«La France est très préoccupée par la situation en Syrie et par la dégradation brutale de la situation», a déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian à l'AFP en marge d'une réunion du groupe 5+5 des pays de la Méditerranée occidentale à Alger.
«C'est la raison pour laquelle nous avons sollicité une réunion du Conseil de sécurité pour évaluer tous les risques humanitaires qui sont très graves», a-t-il ajouté, en appelant «à la cessation des combats et à ce que l'aide humanitaire puisse être accessible à tous».
Il a mentionné les combats dans la région d'Afrine (nord), cible depuis samedi d'une offensive militaire turque, ainsi que la situation dans la région rebelle de la Ghouta orientale, près de Damas, assiégée par le régime syrien et régulièrement bombardée, ainsi que les nombreux déplacés dans la province d'Idleb (nord-ouest) qui fuient les combats entre prorégime et jihadistes.
Dans un communiqué, le ministère français des Affaires étrangères a appelé la Turquie à «agir avec retenue», tout en se disant "attentif à la sécurité (de ce pays), de son territoire et de ses frontières». Jean-Yves Le Drian s'est entretenu de ces questions avec son homologue turc Mevlut Cavusoglu par téléphone dimanche matin.
Mais le Quai d'Orsay a avant tout «condamné avec la plus grande fermeté les bombardements indiscriminés (..) opérés ces dernières semaines par le régime syrien dans la province d'Idleb» et demandé une nouvelle fois «l'ouverture sans délai des accès humanitaires à la Ghouta orientale, où 400.000 civils assiégés sont dans une situation critique».
«Les combattants de Daech rentrent dans la clandestinité»Plus directe, la ministre française des Armées Florence Parly a appelé la Turquie -par ailleurs pays allié au sein de l'OTAN- à cesser ses opérations contre les Unités de protection du peuple (YPG), qu'Ankara considère comme un prolongement du mouvement séparatiste kurde turc PKK.
«Ce combat-là pourrait détourner les forces combattantes kurdes, qui sont au côté et très engagées au sein de la coalition à laquelle la France appartient, du combat primordial (contre le terrorisme)», a-t-elle souligné sur la chaîne de télévision France 3.
«Il faut que nous revenions à l'essentiel, c'est la lutte contre le terrorisme et tous ces combats, notamment ceux qui ont lieu en ce moment de façon terrible en Syrie dans la poche d'Idleb ou ailleurs, doivent être arrêtés», a-t-elle martelé.
Interrogée sur un risque que les Kurdes syriens ne soient in fine les laissés-pour-compte d'intérêts divergents dans la crise syrienne, Florence Parly a répondu: «c'est évidemment ce que l'on ne souhaite pas, mais pour l'instant, il est trop tôt pour le dire».
Florence Parly s'est refusée par ailleurs à fixer une échéance pour la fin des opérations de la coalition internationale emmenée par les États-Unis contre l'EI, alors que le président français Emmanuel Macron a évoqué récemment le mois de février.
«Cela prendra sans doute encore un peu de temps», a-t-elle prudemment avancé en rappelant que si «Daech sur le terrain est défait», ses combattants «sont en train de rentrer dans la clandestinité».