Au cours de cette visite de quelques heures, la première depuis 2017, le chef d’État turc doit s’entretenir avec la présidente de la République Katerina Sakellaropoulou, avant une rencontre avec le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis. Les deux dirigeants, qui ont tous deux affronté les urnes avec succès cette année, s’exprimeront devant la presse jeudi en milieu de journée.
Avant sa venue, Recep Tayyip Erdogan a voulu tendre la main au chef de gouvernement grec. «Mon ami Kyriakos, nous ne te menaçons pas si tu ne nous menaces pas», a-t-il lancé dans une long entretien accordé à l’un des principaux journaux grecs, Kathimerini, à la veille de sa visite.
M. Erdogan, qui a longtemps adopté une rhétorique belliqueuse vis-à-vis de la Grèce, aspire désormais à ouvrir «un nouveau chapitre» avec ce pays membre de l’Union européenne. «Si les différends sont abordés via le dialogue et que l’on trouve un terrain d’entente, c’est pour le bénéfice de tous», a-t-il insisté.
Relations compliquées
Les relations entre la Grèce et la Turquie, rivaux historiques mais partenaires au sein de l’OTAN, ont traversé de nombreuses turbulences ces dernières années, notamment autour de la délimitation du plateau continental des îles grecques en mer Egée, et des zones d’exploitation maritimes.
Ces différends ont été ravivés par les tentatives de la Turquie d’explorer des gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale. En 2022, M. Erdogan a accusé la Grèce «d’occuper» les îles de la mer Égée et a proféré une menace claire: «Nous pourrions arriver soudainement une nuit».
Mais à la faveur du terrible séisme qui a frappé le sud de la Turquie en février et tué au moins 50.000 personnes, les deux pays ont amorcé un rapprochement tangible. Tout en rappelant «les grands différends territoriaux», Kyriakos Mitsotakis s’est dit fin septembre prêt à «trouver une solution sur la base du droit international».
«Il est important que les désaccords ne débouchent pas sur des crises», a également martelé le porte-parole du gouvernement sur la chaîne publique ERT, Pavlos Marinakis, et que «chaque occasion pour le dialogue, comme celle, très importante, du 7 décembre, nous conduise à avancer». Des accords bilatéraux doivent être signés entre plusieurs ministres des deux pays qui tiendront une réunion du Haut conseil de coopération, un organe bilatéral.
Coopération sur la migration
La dernière visite du président turc, il y a 6 ans, avait été marquée par une brouille diplomatique suivie d’une période de tension sur la longue frontière maritime et terrestre entre 2020 et 2022. La Turquie avait alors été accusée d’avoir poussé des migrants vers la Grèce pour faire pression sur les Vingt-Sept, qui avaient promis de verser une aide financière à Ankara pour la prise en charge de réfugiés syriens sur son sol.
Mais ces derniers mois, les gardes-côtes de deux pays ont fait preuve de «bonne coopération», s’est félicité le ministre grec des Migrations Dimitris Kairidis. Il n’a pas exclu un accord avec Ankara sur «l’installation d’un officier turc sur l’île de Lesbos (...) et d’un officier grec à Izmir» pour mieux promouvoir cette coopération.