade renforce le sentiment d’un pays incapable de se protéger de lui-même.

Par Le360 (avec AFP)
Le 30/11/2025 à 06h47