Peu après 18H00, heure de l’Inde (12H30 GMT), la fusée Chandrayaan-3 devrait atterrir sur la Lune, près du pôle Sud lunaire peu exploré, ce qui constituerait une première mondiale pour un programme spatial. Cette nouvelle tentative du programme indien intervient quatre ans après un échec cuisant, l’équipe au sol ayant perdu le contact peu avant l’arrivée sur la Lune.
Développé par l’Organisation indienne pour la recherche spatiale (ISRO), Chandrayaan-3 comprend un module d’atterrissage et un robot mobile, appelé Pragyan («sagesse» en sanskrit) pour explorer la surface de la Lune. Cette mission se déroule quelques jours seulement après que Luna-25, la première sonde à être lancée par la Russie vers la Lune depuis 1976, s’y est écrasée.
«Confiants»
Chandrayaan-3, lancée il y a six semaines, a été plus lente à atteindre la Lune que les missions américaines habitées Apollo des années 1960 et 1970, qui y étaient parvenues en quelques jours. La fusée indienne est en effet beaucoup moins puissante que la Saturn V, la fusée du programme lunaire américain Apollo.
Le module d’atterrissage, baptisé Vikram, s’est détaché de son module de propulsion la semaine dernière et transmet des images de la surface de la Lune depuis son entrée en orbite lunaire le 5 août. L’ancien chef de l’espace indien, K. Sivan, estime que les dernières photos transmises par la mission indiquent que la dernière étape du voyage devrait être couronnée de succès.`
«Cela nous encourage (à penser) que la mission va réussir son atterrissage sans problème», a- t-il déclaré lundi à l’AFP. Selon M. Sivan, l’ISRO a apporté des corrections à la suite de l’échec d’il y a quatre ans. «Chandrayaan-3 va s’y prendre avec plus de robustesse», a-t-il ajouté, «nous sommes confiants, nous nous attendons à ce que tout se passe bien».
Un budget relativement modeste
Le programme aérospatial indien est doté d’un budget relativement modeste, bien que considérablement augmenté depuis sa première tentative de placer une sonde en orbite autour de la Lune en 2008. Le coût de 74,6 millions de dollars, bien inférieur à celui des autres pays, témoigne d’une ingénierie spatiale frugale.
Selon les experts, l’Inde parvient à maintenir des coûts bas en reproduisant et en adaptant la technologie spatiale existante, notamment grâce à l’abondance d’ingénieurs hautement qualifiés. La précédente tentative d’alunissage en 2019 avait coûté 140 millions de dollars, soit près du double du coût de la mission actuelle.
Premier pays asiatique à placer un satellite en orbite autour de Mars en 2014, l’Inde devrait lancer une mission habitée de trois jours en orbite terrestre d’ici l’année prochaine. Pour M. Sivan, les efforts de l’Inde pour explorer le pôle sud lunaire apporteraient une contribution «très, très importante» aux connaissances scientifiques. Seuls la Russie, les Etats-Unis et la Chine ont déjà réussi un atterrissage contrôlé à la surface lunaire.